La fête du 08 mars consacrée aux femmes a été célébrée en Mauritanie à l’instar du reste du monde. Cette opportunité est saisie par des femmes mauritaniennes pour poser leurs plates formes revendicatives contre la discrimination et les violences perpétrées à l’égard des femmes.
Cette année, des femmes mauritaniennes avaient une autre préoccupation. C’est le lancement d’une campagne pour mettre un terme aux discriminations et aux violences à l’égard des femmes en Afrique. C’est sur initiative de la Fédération Internationale de Défense des Droits Humains (Fidh) qui a réuni des organisations non-gouvernementales, internationales et régionales de défense des droits de l’homme en général que plus d’une centaine d’organisations travaillant dans ce domaine et présentes sur tout le continent africain, ont lancé cette campagne de sensibilisation et de plaidoyer pour mettre fin aux violences et autres formes de discriminations à l’égard des femmes. Il faut souligner que ce 08 mars 2009 coïncide avec le 30ème anniversaire de l’adoption de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) par l’assemblée générale des Nations unies en 1979. C’est cette convention qui est le texte de référence en matière de protection des droits des femmes au niveau international qui demeurera le soubassement de cette campagne dont les objectifs sont entre autres, «obtenir des engagements concrets au niveau international, des réformes au niveau national et la démonstration d’une volonté de la part des Etats africains de faire respecter ces évolutions». Selon les termes de références de la campagne qui va durer deux ans, c’est pour « exercer une réelle pression sur les Etats, les amenant à ratifier les conventions africaines et internationales protectrices des droits des femmes, à supprimer leurs lois et coutumes discriminatoires, à adopter d’autres lois protectrices des droits des femmes et à tout mettre en œuvre pour garantir leur application … ». C’est sous ce rapport qu’une déclaration de campagne a été élaborée pour rappeler aux gouvernements nationaux qu’ils « sont les premiers responsables de la mise en œuvre pour garantir le respect des droits humains des femmes». L’AFCF et l’AMDH face à la presse Dans le cadre de la célébration du 08 mars, l’Association des Femmes Chefs de Familles (AFCF) a organisé un point de presse au cours duquel elle a tenu à exprimer son engagement à participer activement à la campagne lancée pour « mettre fin aux discriminations et aux violences à l’égard des femmes en Afrique ». Une conférence de presse organisée conjointement avec l’Association Mauritanienne de Défense des Droits de l’Homme (AMDH) a été l’occasion pour ces acteurs de la société civile de réaffirmer leur ferme conviction à œuvrer pour l’amélioration des conditions de la femme africaine en général et mauritanienne en particulier. Dans son intervention, Mme Aminetou Mint El Moctar, présidente de l’AFCF, a déclaré : «Nous mauritaniennes, oeuvrerons pour participer activement à la campagne pour la ratification de la chartre africaine des droits de l’homme et des peuples » adoptée en 2003 pour garantir aux femmes leurs droits fondamentaux. Un parterre de femmes membres des deux associations ont répondu présentes et ont exprimé leur détermination à participer à cette campagne en Mauritanie qui doit toucher non seulement toutes les 9 moughataa de Nouakchott mais aussi toutes les wilayas (régions) du pays pour amener les autorités mauritaniennes à ratifier la convention contre la discrimination et les violences à l’égard des femmes mais aussi et surtout la respecter et lever certaines réserves émises par rapport à cette convention. Pour Mme Aminetou mint El Moctar : « On a souvent fait du 08 mars une fête de vente des choses pour assurer les revenus alors qu’il fallait parler des problèmes de discriminations auxquelles les femmes font face ». C’est pourquoi, cette année, les femmes mauritaniennes veulent mettre en exergue cette lutte pour mettre fin aux discriminations et autres formes de violences à l’égard de la gent féminine. Pour sa part, Mme Oulèye Moctar de l’AMDH, dira : « Cette campagne doit concerner tout le monde, car, poursuit-elle, le droit des femmes, ce n’est pas seulement pour les femmes mais pour tout le monde. C’est pourquoi, nous voulons associer à la campagne les Ong, les enseignants …toucher tout le monde ». Et d’ajouter : «On ne peut pas prétendre au développement en Afrique sans l’émancipation des femmes ». De son côté, M. Amadou Mbow, fera un résumé succinct de la lutte qui doit être menée durant deux ans pour l’amélioration du vécu quotidien des femmes. «La campagne doit s’investir de façon dynamique pour la donner un sens au plus large du terme », déclare-t-il. « Nous avons demandé à la Mauritanie la levée de la réserve, notamment sur l’article 16 relatif au divorce». C’est le moment choisi par l’Imam Mohamed El Béchir membre de l’association des Oulémas pour donner la caution morale de l’Islam. Toutefois, il a précisé que dans ce débat en question, il y a en Islam ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Et il sera difficile d’envisager une éventuelle négociation dans ce sens. Me Bilal Ould Dick, avocat au barreau de Nouakchott, membre du réseau des associations de défense des droits humains, a exprimé sa réserve quant à l’application des lois relatives à la discrimination des femmes. Car, selon lui, il y a toujours problèmes en Mauritanie dans l’application des textes internationaux, d’où son inquiétude de voir les autorités lever la réserve de l’article 16 de la convention.
Ibou Badiane
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