Le « meddah » du Prophète s’en est allé. Brour(Mohamed Ould Mahmoud) s’est éteint à l’âge de 54 ans, sans avertir personne. Sa longue et souriante silhouette ne déambulera plus entre les étroites ruelles de sa jeunesse, et il ne viendra plus illuminer de sa voix de stentor et de son verbe si grave et si émouvant les spectacles tant prisés aujourd’hui du « med’h » Brour n’avait pas eu beaucoup...
...de temps pour savourer la reconnaissance nationale qu’il méritait depuis très longtemps. .Et pourtant déjà , en 1988,il avait fait éclater toutes les frontières de son art en se produisant au festival du « Mataf » à Atar. Une présence sur scène i impressionnante, une voix très forte et en même temps caressante, et une immense force qui se dégageait, une force, qui repoussait très loin tous les souvenirs musicaux, tous les genres, toutes les références classiques du « med’h’ et qui disait « Voilà le med’h » nouveau est arrivé. » Brour depuis cette époque a abandonné toutes les autres passions, le football qu’il avait aimé et où il pouvait avoir un avenir, un petit métier à la Snim, qui lui rapportait un peu, il avait tout délaissé pour ne plus être que « meddah » tout simplement, « tout simplement » ?Non, il n’était pas simple d’être le meilleur dans son genre, et d’arpenter les ruelles de son enfance chaque jour avec sur les lèvres un sourire pour chacun. Brour avait souvent été invité à Nouakchott, il a fait de longues tournées à l’intérieur du pays et aussi au Maroc voisin, mais il est resté toujours indéraciblement fidèle, à ses amis ,à ses frères et aux quartiers qui l’ont vu grandir Les deux festivals du « Med’h » organisés à Atar en 2008 en 2010 ont confirmé « Brour comme la vedette nationale du genre, puis le concours national du « Meddah » l’a définitivement intronisé comme le roi incontestable du « med’h ».Quatre millions d’ouguiyas !C’était beaucoup pour un homme qui n’ a jamais vraiment rien eu .Ils se sont vite pourtant évaporés sous le ciel chaud d’Atar, les amis, les voisins, les parents. Brour, c’était aussi la générosité. Cet homme de 54 ans n’avait jamais possédé, sauf son art. Et il laisse derrière lui 7 enfants qui ne se sentiront pas orphelins, car, je l’espère bien ni les Atarois ni les amoureux du med’h n’oublieront, Brour,Brour le génie du Med’h ,Brour, le premier, pour toujours, Brour qui a tant donné et qui est parti le cœur plein et les bras vides.
M’Bareck Ould Beyrouk (Horizons du 24 janvier 2011)
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