Dans le cadre du réaménagement du dispositif général de défense, un détachement militaire de vingt huit soldats volontaires de la 1ère Compagnie des Commandos Paracutistes (1CCP), commandé par le sous-lieutenant Abdel
Jelil Ould Mabrouk nouvellement nommĂ© prĂ©fet de Ain Bintili, a Ă©tĂ© convoyĂ© Ă partir de Jreida vers Ain Bintili. Le dĂ©tachement, composĂ© de deux pelotons, l’un commandĂ© par le sergent Mohamed Ould Sidatt et l’autre commandĂ© par le Caporal DiĂ© Ould Mohamed, avait pour matĂ©riels majeurs, deux camions GBC 8, Une Land-Rover, deux mitrailleuses AA 52, des Mas 36 et des fusils lance-grenades (FLG). Après un pĂ©riple d’une semaine qui le mènera Ă Atar, Fderick et Bir Moghrein, le dĂ©tachement arrive Ă Ain Bintili par une fraĂ®che matinĂ©e d’avril 1974 et s’installe dans le fortin colonial, Ă peine Ă 700 mètres de la frontière avec l’AlgĂ©rie. Deux hommes Ă©taient accompagnĂ©s par leurs femmes, le caporal Baba Ould Khayna et le soldat de 2Cl Hamma Ould Bouzouma. Ain Bintili est un fortin carrĂ© de quarante cinq mètre de cĂ´tĂ©, construit sur un glacis sur trois cent soixante degrĂ©s par les français en 1934 pour prĂ©parer la conquĂŞte des confins algĂ©ro-marocains, conçu pour des dĂ©tachements coloniaux faisant face Ă des indigènes insuffisamment armĂ©s. En fait, Ain Bintili Ă©tait juste un relai pour les forces coloniales sur la route impĂ©riale. Au nord l’Oued Bintili, qui borde le fortin en demi-cercle, constitue l’itinĂ©raire d’approche le plus discret et le plus protĂ©gĂ© aussi bien du cĂ´tĂ© Est que celui de l’Ouest. Le fortin, qui est beaucoup plus une infrastructure pour une administration qu’un dispositif de combat, est un piège mortel pour tout Ă©lĂ©ment de combat qui s’y installe ne disposant pas d’itinĂ©raires de dĂ©gagement amĂ©nagĂ©s, d’appuis feu extĂ©rieurs puissants et performants et d’élĂ©ments de manĹ“uvre dynamiques pouvant mener des contre-attaques sur les flancs et les arrières d’un ennemi potentiel quelque soit sa direction d’approche. Le 07 DĂ©cembre 1975, vers 02H00, le dĂ©tachement est attaquĂ© alors que le commandant de Base Ă©tait en mission Ă Bir Moghrein. La sentinelle Cheikh El Arbi Ould Moustapha, surnommĂ© SENGHOR, dont la faction touchait Ă sa fin et qui s’impatientait de voir venir la relève, voyant brusquement des silhouettes d’hommes s’approcher, lance une sommation au groupe qui rĂ©pond en ouvrant le feu. La sentinelle se poste, approvisionne sa Mas 36 avec les cinq cartouches de sĂ©curitĂ© dont elle disposait et riposte. Aux premiers coups de feu, les hommes du dĂ©tachement rejoignent leurs emplacements et ouvrent le feu Ă leur tour dans la direction d’oĂą venaient les tirs. Ayant Ă©puisĂ© ses munitions et blessĂ© au bras SENGHOR fait le mort. Les assaillants, des Merkez qu’utilisait le dĂ©tachement comme guides, menĂ©s par un certain Ahmed Salem qui Ă©tait le chauffeur du commandant de dĂ©tachement, prennent l’arme du soldat et sa couverture, le laissant pour mort. Après deux heures d’échange de tirs, les assaillants se retirent. Le 1er Escadron de Reconnaissance (1 ER), sous les ordres du Lt Mohamed Vall Ould Lemrabott, secondĂ© par le sous-lieutenant Sidi Aly Ould Jeddeine, envoyĂ© en renfort Ă partir de Bir Moghrein arrive Ă Ain Bintili en fin de matinĂ©e de la journĂ©e de l’attaque, emmenant avec lui un complĂ©ment d’effectif pour le dĂ©tachement. L’après-midi, un un avion Cessna, pilotĂ© par le lieutenant Ndiaye Diack, dĂ©pose le Lieutenant Abderrahim Ould Limam qui commandera la garnison du 7 dĂ©cembre 1975 au 4 Janvier 1976. Le dĂ©tachement de Ain Bintili, renforcĂ© en effectifs, d’une mitrailleuse de 31 m/m, de deux mortiers de 60m/m et d’un mortier de 81m/m, prend la dĂ©nomination de 8ème Escadron de DĂ©couverte de Combat (8 EDC), dĂ©sormais commandĂ© par le sous-lieutenant Sidi Aly Ould Jeddeine. La garnison, composĂ©e maintenant du 1 ER et du 8 EDC prend la dĂ©nomination du Sous-groupement 22 avec un effectif total approchant la centaine. Le 1 ER sera basĂ© à « Dcheira Elhamra », des habitations en banco rouge Ă un kilomètre Ă l’ouest du fortin de Ain Bintili et le 8 EDC prend possession du fortin. Le 09/12/75, vers 17H00, un ennemi venant de l’ouest par l’oued Bintili, harcèle le fort avec des armes antichars. Le 8 EDC riposte et l’accrochage dure jusqu’á la tombĂ©e de la nuit. Pendant le harcèlement, le soldat de 2Cl Aly Ould Beibou tombera en martyr. Le 5 Janvier 1976, le capitaine Soueidatt Ould Weddad arrive Ă Ain Bintili, en qualitĂ© de Commandant du Sous-groupement 22 cumulativement avec sa fonction de prĂ©fet de Ain Bintili, Ă bord d’un avion pilotĂ© par le Lieutenant Ndiaye Diack. L’avion retourne Ă Bir Moghrein, ramenant avec lui le lieutenant Abderrahim Ould Limam. ( A suivre ) Mohamed Lemine Taleb Jeddou Extrait de « la Guerre sans Histoire »
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