Les enjeux sécuritaires et la lutte contre le terrorisme ont été au centre d’un atelier de formation organisé les 2 au 3 octobre 2017 à Dakar par la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) avec l’appui de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) au profit de journalistes du Bénin, du Burkina, de Côte d’Ivoire, du Mali, de Mauritanie, du Niger, du Nigeria et du Sénégal.
Des experts de l’International Crisis Group (ICG), du Groupe Interafricain sur le Blanchiment d’Argent (GIABA), de l’Institute for Security Studies (ISS) et de l’ONUDC, ont animé l’atelier avec des présentations et des échanges sur les racines et causes du terrorisme, le contexte politique et les stratégies actuelles de diffusion, les acteurs et les rivalités, la possibilité de l’extension de l’organisation «Etat islamique» et le financement du terrorisme.
Ce qui a permis une meilleure compréhension des causes évoquées, comme sources du terrorisme, notamment, les problèmes de gouvernance, le jeu des puissances, les racines sociétales, l’indigénisation des groupes terroristes, leurs évolutions, leurs méthodes de recrutement et la typologie de leurs financements.
Les participants ont également suivi des exposés et échangé sur les méthodes de radicalisation et de recrutement en ligne ainsi que sur la couverture médiatique du terrorisme.
La nébuleuse «État Islamique» a été présentée en une sorte de multinationale qui utilise les innovations technologiques, cible la vulnérabilité démographique pour un auditoire âgé de 16 à 30 ans avec une glorification de la violence et une forte utilisation des réseaux sociaux, d’applications jihadistes et de revues stylisées.
Cette organisation dispose également de sites web avec des livres d’auto-assistance et des guides tactiques offrant des sources d’inspiration et utilise Youtube pour l’endoctrinement des jeunes avec des vidéos.
La médiathèque permet à ses administrateurs de suivre les profils des visiteurs, leurs commentaires et de construire avec ceux-ci des groupes fermés pour les encourager à la «Hijrah» (exode vers un pays champ de bataille) la constitution d’une cellule locale ou à devenir «loup solitaire» pour lequel, il est offert un guide pour les attaques isolées.
Pour ce qui est de la couverture médiatique, les journalistes ont discuté de l’idée d’une charte CENOZO sur la couverture du terrorisme avec des règles éditoriales pour de bonnes pratiques à suivre et des manquements à éviter dans le respect de la mission des médias et le refus de leur instrumentalisation par les organisations terroristes.
A l’issue de l’atelier, les journalistes ont constitué deux groupes de travail : le premier, sur le terrorisme et le deuxième sur le crime organisé dans la perspective de réaliser des enquêtes transnationales. Ces groupes de travail sont respectivement cordonnés par nos confrères Momar Dieng du Sénégal et Hervé Taoko, du Burkina Faso.
Reste maintenant à savoir, si cette coopération journalistique envisagée sera à la hauteur de celle engagée par les Etats, et surtout de celle, beaucoup plus forte, qui a toujours existé, entre les terroristes se jouant des nationalités et des frontières.
IOMS
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