Depuis quelques mois, nous observons que la situation sociale du pays se dégrade et s’empire de jour en jour rendant la vie des travailleurs plus difficile voire invivable. Monsieur le Président, nous n’ignorons pas que la situation
socioéconomique actuelle du pays est difficile, mais le plus tragique est cette situation où des pères de familles passent des semaines et des mois successifs sans emploi pour faire manger, soigner, vêtir, enseigner leurs enfants et faire face aux autres multiples charges et obligations. Les causes sont nombreuses et multiformes dont notamment : 1-La dégradation brusque et brutale du pouvoir d’achat chez le travailleur en activité ou chômeur qui, tous se retrouvent dans la même situation critique due aux : - Arriérés de salaire de plusieurs mois non payés - Suppression des droits des travailleurs tels que : primes, indemnités, heures supplémentaires et autres éléments du salaire ce qui fait que les salaires sont en dépréciation grave ; - Manque de revenu par l’absence des activités génératrices de revenus et de richesses ; - Hausse exorbitante des prix des denrées de première nécessité notamment : + Tarif de l’eau et électricité hors de portée du fonctionnaire ; + Coût élevé de l’hospitalisation et des produits pharmaceutiques ; + Coût élevé du transport urbain et interurbain, compliqué par l’anarchie qui le caractérise. 2- L’absence de la protection sociale et d’un régime d’assurance maladie aux catégories extérieures à la fonction publique ; 3- La sous-traitance ou location de la main-d’œuvre qui aujourd’hui prend la forme de l’esclavage et des pires formes de l’exploitation de l’homme par l’homme sans que l’état n’intervienne pour protéger les victimes de telles pratiques ; 4- Le non respect des textes et lois en vigueur dans le pays ; 5 - La justice est devenue un lieu lugubre où les droits des travailleurs s’usurpent, les dossiers des conflits de travail s’accumulent dans les tribunaux de travail sans jugement, et les rares jugements produits ne sont pas exécutables ; 6 - L’administration du travail est loin de remplir son rôle d’arbitre en charge de faire respecter l’application des textes et normes du travail ; 7 - Les lois et textes régissant la main-d’œuvre étrangère dans notre pays sont désuets et nécessitent une révision en vue d’une meilleure protection des nationaux et de création d’emplois. 8 - L’arbitraire et les abus dont sont victimes les travailleurs sont devenus multiples : 9 - Le travail forcé non rémunéré dans les formes modernes où on oblige le travailleur à faire des heures supplémentaires impayées contre son gré; 10 - L es frais de missions effectuées non payés ; 11 - L’utilisation du travailleur dans n’importe quel boulot autre que sa profession ou sa spécialité, devenant ainsi un outil corvéable entre les mains des responsables ou chefs d’entreprises, en violation des principes des droits de l’homme ainsi que des conventions et règles de droit ; 12 - Les ruptures de contrats abusifs deviennent une pratique courante quotidienne ; Ajouter à cela une autre situation plus criante et grave, il s’agit de l’injustice et la discrimination pratiquées à grande échelle dans notre pays ; c’est ainsi que les pratiques de discrimination sont assez répandues et se caractérisent par : - Très forte discrimination devant le recrutement à la fonction publique et dans tous les emplois publics ou privés y compris l’armée sur la base soit de la couleur, soit de la stratification sociale, c’est une situation, qui aujourd’hui frôle les lignes rouges. Cette situation indigne et avilissante doit être incluse dans les priorités des priorités de l’état que nous voulons : Etat de droit, garant des droits fondamentaux à tous nos citoyens et créant les conditions propices à leur développement et à leur promotion sans discrimination aucune. Pour remédier à tout cela la confédération libre des travailleurs de Mauritanie demande :
1- Résolution des problèmes liés aux retards des salaires et aux violations constantes des droits des travailleurs ; 2- Augmentation substantielle des salaires ; 3- Révision des textes de base du travail notamment la convention collective générale dont la première révision date de 1974, le code du travail et le statut général de la fonction publique en vue de leurs cohérences et efficacités ; 4- Mise en place d’un mécanisme à même de réguler l’emploi de la main d’œuvre dans notre pays aussi bien des nationaux que des étrangers vivant sur le sol mauritanien ; 5- Asseoir une politique de l’emploi cohérente visant à créer de l’emploi et des activités génératrices de revenu ; 6- Création des conditions propices permettant à la justice de remplir normalement sa mission particulièrement les tribunaux du travail ; 7- Mise en place d’un système de protection sociale plus large et plus complète ouverte à toutes les catégories des travailleurs du public et du privé ; 8- Convocation immédiate des partenaires sociaux à l’effet de discuter de cette situation complexe. Enfin la confédération libre des travailleurs de Mauritanie est disposée à collaborer positivement avec toutes les parties concernées en vue de réaliser ces différents objectifs. Espérant que ce mémorandum rencontre l’attention nécessaire, je vous prie Monsieur le Président d’agréer l’assurance de mes salutations distinguées. Confédération libre des travailleurs de Mauritanie(CLTM) Le Secrétaire Général SAMORY OULD BEYE
|