Vulgarisation des droits humains en milieu scolaire : Une première en Mauritanie   
12/05/2009

L’Association des femmes chefs de familles (Afcf) en collaboration avec le Projet d’Appui à la société civile et à la bonne gouvernance (Pasoc) organise en milieu scolaire des séances d’information et de sensibilisation sur la promotion des droits humains, notamment de la femme.



Sous l’impulsion des professeurs formés à cet effet, ce projet vise à contribuer au renforcement de la place de la femme dans la société et oeuvrera pour l’égalité homme/femme à travers la vulgarisation, la diffusion des droits de la femme auprès de la vie publique et des populations.

L’objectif principal visé est de parvenir à instaurer un plaidoyer auprès des décideurs pour la levée des réserves sur la convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et pour l’amélioration du contenu du Code du statut personnel.
C’est ce qui a amené les initiateurs et les animateurs de ce projet a organisé ce dimanche 10 mai 2009 au collège privé Dioukhamadiya une séance de sensibilisation qui a réuni des professeurs, des élèves de collège et lycée de ce groupe scolaire qui se sont planchés sur le projet. D’emblée, le professeur Tandian Dahaba a tenu à expliquer le canevas de travail sous la houlette du directeur du collège M. Sarr Amadou, le modérateur. Ensuite, son collègue, M. Wane, s’est évertué à définir le concept de droits humains pour donner un éclairage suffisant aux élèves. Pour ce faire, il a fait allusion au philosophe Jean Jacques Rousseau qui disait que « les hommes naissent tous libres et égaux Â». Il fera également une brève genèse sur les droits de l’homme en s’appuyant sur la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.
Pour sa part, Salimata Sy, chargée de la formation à l’Afcf, dira qu’il s’agit d’impliquer le milieu scolaire dans la sensibilisation, la vulgarisation et la promotion des droits de la femme. Pour ce faire, elle a incité les élèves à plus d’écoute pour mieux saisir la quintessence du projet. Il faut également noter que le projet est financé par le Pasoc et piloté par l’Afcf.

Un travail de groupe nécessaire

Après ces exposés sur la façon de travailler pour parvenir aux objectifs visés, les élèves se sont divisés en trois groupes de travail encadrés par les professeurs Tandian, Wane et Diallo Issa. Les thèmes choisis étaient en rapport avec l’éducation des filles refusée par leurs pères qui ont privilégié les garçons. C’est dire que l’objectif recherché était qu’au sortir de cette animation, les participants doivent être sensibilisés à propos des droits humains, notamment ceux de la femme en général et au droit à l’éducation en particulier. Aussi, à la fin de la session d’animation, les participants seront suffisamment outillés pour vulgariser les informations relatives aux droits humains, et de la femme notamment sous forme d’exposés débats.
C’est ainsi que des exposés ont été présentés par des élèves qui ont tous posé la problématique, préconisé des solutions et proféré des conseils aux parents en déperdition. Auparavant le professeur Tandian a tenu à clarifier le concept en ces termes : «Les droits de la femme sont un thème capital. Nous avons voulu créer à travers celui-ci un réseau au niveau de l’enseignement. Dans ce cadre, le groupe scolaire privé Dioukhamadiya dont certains professeurs ont bénéficié de cette formation en droits humains ont travaillé avec les élèves pour présenter les droits de la femme en lui donnant une dimension pédagogique pour faire participer les élèves de tous les niveaux pour qu’ils représentent le relais pour asseoir un nouveau comportement qui pourrait conduire à des changements d’attitude salutaire pour notre société. Au bout du conte on souhaiterait que cela soit pris en compte dans les programmes scolaires pour dire que déjà quelque part cela a pris forme avec les compétences de vie courante (cvc). Et peut-être l’instruction civique qui doit pouvoir intégrer beaucoup de thèmes qui sont véhiculés par les droits humains Â».
En ce qui concerne la méthode, les professeurs ont voulu dépasser la phase purement académique. « Nous inspirons d’une approche pédagogique qui est en vigueur dans les classes qu’on appelle l’approche par compétence. Parce qu’il faut que ce qu’on ordonne aux élèves les touchent directement pour qu’ils se sentent concerner et interpeller. Et de ce fait, ils vont mobiliser l’ensemble des ressources dont ils disposent pour relever le défi Â» indiquait-il.

A partir de maintenant, le complexe fille/garçon avec le privilège accordé au garçon doit pouvoir disparaître. Car, ce sont ceux-là mêmes les principaux acteurs qui vont mener la lutte pour la vulgarisation, la promotion des droits de la femme et son émancipation pour une société juste et égalitaire.
Pour sa part, Salimata Sy, chargée de la formation à l’Afcf et du pilotage du projet objet de la sensibilisation, « nous avons voulu intégrer les professeurs dans ce travail parce que le milieu éducatif est très important pour le futur citoyen mauritanien qu’ils produisent. Nous avons jugé nécessaire d’associer les élèves pour préparer de futurs citoyens éduqués, bien imprégnés par rapport à la question des droits humains en particulier ceux de la femme. Nous leur expliquerons l’égalité entre l’homme et la femme, de les édifier sur les discriminations féminines qui sévissent dans notre pays. Il faut qu’ils sachent que le droit à l’éducation est pour tous sans exclusion de sexe. Nous en tant que ong activant dans ce domaine, voulons créer un équilibre dans la société. Et on ne peut y accéder qu’en passant par la base, c’est-à-dire le milieu éducatif scolaire».

Pour ce faire, les instruments de référence sont la déclaration universelle des droits de l’homme, les conventions internationales ratifiées par la Mauritanie, les textes réglementant les droits humains et le code du statut personnel que les promoteurs du projet véhiculent. Un travail de longue haleine que les initiateurs et participants s’emploient par séquence et par séance. Ce projet qui a démarré en décembre dernier, porte sur 12 mois.


Des exposés édifiants

Ahmed Sidi Bouya, l’un des premiers élèves à exposer dira que Â« La recherche de la connaissance peut se faire par séquence. Les filles, les garçons, les femmes et les hommes sont tous pareils et égaux Â» confiait-il. Dans son exposé il fera allusion au comportement du vieux Hamdou, personnage mis en exergue pour expliquer la discrimination subie par la gente féminine. 
Le vieux Hamdou a décidé d’envoyer à l’école uniquement que les garçons privant ses filles du droit à l’éducation. «Ceci est dangereux car c’est contraire à l’égalité entre l’homme et la femme Â» concluait-il en promettant de faire la sensibilisation pour mettre fin à ce genre de comportement.
Quant à Ndeye Awa Diop «un père qui refuse d’emmener sa fille à l’école lui prive le droit à l’éducation. Car sa connaissance pourra la servir et sa famille aussi. Peut-être elle pourra réussir dans ses études et il y a un proverbe qui dit que « celui qui a planté un arbre n’a pas vécu inutilement Â».
A son tour, Alassane Soumaré, élève de terminale dira que « le problème de la discrimination de la femme au sein de la société se pose à cause d’une mentalité d’un autre âge. La fille est reléguée au second plan au profit du garçon sans aucune forme d’objectivité Â» avant de s’adresser aux parents qui rejettent l’éducation des filles pour leur dire que Â« nous reprochons une mentalité rétrograde qui hypothèque l’avenir des filles Â». Pour les élèves exposant « Cette attitude doit changer pour le bien de la société dans laquelle l’élément féminin est très représentatif Â». Et par conséquent, « les parents doivent faire de l’éducation des filles une priorité et les garçons, le devoir de jouer un rôle de premier rang dans l’émancipation de la femme pour un développement durable Â». Car, dira Alassane, « Qui éduque un homme éduque un citoyen, qui éduque une femme, éduque un peuple Â».

Ibou Badiane


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés