Allocution du président de l’IRA à Barcelone   
05/09/2010

Ci-dessous l’allocution prononcée le 3 septembre par M Biram Ould Dah Ould Abeid  président d’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste de Mauritanie à l’occasion du forum-conseil général du Parti Radical non-violent transnational et transpartis à Barcelone, Espagne, du 03 au 05 septembre 2010.



Je saisis cette occasion pour exprimer solennellement  mes plus chers remerciements aux organisateurs de cet imposant forum du Parti Radical non-violent Transnational et Transparti et  qui ont bien voulu m’inviter pour participer aux activités de leurs travaux dont les résultats sont attendu avec beaucoup d’espoir par l’ensemble des victimes de l’iniquité à travers le monde. Je citerai particulièrement le président Marco Pannella et madame Emma Bonino vice-présidente du sénat italien.
 
Ce conseil général de votre parti, constitue pour le militant des droits de l’homme que je suis un cadre idéal pour faire connaître l’ampleur de l’injustice instaurée dans mon pays la Mauritanie, depuis bientôt cinquante ans, c’est-à-dire, un demi siècle durant, par le système de la minorité arabo-berbère qui impose une gouvernance raciste et esclavagiste à la barbe du monde libre et nargue la communauté et la justice internationales.
 
 Loin de toutes valeurs humaines de justice et d’égalité, les haratines (esclaves et anciens esclaves de Mauritanie) groupes prédominants au plan démographique avec un 50 % de la population nationale sont en grand nombre soumis à l’esclavage, à l’exclusion et à la marginalisation systématique.
 
 Le racisme d’Etat s’érige en loi et en mentalité auxquelles les noirs, c’est-à-dire la majorité écrasante de la population, sont opiniâtrement et aveuglement soumis pour défendre des privilèges indus au nom du chauvinisme, du fascisme et de l’ethnicité arabe aux relents d’un nazisme exacerbé.
 
•         Diagnostic :
 
Cependant, pour plus de clarté, permettez-moi, Mesdames et Messieurs les participants, de procéder à un rapide diagnostic de la situation en République Islamique de Mauritanie que caractérisent, en l’occurrence, deux grandes formes d’injustices et de violations des droits de l’homme qui affectent hélas aujourd’hui tous les niveaux de la vie des Noirs : politiques, économiques et socioculturels. Or une telle analyse ne saurait être complète que lorsqu’elle s’axe sur deux points : d’abord, l’esclavage ; ensuite le racisme d’Etat.
 
1-      l’esclavage :
Il y a lieu de rappeler, de prime abord, que la République Islamique de Mauritanie est le pays qui détient le record des absolutions de l’esclavage à travers le monde. C’est aussi l’Etat qui possède l’arsenal juridique le plus impressionnant mais qui reste envers et contre tout, rangé dans les tiroirs au grand bonheur des esclavagistes qui pullulent.
 
Plus d’un demi millions de personnes demeurent soumis à l’esclavage grâce à la diligence entre les maîtres arabo-berbères et les autorités publiques. En effet les uns et les autres sont deux faces pour une même monnaie. Ayant soumis depuis plusieurs siècles les haratines, ils s’évertuent à les garder dans les fers du servage pour garder des privilèges ataviques et logiquement indus.
 
Ainsi s’affairent-ils à innover de manÅ“uvres pour maintenir l’esclavage à travers le ralentissement du rythme de l’émancipation de plus en plus fatale et inexorable. Et pour arriver à ce dessein, l’Etat n’hésite pas, cependant, au blocage pur et simple de l’application des lois existantes, à multiplier les insinuations par le truchement du système judiciaire et ses auxiliaires qui se voient contraints de faire office de protection des contrevenants au préjudice des victimes, lesquelles  sont soumises à toutes les formes de pressions (intimidation, chantage, arnaque, etc.).
 
A cet effet, force est de vous énumérer quelques uns des très nombreux cas de dossiers détenus par IRA- Mauritanie et qui du fait de la connivence entre les autorités judiciaires, sécuritaires et administratives avec les propriétaires d’esclaves n’ont fait l’objet d’aucun règlement.
 
Ils se heurtent  à un non recevoir du à l’identification de l’Etat à la seigneurie esclavagiste dont sont issue presque la totalité des fonctionnaires administratifs et judiciaires. Cette réalité doublée de la nonchalance manifeste vis-à-vis du règlement des cas soumis est un secret de Polichinelle. Il suffit de se référer aux innombrables rapports des organisations internationales des droits de l’homme pour s’en rendre compte. Car l’absence de volonté politique en matière d’éradication de ce fléau ne fait l’ombre d’aucun doute.
 
2-      Le racisme d’Etat :
Avec la discrimination tous azimuts qui frappent les Noirs : Haratines (esclaves et affranchis), tout comme les ensembles Négro-africains (Pulaar, Soninké et Ouolf, Bambara) seuls 20 % de beydhanes (blancs ou arabo-berbères) s’isolent de façon démesurée et flagrante avec tous les pouvoirs : politique, judiciaire, sécuritaire, militaire, financier.
 
 Les quelques noirs vus çà et là en guise de coloration sont l’arbre qui cache la forêt. En effet, sur les 30 ministres que compte aujourd’hui le gouvernement 23 sont blancs, pour ne citer que cela. Les recrutements des fonctionnaires dans les corps civils (administration, justice…) et les officiers dans les corps militaires et paramilitaires (armées, gendarmerie, garde, police et douanes) sont soumis à des critères discriminatoires qui excluent de façon quasi-totale les Noirs.
 
Ils sont en général arbitrairement  bloqués au tableau d’avancement de manière à justifier la prédominance des arabo-berbères aux hauts postes de responsabilité.
 
Il est arrivé que cette stratégie de barrage systématique nourrisse des parenthèses de sang en 1986 puis 1987 ; mais surtout le cycle d’épuration raciale en 1989 sanctionné par la déportation des Négro-africains au Sénégal et au Mali.
 
Mais l’apothéose fut le génocide perpétré entre 1990 et 1991 par le système dominant Beydhane et dont les véritables mobiles se résumaient à deux points ; d’abord une politique de vidage visant à susciter un déséquilibre ethnocentrique défavorable aux ensembles noires ; puis à défaut de bloquer les revendications identitaires des communautés négro-africaines et haratines les affaiblir par l’enclenchement d’une forte dynamique d’arabisation dont le but est l’aliénation culturelle en vue de faciliter l’assimilation pure et simple des Noirs et préserver l’hégémonie arabo-berbère. A cet effet les pouvoirs ont toujours compté et comptent, aujourd’hui, encore sur une synergie d’efforts entre les mouvements nationalistes arabes et islamistes esclavagistes, et, la féodalité, lesquels partagent le désir commun de pérenniser l’assujettissement des Noirs et les soumettre à leur reflex de domination.
 
Pour concrétiser ce projet hégémonistes, le système dominant instrumentalise systématiquement tous les médias publics (radios, télévisions et journaux), après avoir embastillé l’écrasante majorité de la presse privée en vue d’atrophier l’image du Blanc au préjudice de celle du Noir.
 
Dans ses stratégies soigneusement copiées aux régimes racistes de l’ex-Irak, la Syrie et le Soudan, on assiste actuellement, comme par le passé, à une institutionnalisation systématique de la discrimination. Un racisme d’Etat est instauré. Et la situation, n’augure d’aucune volonté de changement ni dans le court, ni dans le long terme.
 
Eu égard aux défis dangereux et grandissimes qui jalonnent la voie de l’éradication de l’esclavage et du racisme d’Etat rampants, dans ce qui constitue inéluctablement, aujourd’hui,  l’un de leurs derniers grands bastions, la Mauritanie, IRA se propose de fonder un partenariat avec la société civile et politique européenne devant avoir pour objet l’ensemble des problème dont souffre notre pays et lesquels constituent, de plus en plus, une source évidente d’instabilité et d’insécurité dans un Etat déjà en proie à de graves tensions et dans une sous-région en bute à une montée vertigineuse du crime transnational et organisé.
 
•         Ce partenariat doit avoir pour objectifs de :
  Susciter chez les autorités mauritaniennes une volonté sincère et sans équivoques de lutte contre les deux fléaux dont sont victimes les haratines en particulier et les noirs en général, à savoir, l’esclavage et le racisme d’Etat, lesquels sont l’un et l’autre des formes abjectes de discriminations et partant des violations graves des conventions et lois internationales ;
  Créer de véritables pôles de pression sur le régime en Mauritanie pour appliquer toutes les conventions et lois internationales ratifiées sur l’esclavage et la discrimination ;
  Organiser des visites périodiques des partenaires étrangers afin d’apprécier la situation de l’esclavage et évaluer les actions menées par IRA ;  
  Lever le blocus sur l’application de l’arsenal juridique national et Å“uvrer en vue de les améliorer ;
Sensibiliser les pouvoirs publics européens sur les proportions démesurées d’atteintes par les violations graves des droits de l’homme en Mauritanie et leur anachronisme qui en fait le dernier refuge de l’esclavage primitif et de l’hégémonie raciste et raciale ;
  Fournir de l’expertise à IRA-Mauritanie pour dynamiser, mobiliser et  redéployer ses cadres pour une meilleure exploitation de nos ressources humaines ;
Accorder un appui financier et logistique qui permettra à IRA- Mauritanie de faire face aux défis dus à l’hostilité et surtout au désengagement de l’Etat qui parraine la domination des segments arbo-berbères à travers l’acharnement et le torpillage de toutes nos actions. Ceci permettra de financer des microprojets en faveur des esclaves et anciens esclaves.
  Aider IRA- Mauritanie à créer des antennes, des points focaux et des PC sur l’ensemble du territoire (départements, régions et adwaba, c’est-à-dire agglomérations exclusivement peuplées par les esclaves et les anciens esclaves) ;
  Concevoir une stratégie efficiente pour une communication régulière entre les différents responsables de IRA- Mauritanie, mais aussi entre notre organisation ses autres partenaires ainsi que l’opinion publique nationale et internationale ;
  Elaborer une stratégie de capitalisation des actions de IRA (enregistrement) ;
  Créer des outils pour le renforcement des capacités organisationnels d’IRA- Mauritanie.
 
Un tel partenariat né d’une volonté sincère motivée par le désir de contribuer à la défense des droits individuels et collectifs des populations soumises à l’injustice constituera, nous en sommes convaincus, un appui considérable non seulement à  IRA- Mauritanie dont le but est l’édification de l’Etat de droits, mais encore à tous les assujettis du pays qui font aujourd’hui l’objet de pratiques esclavagistes et traitements racistes d’un système de domination préétabli sur le principe de ségrégation raciale. Je vous remercie de votre attention.
 
BiramDah   ABEID                                                                                           
Président d’IRA-Mauritanie
 Centre de Culture Contemporaine  de Barcelone 
 Le 3 septembre 2010


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Commentaires
visiteur

2010-09-16 15:50:28

c ridicule

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