L’Association Mauritanienne pour la Défense des Droits Humains (AMDH) a, à l’instar de la communauté internationale et des Ong locales, célébré le 8 mars en organisant une conférence débat sur la situation de la femme. Sous le thème : « Femme, présence indispensable » dans les sphères...
...de décisions, M. Malal Guisset, consultant en développement communautaire, a fait un exposé ce 9 mars au siège du Fonadh, sur les violences faites aux femmes.
D’emblée, Me Fatimata Mbaye, présidente de l’AMDH a tenu à introduire le sujet en faisant un briefing sur la situation de la femme de manière générale, mauritanienne en particulier. Le choix du thème répond au thème de cette année «Egalité d’accès à l’éducation, à la formation, à la science et à la technologie», conformément aux difficultés que rencontrent les femmes dans tous les domaines de la vie sociale, éducationnelle, économique, politique voire même culturelle. Si pour l’Amdh, la présence des femmes dans les sphères de décisions et au niveau de tous les domaines de la vie est indispensable, trouver une solution à la situation de la femme violentée au foyer, au travail, dans la rue et partout est une condition sine qua non pour redorer son blason. Car, selon les femmes de l’Amdh, «On ne peut pas parler de l’égalité d’accès à l’éducation, à la formation professionnelle et en matière scientifique et technologique, ni d’un travail égal pour les femmes si les violences persistent ». Mieux, «ce combat ne peut se faire sans un accompagnement juridique qui passe par l’adoption d’une loi incriminant les violences ». C’est la raison pour laquelle, l’exposant a axé son sujet sur les violences faites aux femmes pour d’abord faire imprégner les autorités, les acteurs et les concernées sur l’ampleur de la situation. M. Malal Guisset a fait ressortir quelques données de la situation sur les plans de l’éducation, de la santé, de l’économie et sur les plans politique et social. Au niveau des pratiques traditionnelles, l’exposant a donné un éclairage sur ces pratiques d’un autre âge relatives aux mariages précoces, préférentiels, forcés … le placement des filles entre autres. Des violences verbales, physiques aux violences économiques en passant par les violences psychologiques, sociales, conjugales et sexuelles, tout a été passé en revue par le consultant. L’accent a été mis sur les violences conjugales qui, selon le conférencier, « découlent des valeurs d’inégalité qui ont été transmises de génération en génération ». Il a mis en exergue l’arbre à genre pour mieux faire comprendre ce phénomène. Au bout du compte, M. Guisset a remis au goût du jour, les actions déjà menées par les organisations de la société civile avant de proposer un panel d’activités à mener en atténuant les pesanteurs et résistances qui éloignent les femmes des sphères de décision. Il faut également selon le conférencier, renforcer la stratégie de la promotion féminine, améliorer le cadre institutionnel, criminaliser les pratiques traditionnelles néfastes, faire un plaidoyer pour amener les décideurs à améliorer la situation de la femme, faire des sensibilisations, renforcer les capacités des acteurs de défense des droits de la femme, criminaliser les violences faites aux femmes ….et rendre visible le travail pénible des femmes.
Un débat de haut niveau
A la lumière de l’exposé, un débat riche et fructueux a été entretenu par les participants dont les acteurs de la société civile, les partenaires au développement et la presse. Dans la foulée des débats, la représentante de la coopération espagnole a souhaité savoir le travail abattu par les femmes pour mieux s’imprégner des efforts déployés par ces dernières afin de les soutenir. Pour Mme Marième Daddah, «les femmes qui travail ont un double rôle : le foyer et les services. Sur le plan religieux, elle a demandé à ce que l’on éduque nos filles conformément à la religion. Toutefois, elle a déploré le manque de respect de la hiérarchie qu’elle considère fondamental. Elle a également dénoncé le manque de coordination des femmes et l’absence de communication. Boubacar Messoud, fidèle à ses principes de défenseurs des esclaves n’est pas parti par quatre chemins pour dénoncer la situation des femmes esclaves qui demeurent dans le joug de leurs maîtres. Il faut pour lui lutter pour rendre valorisant le travail de ces femmes. Pour sa part, Me Fatimata Mbaye a dit que la femme esclave est la plus rabattue au rang de l’animalité et ce, depuis des siècles. « C’est à nous d’exiger l’égalité dans nos sociétés, de défendre nos droits et d’aspirer à une vie décente » avait-elle martelé. Elle s’est aussi indignée de la place réservée à la femme dans l’administration et dans certaines sphères de décision. La représentante de l’Union européenne quant à elle, a salué le travail des femmes et leur détermination. Elle a invité les acteurs à visiter les centres d’écoutes mis en place par certaines Ong comme l’AMDH, l’AFCF et l’AMSME pour se rendre compte que « la femme mauritanienne souffle plus qu’ailleurs ». De son côté, Mme Lala Aïcha Sy, modératrice du jour, a expliqué la situation d’ensemble de la femme dans le contexte mauritanien avant de proposer la mise en place d’une cellule de coordination qui sera pilotée de manière tournante afin de parvenir à asseoir une coordination nationale des femmes à même de créer une synergie d’actions pour amener les décideurs à prendre en compte la situation de la femme. D’autres intervenants ont abondé dans le même sens. Ils ont soulevé le cas des femmes handicapées qui sont toujours oubliées lors des plaidoiries. La conférence-débat a vu la participation, outre les Ong, les partenaires au développement notamment, l’Union européenne, la Coopération espagnole et l’Ambassade d’Allemagne. Compte rendu Ibou Badiane
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