Aller Ă  Chinguitty   
02/06/2013

Il est de coutume que beaucoup de gens voyagent pendant les vacances de noël, souvent loin de leurs pays. Moi, par contre, j’ai fait cette expérience en suivant un chemin inspiré par les touristes étrangers qui parcourent notre pays, de long en large.



Comme beaucoup parmi eux, j’ai choisi, pour mon premier déplacement touristique, une destination qui en est digne : la ville de Chinguitty. Le présent document est le récit de ce voyage qui n’a pas manqué de surprises, voire d’aventures. Je m’efforce d’y relater les temps forts de cette expérience.


La préparation.
J’ai commencĂ© Ă  me prĂ©parer depuis trois mois. J’avais pris rendez-vous avec un ami « vĂ©hiculĂ© » qui devait me rejoindre Ă  Atar avant le 20 dĂ©cembre 1985, pour que nous fassions ensemble le voyage.  Le jour « j », l’ami en question me fait parvenir un message de Nouakchott pour m’annoncer qu’il renonce. Après un petit moment difficile, de doute, d’hĂ©sitation, d’incertitude, je mets rapidement un terme Ă  l’épreuve de l’indĂ©cision qui me tourmente et me dis: « Tant pis ! Je maintiens mon projet ». Quitte Ă  modifier mon plan: le voyage, je le ferai sur mes propres frais. Seul.
Des amis, Mauritaniens et coopĂ©rants militaires français, m’avaient informĂ© qu’un hĂ´tel a Ă©tĂ© construit Ă  Chinguitty, en 1973. Il Ă©tait destinĂ© Ă  hĂ©berger les Ă©quipes de savants et de chercheurs qui Ă©taient venus des quatre coins du monde pour Ă©tudier les phĂ©nomènes scientifiques liĂ©s Ă  la grande Ă©clipse solaire qu’a connue la rĂ©gion Ă  l’époque. Dix ans plus tard, d’importants travaux de restauration et de rĂ©amĂ©nagement y sont conduits pour les besoins du tournage du film FORT SAGANNE.  Pour l’occasion, il a abritĂ© des stars montantes du CinĂ©ma français, comme GĂ©rard DEPARDIEU ou Sophie MARCEAU. Depuis, avec ses 34 chambres, toutes climatisĂ©es, « cet hĂ´tel de luxe, situĂ© en plein dĂ©sert,  est rĂ©servĂ© aux touristes. Son seul dĂ©faut est qu’il n’y a pas de restaurant jumelĂ© avec », me dit-on. « Une difficultĂ© simple Ă  surmonter en emmenant des provisions», me rassurent le lieutenant TALBOT et l’Adjudant CLAUDE, qui y ont sĂ©journĂ© l’annĂ©e dernière en compagnie de leurs amis mauritaniens, Salek et Al Khair, qu’ils avaient connus Ă  Kanawal. 

 

Le départ.
22 dĂ©cembre. Agissant Ă  la lumière des conseils des deux coopĂ©rants français, je paye ce qu’il me faut comme nourriture pendant 48 heures. Et deux jours plus tard, me voilĂ  sur la route de Chinguitty Ă  bord d’une Land-rover, louant les services d’un transporteur privĂ© qui s’avĂ©rera assez « original » dans sa façon de faire. Pour parcourir les 120 Km qui sĂ©parent la ville d’Atar de celle de Chinguitty, notre brillant conducteur n’a fait que 10 heures de route ! A l’embarquement, j’ai remarquĂ© qu’il Ă©tait vraiment audacieux, comme transporteur !  Car, en terme de volume de charge utile, en plus de nous cinq qui occupons la cabine, il a placĂ© une vingtaine de passagers dans la caisse. EntassĂ©s les uns contre les autres comme des boites de sardine ! Quant au vingt sixième passager, il l’a fait monter sur le capot (bigre !). Je salue admirablement le calme de ce jeune et ses capacitĂ©s de rĂ©sistance aux alĂ©as du climat et Ă  l’inconfort.


Perdre la route.
20 heures. Ne connaissant pas parfaitement le chemin, et lâchant la piste plus d’une fois, il a fini par s’égarer, l’audacieux conducteur. Je reconnais que ce n’était pas totalement par sa faute. Le jeune installĂ© sur le capot l’empĂŞchait souvent de voir les mouvements de terrain sensĂ©s lui servir de repères. En outre, la jeune dame, notre cinquième passagère dans la cabine, avec laquelle il a engagĂ©, dès le dĂ©part, une discussion amicale  ininterrompue, l’empĂŞchait, elle aussi, de se concentrer. Elle semble avoir suffisamment de ressources pour le distraire. Ils sont excellents dans l’art de sĂ©duire, certains conducteurs, lorsqu’ils sont au volant !  Vers 21 heures, certains passagers s’impatientent, commencent Ă  s’inquiĂ©ter et finissent par mettre en doute le sens de l’orientation du chauffeur. Mais, lui, il reste de marbre face Ă  leurs inquiĂ©tudes, se montrant sĂ»r de lui et de plus en plus confiant grâce Ă  la complicitĂ©, Ă  peine voilĂ©e, de notre jeune voisine dans la cabine. ComplicitĂ© que les « contestateurs de la cabine » arriveront Ă  briser au bout d’une demi-heure plus tard. La voix de la jeune dame, celle du passager sur le capot et la mienne s’ajoutent Ă  eux. Un grand dĂ©bat s’engage, mobilisant la totalitĂ© des passagers contre le chauffeur qui, au bout d’une demi-heure, abdique, s’arrĂŞte et descend de la voiture, imitĂ© par la majoritĂ© des passagers.

 

S’improviser en guide.
21 heures 30. Le conducteur, d’un air quelque peu gêné, reconnait qu’il est déboussolé et demande « quelqu’un du bled pour nous guider ». Ce guide devra échanger de place avec le jeune installé sur le capot, faute de quoi il risque de ne pas voir le terrain. Le jeune- et cela se comprend aisément- accepte l’idée sans la moindre hésitation, mais personne d’autre ne veut de cette offre maudite. Pire, personne parmi nous ne peut se situer sur le terrain, géographiquement parlant. Et il n’est pas question de passer la nuit ici. Personne ne veut dormir dans cet endroit inconnu, à la belle étoile. Surtout, pas le chauffeur qui est intraitable sur la question. Et il a une bonne raison : il doit impérativement prendre le chemin du retour demain à six ou sept heures du matin pour prendre d’autres clients. Dans cette situation de crise, ma formation d’officier va me servir, une fois de plus, à quelque chose. Elle m’aide à me porter volontaire pour cette fonction de guide quelque peu risquée. Ma candidature est soutenue par un Garde et un vieux de Ouadane, un ancien Supplétif. Tous deux, comme tous les «cinq choyés » de la cabine, ont payé, chacun, la modeste somme de 1200 UM pour leurs places « confortables ». Ils avaient remarqué la présence d’une carte et d’une boussole que je porte sur moi. Je ne suis pas certain qu’ils savent les utiliser. Mais je comprendrai plus tard que c’est grâce à ma possession de ces outils « magiques » qu’ils m’ont fait confiance. Ils incitent les autres à m’élire et y insistent. D’ailleurs inutilement ! En effet, l’absence d’un rival facilite énormément leur campagne en ma faveur. Je suis désigné quasiment à l’unanimité. Un plébiscite ! Seule la jeune dame, ma voisine dans la cabine - encore elle !-montre peu d’enthousiasme à mon égard. Pour quelle raison ? Je ne le saurais probablement jamais. La question de désignation du guide réglée, nous devons, obscurité oblige, rester deux heures supplémentaires sur place, en attendant la levée de la lune.


Reprendre la route.
00 Heure. La lune s’élève dans le ciel, Ă©claire le paysage… Les lignes caractĂ©ristiques du terrain apparaissent progressivement: je les vois dans la nature… et les lis sur la carte en l’éclairant d’une petite lampe Ă©lectrique en ma possession. Mettant en pratique mes connaissances en topographie, et aidĂ© par l’ancien SupplĂ©tif qui connait passablement la zone, je fais un tour d’horizon, dĂ©finis mon point de station et conclus que Chinguitty est Ă  plus de 100 km derrière, et que la piste que nous suivons depuis la passe d’Amogjar est l’une de ces bretelles, nombreuses dans la rĂ©gion, qui s’éloigneraient infiniment de notre destination, ne menant nulle part. « Il faut rebrousser chemin… et rouler Ă  30 km/h », dis- je avec un peu de fiertĂ©, en m’adressant au conducteur, avant de reprendre la route. MĂŞme Ă  cette faible allure,  je ne tiens pas le coup Ă  cause du froid qui me glace le visage et les membres supĂ©rieurs, alors que la chaleur dĂ©gagĂ©e par le moteur de la Land-rover me surchauffe au niveau de la partie inferieure du corps en contact avec la surface mĂ©tallique du capot: les jambes, les cuisses... « Quel paradoxe climatique ! », songeai- je un petit instant, avant de demander de l’aide. Un passager me prĂŞte une couverture dont je n’arrive pas Ă  m’en servir. On s’arrĂŞte. Le Garde, efficace qu’il est comme toujours, vient Ă  mon secours : il m’enveloppe avec la couverture en l’attachant avec de la ficelle autour de mon corps. Il a pris soin de me laisser les mains libres moyennant quoi je pourrais m’accrocher, tant bien que mal, au capot et Ă©viter ainsi la chute qui me menace Ă  chaque fois que le vĂ©hicule amorce l’un de ces virages acrobatiques auxquels se livre frĂ©quemment l’audacieux conducteur, pour  nous montrer combien il est viril et courageux. Pour confirmer l’identification d’un point gĂ©ographique sur notre itinĂ©raire, il me faut demander un arrĂŞt que j’obtiens, souvent non sans difficultĂ©. Le Garde, qui voyage en tenue militaire, intervient parfois pour le faire exĂ©cuter par notre chauffeur indocile. Nous effectuons plus de cinq arrĂŞts.


L’arrivée à Chinguitty … et la question d’hébergement.
03 heures. La ville célèbre est plus que mythique à cette heure de la nuit. Aucun mouvement, aucun bruit sauf celui du vent… Pas de signes de vie apparents… Je me rends au poste de la Gendarmerie. Le gendarme de faction me confirme les renseignements que j’ai au sujet de l’hôtel, me conseille de passer chez le responsable , qui en a la charge pour obtenir une chambre, et suggère de garder mes effets en attendant mon retour. Le domicile du « responsable » n’est qu’à 200 mètres, et il n’y a pas de sentinelle. Dès que je franchis le seuil de la porte de la clôture, la musique, la causerie et d’autres bruits me proviennent d’une salle faiblement éclairée. « Heureusement ! Heureusement qu’ils ne dorment pas encore », me dis-je avec soulagement, en me répétant. Il s’agit de gens respectables que je découvre dans le salon : le « responsable », un autre haut responsable, 3 ou 4 messieurs appartenant apparemment en majorité à la Fonction Publique. Manifestement, ils organisent une veillée amicale en alternant des choses agréables devenues coutumières pour eux : boire le lait de chamelles, jouer à la belotte, raconter des souvenirs, se taquiner amicalement, parler service…
Après un petit quart d’heure, juste le temps nécessaire pour que le groupe s’intéresse à moi à l’issue d’une partie rapide de belotte, et après les salutations d’usage, j’expose l’objet de ma visite nocturne tardive, tout en m’excusant. Bien qu’apparemment compréhensif, le « responsable » me répond sur un ton catégorique qu’il n’y a pas question de me donner une chambre à l’hôtel ; « car, il n’a toujours pas de statut », dit-il. Il ajoute que je peux, si je n’ai pas d’autre endroit, dormir chez lui, avant de me demander quelle était ma tribu. Je me dérobe à sa question, le remercie pour son offre d’hébergement, « bien qu’elle soit assortie de condition », remarquai-je dans mon fort intérieur, sans le lui dire, et prends congé de lui et son groupe d’amis et de leur ambiance festive.


Mes bagages mis en salle d’arrêt !
Je retourne voir le gendarme Ă  qui j’ai confiĂ© mes effets. Il me propose de passer la nuit dans le domicile du commandant de Brigade qui est Ă  dix pas de marche. N’ayant pas d’autre choix, j’accepte avec plaisir et lui confie de nouveau mes bagages qu’il a gardĂ©s dans la salle d’arrĂŞts, salle qui n’a pas Ă©tĂ© utilisĂ©e depuis plusieurs mois, selon ce qu’on me dira plus tard. L’explication en est simple : ils sont très peu nombreux, les actes dĂ©lictueux Ă  Chinguitty. Le contraste est frappant avec Nouakchott et les cellules de ses commissariats de police qui pullulent de dĂ©linquants. Le Gendarme me conduit dans le salon, propose de m’apporter Ă  manger et du thĂ©, mais je dĂ©cline tout, pensant au dĂ©rangement que ça pourrait occasionner pour lui Ă  cette heure trop tardive de la nuit.  Attitude que je regretterai quelque peu, plus tard dans la nuit ! Il me quitte en me souhaitant bon sommeil. Seulement, la faim, le froid et les soucis qui me cassent le crâne empĂŞchent son souhait de s’exhausser.


La cité mythique ensevelie.
 07 heures. TĂ´t dans la matinĂ©e, j’entame mon pĂ©riple Ă  travers la  Septième Ville de l’Islam et ses ruines. Je commence par la visite de sa mosquĂ©e dont le cĂ©lèbre minaret reprĂ©sente dans nos manuels scolaires et dans le subconscient collectif de nos Ă©lites ce que vaut la Tour Eiffel dans les brochures de publicitĂ© parisienne et pour les Français. Par la mĂŞme occasion, je fixe un rendez-vous avec l’imam pour 14 heures. Puis, je continue ma promenade dans les palmeraies mourantes, au nord et Ă  l’est de la ville. Je m’arrĂŞte un petit moment pour observer quelques paysans et Ă©changer avec eux, alors qu’un vent de sable souffle, devenant de plus en plus violent au fil des heures. Ils essaient vainement d’y rĂ©sister en construisant ou en plantant des haies ou des ceintures de protection contre l’ensablement qui envahit leurs oasis. Devant ce spectacle dĂ©solant, de dĂ©sertification rampante, la voix inaudible de cette tempĂŞte alarmante, qui rĂ©sonne toujours en moi, m’interpelle douloureusement. Elle me plonge dans une mĂ©ditation philosophique personnelle insupportable, avec des idĂ©es noires qui m’assaillent de toute part. J’en tire une conclusion factuelle assez pessimiste : l’inefficacitĂ© des « projets de fixation des dunes », l’absurditĂ© de ce combat menĂ© par des hommes dĂ©munis contre une nature austère, parfois fĂ©roce, et toujours indomptable... Mon attention y est concentrĂ©e totalement, tellement le constat est amer : en l’état actuel des choses, ils me semblent trop optimistes ceux qui pensent que la palmeraie de Chinguitty rĂ©sistera encore plus de 10 ans, Ă  cette avancĂ©e inĂ©luctable du dĂ©sert. Non ! Si rien n’est fait, elle sera ensevelie. Telle est mon impression.  Elle est largement partagĂ©e par les paysans que j’ai rencontrĂ©s. Pour eux, comme pour moi, Chinguitty, ville agricole, est appelĂ©e Ă  disparaĂ®tre. MalgrĂ© cet avenir sombre de leur citĂ© mythique, ces habitants sont dĂ©terminĂ©s Ă  y rester quelles que soient les tempĂŞtes. Est-ce par fatalisme ? Par attachement au terroir ? Ou pour d’autres motifs ? Dans tous les cas de figure, je leur donne raison : Chinguitty, c’est leur orgueil. Mais au delĂ  de sa dimension rĂ©gionale et locale, la citĂ© mythique est la fiertĂ© de tout un pays, un symbole historique- mais vivant- d’une nation, de son rayonnement culturel et civilisationnel. Un capital Ă©norme Ă  prĂ©server, quel que soit le prix Ă  payer.


 Des sensations de dĂ©paysement.
12 heures. Retour chez mes hĂ´tes. On me sert la boisson (du zrig), le thĂ© et le repas. Un gendarme m’apporte mes bagages sans que je le lui demande ; « Au cas oĂą vous auriez besoin d’y prendre quelque objet », me dit-il poliment. Il ignore que je n’ai pas envie de les dĂ©faire de crainte que l’on dĂ©couvre mes provisions. Je les trouve en ce moment mal adaptĂ©es au contexte. Ces rations individuelles composĂ©es de boites de conserve, de cafĂ©, de lait manufacturé… de sachets de champignon, d’asperge… sont certainement bonnes Ă  dĂ©tenir sur la CĂ´te d’Azur ou sur un autre continent. Par contre, ici Ă  Chinguitty,  je rĂ©alise qu’elles sont totalement malvenues. Vouloir m’en servir serait interprĂ©tĂ© comme de l’ingratitude ou comme un manque de respect Ă  l’égard de mes gĂ©nĂ©reux hĂ´tes. Rien qu’à y penser me tourmente,  me donne un sentiment d’auto culpabilitĂ©, « d’aliĂ©nĂ© », une sensation de dĂ©paysement que je m’efforce de surmonter, de cacher.

 

Faire le muezzin… et visiter la bibliothèque…
14 heures. Je me rends Ă  la mosquĂ©e, escalade doucement les marches de ses escaliers vieux de quelques siècles, et m’improvise en muezzin, le temps d’une prĂŞche pour la prière de Dhoher. La prière terminĂ©e, l’imam me conduit dans la cĂ©lèbre bibliothèque d’Ehel Habott. Cette honorable famille a pu rassembler, au cours de plusieurs siècles, plus d’un millier de livres achetĂ©s au prix fort, transportĂ©s ou livrĂ©s Ă  dos de chameaux. D’après mon interlocuteur, Mohamed Lemine Ould Ghoulam, l’imam,  il y avait plus de 1500 livres, Ă  l’arrivĂ©e des colons. Il n’en reste plus aujourd’hui que 900 dont une trentaine Ă©crite Ă  la machine, tout le reste Ă  la main, par des copistes. Certains de ces manuscrits ont disparu des bibliothèques arabes. Seuls sont conservĂ©s les exemplaires dĂ©tenus par Ehel Habott. Cette bibliothèque traite de tous les aspects de la connaissance et du savoir arabes de l’époque prĂ©coloniale : linguistique, sciences islamiques, poĂ©sie, … mais aussi des sciences et techniques : alchimie, mĂ©decine, logique, mathĂ©matique…
Devant ce trésor inestimable, je reste réellement ébahi. Le gérant de la bibliothèque de l’EMIA que je suis, s’étonne que des citoyens d’antan, avec des moyens aussi dérisoires, aient pu réunir un capital culturel aussi précieux. La comparaison avec la bibliothèque dont j’ai la responsabilité est peu flatteuse pour moi. Sur mes rayons, le fonds n’est pas aussi riche et varié. Il se limite à quelques centaines d’ouvrages constitués pour l’essentiel de romans policiers du style : Maurice Le Blanc, Aghata Christie, Exbray… et j’en passe.


Le retour à Atar… et la question sans réponse
18 heures. Je suis chez mes hĂ´tes quand une Land-rover de la Gendarmerie ramena le commandant de Brigade. Il rentre d’une permission… et semble un peu surpris par ma prĂ©sence. Je lui explique l’objet et les conditions de ma visite. Rapidement, il se montre comprĂ©hensif. Et pour preuve : il me demande de prolonger mon sĂ©jour parmi eux et y insiste. Je dĂ©cline poliment sa requĂŞte en bavardant autour d’un thĂ© que j’ai pris rapidement avec lui. Puis, je le remercie pour l’hospitalitĂ©, pour le soutien chaleureux et actif de ses collaborateurs et le quitte Ă  bord du vĂ©hicule de la Gendarmerie qui me ramena Ă  Atar après une heure et demie de route. Un dĂ©lai sensiblement dix fois plus court que celui que j’ai mis Ă  l’aller ! La grande diffĂ©rence entre les deux temps mis s’expliquerait peut-ĂŞtre par l’absence, au cĂ´tĂ© du chauffeur, de femme capricieuse dans le dernier voyage, ou plutĂ´t encore, par le sens de responsabilitĂ© chez les conducteurs militaires et leur esprit de rigueur. La dernière hypothèse me semble plus plausible bien qu’elle n’explique pas tout.  Encore, faudra-t-il vous avouer que ce n’était pas lĂ  la problĂ©matique intellectuelle majeure qui a retenu mon attention durant cette petite aventure, malgrĂ© tout agrĂ©able. La question que je me suis toujours posĂ©e, et que je me pose encore est comment Ă©viter le traditionnel et cĂ©lèbre test d’identitĂ© : « quelle est votre tribu ? ».


Atar, 30 décembre 1985
Lieutenant  El Boukhary Ould Ahmedou O. Mohamed MOUEMEL
Instructeur et Gérant de bibliothèque à l’EMIA
Adresse actuelle :
elbukhary_mm@yahoo.fr


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Commentaires
Zemragui
zem12000@yahoo.fr
2013-06-03 11:02:45

Je trouve cette aventure très passionnante malgré le retard de sa publication. La sincérité de son auteur est aussi frappante.

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