Mes observations sur l’interview d’Abou El Hemam   
10/01/2016

J’ai lu la deuxième interview publiée le 10 janvier 2016 sur Al-Akhbar réalisée avec Yahya Abou El Hemam émir pour Aqmi de la zone du Sahara depuis 2012. La première interview, faut-il le rappeler, a été donnée par Abou El Hemam à l’ANI en 2013.


La nouvelle interview interview n’a pas abordé des questions gênantes: sa participation à l'attaque de Lemgheity (juin 2005) , la prise d’otages italiens qu’il a dirigé personnellement en décembre 2009 à coté de Kobenni , les mobiles de son acharnement sur la Mauritanie entre 2009 et 2011 et son retour au calme juste après . II ne s’est pas expliqué sur les raclées qui ont été infligées par les militaires Mauritaniens à son groupe "Al Fourghane" entre 2010 et 2011, sur ses blessures, ainsi que sur le kidnapping d’un infirmier à Tombouctou pour lui prodiguer des soins.
L’interview qui semble avoir été faite sur le mode des questions envoyées (par mail ou whatsapp ?) a apporté des éclairages aux relents propagandistes.
 Après une première lecture rapide, j’en sors avec quelques observations:

 1-Abou El Hemam veut faire comprendre que l’Émirat du Sahara a absorbé l’onde de choc de l’intervention française toujours en cours au Mali laquelle n’aurait selon lui servi à rien . Les jihadistes n’ont pas été anéanti, leur retrait était un repli tactique dit-il . Il n y a pas eu de défaite du terrorisme, pas de sécurité et stabilité au Mali, pas de libération d’otages avec la force (même si un otage hollandais l’a été en 2015 par les Forces spéciales françaises). Enfin, -toujours selon lui- il n y a pas eu non plus de développement économique pour les populations du Nord-Mali .
2- Pour Abou El Hemam, le jihad s’est au contraire étendu du Nord-Mali au Centre et au Sud grâce aux alliances avec Ansar Dine et le Front de libération du Macina.
3- Il a confirmé la réconciliation avec Al-Mourabitoun de Belmokhtar et la reconstitution d’un conseil consultatif pour prendre cette nouvelle donne en considération.
4- Il a ménagé Abou El Welid Sahrawi chef de la branche d’Al-Mourabitoun qui a prêté allégeance en avril 2015 à l’Etat Islamique (EI) affirmant que les contacts restent établis.
5- Il a critiqué l’EI, rejeté son califat autoproclamé, mais n’ a pas été interrogé néanmoins sur l’influence exercée par l’EI dans les nouvelles productions médiatiques d’Aqmi et même dans le nouveau déguisement de ses combattants qui ont délaissé la fameuse djellaba et le turban, pour le treillis et la cagoule.
 6- Abou El Hemam a dit que son organisation ne ciblera pas les pays qui n’ont pas participé aux opérations menées par la Minusma au Mali (une allusion à la Mauritanie) .
7- Il a mené enfin, une propagande en direction des Mauritaniens les appelant à venir au secours des jihadistes qui se trouvent à «un jet de pierre» de leur pays : un appel à candidatures.

Abou El Hemam a en partie raison. Les objectifs de Serval et Barkhane ne semblent pas avoir été complètement atteints. Les jihadistes du Sahel ont donc survécu comme leurs amis Talibans d’Afghanistan. On a vite crié victoire entre 2013 et début 2015 après l’intervention internationale au Mali. Aqmi et ses alliés affaiblis et n’ayant plus de potentiel évitaient le choc frontal en posant des mines, en tirant des roquettes et en envoyant des kamikazes. Or en mars 2015 c’est l’attaque du Terrasse, le 7 août, c’est le Byblos à Sevaré, quelques jours auparavant c’était l’audacieuse attaque contre une garnison de la garde nationale malienne à Gourma Rahouss et ses 10 morts, puis Nampala , Sama, Mopti , Samaroguan , le Radisson Blu .
Et subitement c’est le retour à l’industrie de l’enlèvement comme le dit -si bien- Serge Daniel avec une première prise d’otage occidental depuis Serval au nord du Burkina. Une deuxième récemment à Tombouctou et tiens, une troisième au Burkina couplée à quatre attaques contre le Splendid, Le Yibi, le Taxi Brousse et le Capuccino .
Il y a donc bien une résurgence des groupes jihadistes dans le Sahel. Et gare surtout aux services de sécurité et de défense qui n’ont pas un bon service de renseignement, une excellente réactivité, des appareils de vision nocturne, des boucliers balistiques et du matériel d’effraction. On ne peut pas continuer à compter sur les autres pour nous défendre. Surtout que la bataille se déplace dans les centres villes de nos capitales…
IOMS

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