Plusieurs dizaines de personnes ont organisé mardi un sit-in devant le ministère mauritanien de la Justice à Nouakchott pour réclamer la libération de l’ex-Commissaire aux droits, Mohamed Lemine Ould Dadde, détenu depuis deux ans pour "détournement" et qu’ils disent "otage d’un Etat".
Accusé de malversations financières dans l’exercice de ses fonctions, M. Ould Dadde a été condamné en juin à trois ans de prison ferme et à rembourser près de 200.000 euros. Sa défense avait fait appel. Deux ans jour pour jour après son placement en détention, "il reste frappé par l’injustice et l’oubli", pouvait-on lire sur une banderole brandie par les manifestants. Parmi eux figuraient des militants des droits de l’homme, des politiques, des avocats et des proches, a constaté l’AFP. "La justice n’a rien prouvé durant son procès, le dossier était vide, il est la victime d’un règlement de comptes politiques", affirmait une manifestante, Aminettou Mint Moctar, présidente de l’association des femmes chefs de famille, jointe par l’AFP. Dans un communiqué, l’épouse française de M. Ould Dadde, Céline Brard, l’avait auparavant décrit comme l’"otage d’un Etat". Ancien militant des droits de l’homme et opposant à la dictature de Maaouiya Ould Taya, M. Ould Dadde avait soutenu le putsch du général Mohamed Ould Abdel Aziz en août 2008. Ce noble Maure de la tribu des Tagounanet était ensuite entré, pour la première fois, au gouvernement. Il avait été nommé Commissaire aux droits de l’homme et à la lutte contre la pauvreté, tâche d’autant plus sensible que le nouveau chef de l’Etat était appelé partout "président des pauvres". Mais en août 2010, M. Ould Dadde avait été soudain limogé, accusé de mauvaise gestion et détournements par la surfacturation et le gonflement de coût de travaux. Puis son incarcération avait été présentée comme un symbole de "la lutte contre la gabegie".(AFP)
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