AMDH: 20 ans de combat pour la dĂ©fense des droits humains   
05/06/2011

Un anniversaire ça se fête même si c’est dans la douleur du souvenir. L’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH) vient de célébrer le 1er juin dernier et ce, jusqu’au 2 juin, ses 20 ans d’existence et de combat pour la défense, le respect...



...et la promotion des droits de l’homme en Mauritanie. Plus d’une centaine d’invités de la société civile venus d’horizons divers étaient présents parmi lesquels, Bamariam Koïta président de la commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Alioune Tine Secrétaire Général de la RADDHO, les représentants du NDI et de l’Union Européenne, de Madame la Maire de Tevragh-Zeina, M. Sarr Mamadou du Fonadh ainsi que l’Ambassadeur du Mali pour ne citer que ceux-là. Cet anniversaire a été le prétexte de l’Amdh pour revenir sur les péripéties qui ont jalonné son parcours mais aussi et surtout, il a été question d’évaluer le combat en rétro sur tous les axes du passif humanitaire.

L’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (Amdh) créée en 1991 sur les fonts baptismaux, a cĂ©lĂ©brĂ© le 1er juin dernier, son 20ème anniversaire en prĂ©sence de plusieurs personnalitĂ©s et activistes des droits humains. Intervenant Ă  cette occasion, Bamariam KoĂŻta, a dĂ©clarĂ© que « l’Amdh s’est consacrĂ©e Ă  la dĂ©fense des droits humains pour toute la Mauritanie. Elle Ă©tait visible et sincère. Ce qui mĂ©rite respect et considĂ©ration Â». Mieux, cela a valu la prise en compte de leurs dolĂ©ances par les pouvoirs publics, a-t-il soutenu. Le prĂ©sident de la CNDH a saluĂ© le combat que mène l’Amdh et indiquĂ© que Me Fatimata Mbaye, Boubacar Messoud (SOS Esclaves), Aminetou Mint Ely (Afcf) … «ont osĂ© parler du passif humanitaire Â» au moment oĂą parler de cette question relevait d’une pure provocation du rĂ©gime de l’époque. «Cela n’était pas Ă©vident et n’était pas aussi gagnĂ© d’avance», dira Bamariam Koita pour qui, ces dĂ©fenseurs mĂ©ritent respect et considĂ©ration car toutes ces questions du passif humanitaire font l’objet aujourd’hui d’un dĂ©bat national.

Une contribution à la libération de la parole

Pour sa part, Alioune Tine de la RADDHO a indiquĂ© que «l’AMDH a contribuĂ© Ă  la libĂ©ration de la parole enMauritaniedans un contexte marquĂ© par les dĂ©tentions arbitraires et les exĂ©cutions extrajudiciaires». C’est pourquoi, il a rendu un vibrant hommage Ă  ses anciens compagnons de route pour leur engagement, leur dynamisme et leur esprit militant pour la dĂ©fense des droits de l’homme. Ce qui lui fera dire que «L’AMDHa contribuĂ© Ă  ce que les droits humains soient reconnus, Ă  ce que des avancĂ©es soient observĂ©es enMauritanie». L’absence des hautes autoritĂ©s de l’Etat Ă  cet Ă©vènement n’a pas Ă©tĂ© apprĂ©ciĂ©e par M. Tine. Pour lui, la prĂ©sence de ces autoritĂ©s «consolide la volontĂ© politique de la Mauritanie de dĂ©fendre et de promouvoir les droits de l’Homme». Toutefois M. Tine a exhortĂ© l’Amdh et les autres dĂ©fenseurs de droits humains Ă  travailler avec les pouvoirs publics car « ils ne sont pas nos adversaires Â» a-t-il indiquĂ©.
La Maire de Tevragh-Zeina, Fatimetou Mint Abdel Malick a saluĂ© le courage et l’engagement de l’Amdh pour le respect des droits humains. «Il n’y a pas de dĂ©veloppement sans stabilitĂ© ni de stabilitĂ© sans justice. Nous sommes tous interpellĂ©s par la justice sociale et l’AMDH a menĂ© un grand combat dans ce sens Â», dira-t-elle en substance avant d’encourager Me Fatimata Mbaye et compagnie Ă  aller de l’avant.
M. Sarr Mamadou du Fonadh, après avoir saluĂ© les efforts consentis par l’Amdh dans ce combat, dira que cette association est «un fer de lance dans le combat pour la promotion et la protection des droits humains en Mauritanie». «Notre pays a connu de graves violations de droits humains et si ce n’était pas ces hommes et ces femmes de l’AMDHet d’autres organisations de dĂ©fense des droits de l’Homme, on n’en serait certainement pas lĂ  aujourd’hui Â» a-t-il indiquĂ©.

 

Hommage aux pionniers de l’Amdh

MaĂ®tre Fatimata Mbaye, prĂ©sidente de l’Amdh a d’abord tenu Ă  rendre un vibrant hommage posthume avec une pensĂ©e pieuse Ă  Me feu Mamadou Diagana l’un des prĂ©curseurs de l’Amdh mais aussi Ă  feue Houlèye Tall et au professeur Cheikh Saad Bouh Kamara absent de l’évènement pour des raisons de santĂ©. Ceux-lĂ  qui ont pensĂ© Ă  l’utilitĂ© publique de crĂ©er une association de dĂ©fense des droits de l’homme. «Au moment oĂą nous cĂ©lĂ©brons ce 20e anniversaire, certains ne sont plus avec nous mais leur esprit est avec nous. A ceux qui ont eu la prĂ©monition et le courage de relever le dĂ©fi, de crĂ©er une organisation de dĂ©fense des droits de l’Homme enMauritanie et dans la sous-rĂ©gion au moment difficile oĂą parler des droits de l’Homme Ă©tait un crime de lèse-majestĂ©, nous dirons que la lanterne ne s’est pas Ă©teinte et qu’elle continuera Ă  s’éclairer mĂŞme après notre dĂ©part Â» a-t-elle martelĂ© dans l’émotion.
L’Amdh, Ă  en croire sa prĂ©sidente, a apportĂ© sa contribution Ă  cette gigantesque Ĺ“uvre humaine qui est la constitution d’une sociĂ©tĂ© humaine Ă©galitaire et ouverte oĂą chacun pourra trouver sa place dans le respect, la tolĂ©rance et la paix. Me Fatimata Mbaye s’est souvenue des affres du combat qu’elle a menĂ© avec ses amis de l’Amdh. «Nous avons connu la traversĂ©e du dĂ©sert. Certains ont Ă©tĂ© privĂ©s de libertĂ©, d’autres ont Ă©tĂ© atteints dans leur intĂ©gritĂ© physique, leur moralitĂ©. Mais, c’était le prix Ă  payer comme dans toute Ĺ“uvre sociale ou humaine Â». La prĂ©sidente de l’Amdh a reconnu quedans chaque Ĺ“uvre humaine, «il y’a un prix Ă  payer et les droits de l’Homme, c’est le travail, peut-ĂŞtre, le plus ingrat. C’est un fruit. Quand on le rĂ©colte, il dure et perdure Ă  condition qu’on continue Ă  arroser, Ă  protĂ©ger et surtout Ă  faire partager avec les autres personnes». En reconnaissance aux efforts soutenus par les uns et les autres dans leur contribution Ă  cet Ă©difice social, Me Fatimata Mbaye dont l’Amdh a connu des hauts et des bas pendant 15 ans, a tenu Ă  rendre hommage Ă  ceux lĂ  qui ont appuyĂ© leur combat. Et la prĂ©sidente de dire que «c’est le plus cher cadeau qu’un militant peut avoir dans son combat perpĂ©tuel». Pour elle, «la diversitĂ© n’est qu’une force qui permet aux militants de travailler ensemble pour la promotion et le respect des droits humains». MalgrĂ© le manque de moyens, l’Amdh selon sa prĂ©sidente, «est lĂ  pour tout le monde». Mais, avec la volontĂ©, «nous pourrons atteindre le bout du tunnel».

 

Témoignages …

Les participants ont rendu un témoignage vivant à l’Amdh pour son esprit militant et pour sa diversité dans l’action et le combat. Ils ont qualifié l’Amdh de melting-pot. Des écricains et hommes d’opinion comme Isselmou Abdel Kader, Lala Aïcha Sy, Me Sall Souleymane, Habott représentant de la Raddho Mauritanie, Boubacar Messoud, Alioune Tine … ont apporté un hommage soutenu aux membres de l’Amdh qui ont subi toutes formes d’humiliation lors de voyages pour l’étranger. Ils ont appelé l’Etat mauritanien à reconnaître la société civile mauritanienne qui a fortement contribué à l’abolition de l’esclavage. Toutefois, ils ont recommandé aux activistes des droits de l’homme de travailler et de dialoguer davantage. Car, comme dit Alioune Tine, «il y a des problèmes que la diplomatie étatique ne peut pas régler mais auxquels les organisations de la société civile peuvent trouver des solutions».
Me Fatimata Mbaye a rappelé que l’Amdh avait 9 membres au départ, mais compte aujourd’hui des centaines voire des milliers de membres. Elle a dit que les jeunes doivent porter les ambitions de la société civile. Mais il faut à priori accepter le sacrifice, car «quand vous défendez une personne, vous le faites pour toute la société civile».

Des débats riches

Après les témoignages, les participants ont eu à débattre sur des thèmes importants, notamment, les droits de l’enfant, développé par Me Niane, les droits économiques, sociaux et culturels par Alioune Tine, l’impunité et la justice transitionnelle par nos brillants avocats Me Mine Ould Abdoullah et Brahim Ould Ebetty qui ont soutenu que ce thème a plusieurs mécanismes dont le principal c’est la justice transitionnelle qui a ses principes, son contenu et ses caractéristiques.
Le deuxième jour a Ă©tĂ© consacrĂ© aux dĂ©bats sur les thèmes : les droits de la femme et la question de l’égalitĂ© dans la sociĂ©tĂ© mauritanienne dĂ©veloppĂ© par Mme SafiĂ©tou Thiam de l’Amdh, la protection des dĂ©fenseurs des droits de l’homme par Alioune Tine de la Raddho et Cheikh Tourad, directeur des droits de l’homme. M. Sall Amadou, professeur de en sociologie et membre de la sociĂ©tĂ© civile et Me Bouhoubeyni bâtonnier des avocats ont fait un exposĂ© sur le thème : dĂ©mocratie et gouvernance. Enfin, Abaye Ansari (GRDR) a dĂ©veloppĂ© le thème sur les Migrations internationales et l’asile.
Toutefois, il faut souligner l’un des faits marquants de cet anniversaire : la participation massive et efficace des Ă©tudiants dont l’Association des jeunes filles Ă©tudiantes mauritaniennes (AFEM) des facultĂ©s de droits, de lettres, de gĂ©ographie … Il s’agit notamment de Dickel Fofana (gĂ©o), TijaniĂ©tou Ball (lettres), Famata Ndiaye (lettres) mais aussi Ndiaye Kane Sarr, Sow Abdoulaye Diallo, Mamadou Ali Kane … pour ne citer que ceux-lĂ  qui ont contribuĂ© Ă  enrichir les dĂ©bats aux cĂ´tĂ©s des vieux briscards, dĂ©fenseurs des droits de l’homme. C’est dire que la relève pour cette sociĂ©tĂ© civile est assurĂ©e.
Compte rendu Ibou Badiane

 


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