Mbarka ne sait pas son âge car elle ne détient aucun papier d’état civil, elle sait comment dire avec un grand courage comment elle a vécue son calvaire d’esclavage et comment elle a été victime de service sexuels par ses maîtres..
Initi.net: ou sont tes parents ? Mbarka Mint Essatim : Mon père se trouve Ă Nouakchott depuis toujours ainsi que mes tantes, ma mère habite Ă El Asma (akjoujt) avec mon frère. Initi.net: pourquoi et quand est ce que tu as quittĂ© ta famille ? Mbarka : Je l’ai quittĂ© dès la promulgation de la loi incriminant l’esclavage pendant le règne de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Initi.net : Non, non. je ne parle pas de tes maĂ®tres, mais ta famille (ton père et ta mère) ? Mbarka : je les ai quittĂ© a l’âge de 5ans, quand la maĂ®tresse de ma mère, en l’occurrence, Fatma El Ghalia a demandĂ© Ă ma mère de me l’envoyer pour la servir, ce qui fut fait par ma mère ! Initi.net: Comment tu expliques la rapiditĂ© de la rĂ©ponse de ta maman Ă la demande de Fatma El Ghalia ? Mbarka : Mariem El Ghalia a prĂ©tendu avoir besoin de moi pour de petits travaux domestiques, Ă©tant entendu que pour elle nous sommes tous sa propriĂ©tĂ© privĂ©e car notre maman est son esclave, et il est tout a fait normal qu’elle dispose de nous comme elle veut ! Initi.net: combien de temps tu as fait avec ta maĂ®tresse (Fatma El Ghalia) ? Mbarka : depuis que j’avais 5 ans jusqu’à cet age ! Initi.net: Est-ce que tu peux nous citer les noms de tes maĂ®tres ? Mbarka : je servais tout le monde, je lavais les habits des « filles » (les jeunes maĂ®tresses) en plus de mon rĂ´le de garde d’enfants et tous les autres travaux domestiques. Initi.net: Tout cela s’est passĂ© quand tu Ă©tais en brousse et/ou en ville ? Mbarka : En brousse et en ville, j’étais obligĂ©e de laver les habits, et de faire la vaisselle jusqu’à des heures tardives dans la nuit alors que mes maĂ®tres dormaient et le matin je dois aller au marchĂ©. Je suis la seule personne qui bouge dans la famille et tous les travaux m’attendent ! je suis la dernière Ă dormir et la première Ă se lever Initi.net: Ou est ce que tu dormais ? et est ce que tu avais un lit adĂ©quat ? Mbarka : On m’avait rĂ©servĂ© un coin isolĂ© hors de la maison familiale, malgrĂ© mon âge. Il s’agit d’une vieille boutique sans porte Ă quelques mètres de leur maison, et ouverte de tous les cotĂ©s sur la rue. Initi.net: Au dĂ©but, ou se trouvait ta demeure ? Mbarka : En brousse, il n’y avait pas de diffĂ©rence, si nous dressons la tante de ma maĂ®tresse (fatimetou El ghalia Mint HrĂ©tani) on me construit une petite hutte Ă cotĂ© d’elle et la distance qui nous sĂ©pare est assez longue en gĂ©nĂ©ral. Initi.net: Qu’est-ce qui diffĂ©rencie ta demeure ? Est-ce qu’elle est meublĂ©e ? Mbarka : Non elle n’était pas meublĂ©e, j’avais une natte que j’avais achetĂ©e lors de mon premier mariage et je la garde jusqu’à prĂ©sent. Initi.net: Est-ce que tu avais un salaire ? Si oui, combien ? Mbarka : Non, je n’avais pas de salaire, mais le fils de ma maĂ®tresse (Brahim Salem) a eu l’habitude de me donner des sommes a l’occasion des fĂŞtes (les trois fĂŞtes religieuses) qui variaient entre 4000 et 6000 Ouguiya. Initi.net: Quelle est la nature des relations louches, que tu avais Ă©voquĂ©e lors de la confĂ©rence de presse organisĂ©e par IRA a l’hĂ´tel El Khater, avec les fils de la famille Ehl Bouh ? M’Barka : Il s’agit d’une relation louche qui m’a toujours liĂ©e d’abord Ă Brahim Salem Ould Bouh, c’est le fils aĂ®nĂ© de ma maĂ®tresse. Il habite Ă Tavragh Zeina Ă Nouakchott, propriĂ©taire d’un magasin de gaz au ksar. Ça a commencĂ© quand nous avons dĂ©mĂ©nagĂ© vers la brousse. Il m’a violĂ©e plusieurs fois ! Initi.net: Etait-ce la première fois oĂą tu t’est exposĂ©e au viol ? M’Barka : Oui, c’était la première fois. Initi.net : A l’époque, quel Ă©tait ton âge ? M’Barka : Je ne sais pas au juste, mais je venais juste de porter le voile. Je n’étais pas habituĂ© Ă l’ajuster sur ma tĂŞte. Initi.net : Bien ! Que s’est-il passĂ© exactement ? M’barka : Il a envoyĂ© les animaux Ă l’abreuvage et m’a demandĂ© de l’accompagner. (Et de M’Barka de se taire un instant puis de reprendre après). Le fait de m’ordonner de l’accompagner en pareil moment Ă©tait inhabituel. ArrivĂ©s loin, dans un lieu reclus, il m’a menacĂ©e Ă mort si je ne me soumets pas Ă ses dĂ©sirs. LĂ j’étais seule. Je n’avais pas les moyens du dĂ©fi. Alors il a commencĂ© Ă essayer de me violer. Initi.net : Cela veut dire qu’il aurait pu te tuer si tu n’avais pas obtempĂ©rĂ© Ă son invitation Ă pratiquer la bassesse ? M’Barka : Lorsque nous sommes arrivĂ©s quelque part, il m’a demandĂ© de descendre de sa voiture (Land Creuser) et de ramasser du bois afin de lui permettre de prĂ©parer, lui-mĂŞme, son thĂ©. Je me suis blottie, après, dans un coin de la natte et me mis Ă attendre. Soudain, il m’a offert un verre de thĂ© que j’ai refusĂ© de prendre devant lui parce que je n’en avais pas l’habitude. Alors il se lève et me demande de lui masser les pieds. C’est ensuite qu’il m’intime l’ordre de m’approcher et se couche sur moi contre ma volontĂ©. Initi.net : Qu’est-ce que tu as fais ? As-tu criĂ© par exemple ? As-tu manifestĂ© de rĂ©sistance Ă ses dĂ©sirs ? M’Barka : J’ai tentĂ© de l’empĂŞcher, mais il m’a menacĂ©. Je le craignais pour les bastonnades et les tortures qu’il me faisait subir. Bref, j’avais peur de lui. Je pleurais et criais lorsque j’ai vu le sang coulais de moi. Il me grondait et m’ordonnais de me taire en ces termes « Tais-toi, salope ! » Ainsi se sont passĂ©es les faits, la première fois. Puis nous quittâmes alors que je n’arrivais pas Ă me tenir dĂ©bout. Lorsque la voiture s’est arrĂŞtĂ©e au puits, j’étais Ă©puisĂ©e tant j’ai perdu toute mes forces. MalgrĂ© tout il m’a contrainte Ă m’archer et Ă l’aider Ă abreuver les dromadaires. Tout en sachant que je ne pouvais pas, je n’avais pas le choix. J’étais obligĂ©, en dĂ©pit de mon piteux Ă©tat de courir pour rabattre le dromadaire vers le bassin. Sur le chemin de retour, il m’exige de garder le silence sur ce que j’ai subi et de n’informer personne faute de quoi j’encourrais les supplices les plus cruels. A l’arrivĂ©e, on me demanda ce qui se passait car tout le monde s’est aperçu de ma fĂ©brilitĂ© du fait de mon dĂ©sĂ©quilibre dès que je veille m’asseoir face Ă la marmite. J’ai prĂ©tendu, conformĂ©ment aux dĂ©sirs de mon maĂ®tre violeur (Brahim Salem), que c’est du aux douleurs abdominales consĂ©quences du froid. Initi.net : A-t-il rĂ©cidivĂ© ? Et oĂą ? M’Barka : Oui, il a rĂ©cidivĂ© tant de fois. Il me prenait chez sa maman, Fatma El Ghaliya Ă Toujounine. Et bien avant lorsque nous Ă©tions en brousse, nous avions trois tentes : une pour sa mère, la deuxième qui Ă©tait une forme de hutte oĂą je passais la nuit ; la troisième Ă©tait la tente des bergers. C’est dans celle-ci qu’il me prenait pour ses forfaits, prĂ©textant qu’il voulait que je lui masse les pieds. Ainsi j’ai subi les viols coup sur coup. Initi.net : Est-ce que Brahim Salem Ă©tait mariĂ© ? Et est-ce que tu t’es plaint de lui auprès de sa mère ou son Ă©pouse ? M’Barka : Oui, il est mariĂ©. J’ai mĂŞme su par la suite que son Ă©pouse Ă©tait informĂ©e de ses forfaits, mais elle n’en pas fait cure. Initi.net : Quelles sont les consĂ©quences de ces viols ? M’Barka : Lorsque nous sommes rentrĂ©s en ville (Tevragh ZeĂŻna) j’étais chargĂ©e des travaux mĂ©nagers. En l’absence de la bonne je dois supporter comme de coutume dans tout ce qu’il faut. Mais Brahim Salem continuait toujours ses vices. A noter que je n’entretenais aucune relation avec un quelconque homme. Un jour que j’étais prĂ©occupĂ©e par ma situation, j’ai recouru Ă sa fille, Houriya Ă qui je me suis confiĂ©e en disant que je ne savais pas ce qui m’arrivait puisque je sentais mon ventre s’enflait et s’alourdissait. Surprise, elle me demande pourquoi et quelle relation me liait avec son père tout en me priant de garder le secret quel que soit ce qui m’arrive... Personne n’a daignĂ© m’entretenir sur ce sujet bien que tout le monde Ă©tait au courant de mon Ă©tat de grossesse. Ils ont prĂ©fĂ©rĂ© se rĂ©fugier derrière le silence, sachant que je n’avais aucun rapport avec les hommes. Après mon accouchement, j’ai reçu la visite de Messaouda (une parente) et ma mère qui m’ont demandĂ©e implorant est-ce que c’est Brahim Salem qui est le père de OueĂŻchita, ma fille, sinon c’est alors son feu frère (Mohamed) qui en est l’auteur. J’ai niĂ© avec force et dĂ©termination, car j’avais peur de lui. Lorsque j’étais enceinte et que sa sĹ“ur Ă lui m’a demandĂ© je lui ai affirmĂ© que c’est son frère, Brahim Salem qui est Ă l’origine de mon Ă©tat de grossesse. AussitĂ´t, elle m’a demandĂ© de ne pas divulguer le secret contre quoi elle s’occupera de l’affaire si le bĂ©bĂ© qui naĂ®tra est blanc, mais le niera s’il est noir. Finalement ils ont refusĂ© la reconnaissance de la fille. Quelque temps après, une autre personne s’est introduite dans cette relation. Il s’agit de El Ghotob, le fils aĂ®nĂ© de Brahim Salem. Il attendait la nuit pour venir m’agresser poursuivant ainsi les Ĺ“uvres de son père, en l’occurrence, les viols auxquels celui-ci me soumettait. Initi.net : Quel est l’âge de ce dernier violeur ? M’Barka : Je ne sais pas exactement, mais c’était le fils aĂ®nĂ© de Brahim Salem. Il Ă©tait lui aussi mariĂ©. Initi.net : Comment s’est passĂ© ton premier mariage ? Et quels sont les obstacles qui l’ont jalonnĂ© s’il y en avait eu ? M’Barka : (Elle soupire, reprend son souffle et continue.) Après un instant, Dieu m’a gratifiĂ© de mariage lĂ©gal d’un homme dĂ©nommĂ© Isselmou qui Ă©tait berger au service de Brahim Salem. Il est d’une tribu du Sud dite Tejekanit. Il me donna ma troisième fille, Ezouha. Mais c’est un mariage qui sera de courte durĂ© car mon mari voulait m’amener chez lui en brousse oĂą il vivait ; ce que mes maĂ®tres refusèrent. Ainsi il a disparu pendant longtemps. Alors je lui ai envoyĂ© pour l’informer de mon mĂ©contentement. Il a acceptĂ© mes exigences espĂ©rant que notre mariage puisse continuer. Il m’a adressĂ© une somme de 30000 UM avec Brahim Salem que j’ai reçu en trois tranches et Ă des moments diffĂ©rents. C’est dernier qui viendra me voir porteur de la lettre de divorce. Initi.net : A qui revient le mĂ©rite de t’avoir libĂ©rer du joug de l’esclavage d’Ehel Bouh ? M’Barka : Je me suis mariĂ©e avec Moktar qui Ă©tait lui aussi chauffeur chez Brahim Salem et c’est avec lui que je suis allĂ©e Ă Nouakchott. Il m’a beaucoup aidĂ© Ă porter mon affaire auprès des organisations des droits de l’homme (surtout le prĂ©sident Biram et son organisation). Ceci lui a coĂ»tĂ© son poste dont il a Ă©tĂ© chassĂ© après ma plainte introduite Ă la justice. Initi.net : que tu as rĂ©cupĂ©rĂ© les fillettes, que rĂ©clames-tu encore de tes maĂ®tres ? M’Barka : J’ai passĂ© toute ma vie esclave dans cette famille oĂą j’ai perdu tout mon avenir, sachant alors que je ne sais ni lire, ni Ă©crire. Je ne sais non plus comment prier,. La famille d’ehel Bouh ne ma jamais initier Ă cela. C’est le cas aussi de mes fillettes qui n’ont aucune pièce d’état civil. j’ai Ă©tĂ© violĂ©, humiliĂ©... De façon gĂ©nĂ©rale, je rĂ©clame rĂ©paration de toute ma vie antĂ©rieure, si nous sommes dans un pays de droit ?!. Initi.net : Est-ce que tu demandes aussi Brahim Salem de reconnaĂ®tre sa fille, OueĂŻchita ? M’Barka : Ça c’est un sujet que je souhaite traiter avec lui personnellement. Initi.net : Merci. Source:Initi.net
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