Le Collectif des veuves et le comité de solidarité commémorent le cinquantenaire   
28/11/2010

Comme à l’accoutumée, le Collectif des Veuves et orphelins victimes des purges ethniques des années 90 en collaboration avec le Comité de Solidarité ont organisé une conférence de presse le 28 novembre, au siège du Fonadh en présence de plusieurs membres de familles des victimes. Cette année, le thème...



...choisi par les organisateurs est : « Non à l’oubli et l’impunité ».

Dans une déclaration rendu publique, les conférenciers ont déclaré que « l’accession de notre pays à la souveraineté internationale dont les anniversaires successifs ont toujours constitué pour les Mauritaniens une occasion de joie, de fête et de communion d’esprit, constitue désormais pour nous une réminiscence de l’horreur, de la hantise des êtres chers que nous avions perdus et pour lesquels nous n’avions même pas eu la chance de dresser une sépulture pour leur invoquer la grâce de Dieu ».
La pendaison de 28 soldats et officiers de l’armée à Inal en 1990, a été le sujet principal des débats. Selon les défenseurs des veuves et des orphelins victimes de cette purge qui célèbrent leur 20ème anniversaire, « depuis cette date du 28 novembre, de nombreuses voix se sont élevées à l’intérieur du pays et de par le monde pour dénoncer et condamner ces crimes racistes et pour refuser l’impunité et l’oubli » ont-ils indiqué.
Les conférenciers ont toutefois indiqué qu’en 2007 avec l’avènement d’un gouvernement civil démocratiquement élu, « une lueur d’espoir était née » mais l’essentiel « reste à faire ». Pour ces victimes, « il est incompréhensible que les autorités (actuelles) exigent l’oubli de la part des victimes qui ont souffert dans leur chair et dans leur sang sans se soucier de l’impérieuse nécessité de justice ».
Au cours de cette rencontre qui a vu la présence des défenseurs de droits de l’homme à l’image du Pr Cheikh Saadbouh Kamara, sociologue professeur des universités, de Me Fatimata Mbaye (Amdh), de Mamadou Moctar Sarr et Lala Aïcha Sy (Fonadh), de Bâ Mamadou Alassane (parti Plej opposition), Houley Sall (présidente collective des veuves), les voix se sont encore élevées pour demander la mise en place d’une commission « Vérité/Réconciliation » à l’image de ce qui s’est passé au Maroc ou encore en Afrique du Sud pour «qu’en de pareilles circonstances, les coupables rendent des comptes » et demandent au besoin le pardon et la clémence.
Par ailleurs, les intervenants ont demandé à ce que les défenseurs fassent une autocritique et une analyse du chemin parcouru jusque-là. « Nous devons faire une autocritique. Ce sont les cadres négro mauritaniens qui sont complices dans ce désastre et ce sont eux qui soutiennent aujourd’hui Aziz » martèle Bâ Mamadou Alassane pour qui, il faut un dialogue national pour le partage des richesses du pays.
Pour le Pr Kamara, « la justice se fait à plusieurs niveaux car il y a des crimes extrajudiciaires. Mais l’essentiel c’est de lutter pour que justice soit faite ». Selon lui, « il faut un devoir de mémoire, de vérité et de justice pour que les responsables soient traduits devant les juridictions nationales ou internationales ». Pour ce faire, il faut selon le professeur Kamara, une sensibilisation auprès des élus, de la presse, des notables, autrement dit une sensibilisation de proximité. « Nous espérons que d’ici à mars 2011, il y aura des mandats d’arrêts contre Taya et les autres tortionnaires parce que les plaintes sont déjà déposées partout » indique le président du comité de suivi pour qui, 915 victimes ont été recensées dont 570 militaires. Quant à Me Fatimata Mbaye elle a déclaré : « ce que j’ai entendu aujourd’hui, me rassure davantage » avant de révéler les manœuvres orchestrées par un colonel proche de Aziz lors de la préparation de la visite de Kaédi du 26 mars 2009 à l’occasion de laquelle le président Aziz avait promis le règlement du passif humanitaire. « Nous ne sommes pas contre les maures, nos frères mauritaniens, mais nous exigeons un devoir de mémoire et de justice » a-t-elle indiqué. Les conférenciers ont demandé la prise en compte des victimes civiles tuées dans les villages et dont on ne parle pas. Une liste des 28 pendus d’Inal a été dressée et distribuée à la presse pour dire « Non au racisme, à l’oubli et à l’impunité » mais « Oui à la justice ».
Compte rendu Ibou Badiane


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