Le Messager de la Miséricorde, tel est l’attribut qui résume le mieux la mission du Prophète de l’islam, Sidna Mohamed, paix et prière sur Lui, continuation et clé de voûte des religions révélées, dont la teneur n’en revêt que plus d’actualité alors que nous fêtons, en ce 12 Rabii 1er 1430 (correspondant au 10 mars 2009), l’anniversaire de la venue au monde du Sceau des Prophètes, porteur du message divin ultime à l’adresse de l’humanité.
De fait, la miséricorde mohamédienne apportée aux humains se révèle dans tout son éclat à travers la conduite exemplaire du Sceau des Prophètes, dont les menus faits et gestes étaient un livre ouvert pour ses contemporains, pour en tirer exemple dans leur ligne de conduite et leur comportement sociétal et en transmettre les enseignements à autrui. "Sa conduite était l’illustration vivante (des enseignements) du Coran". C’est ainsi que l’épouse du Prophète Aïcha, que Dieu l’agrée, qualifie l’exemplarité de la conduite prophétique. C’est par cette exemplarité et cette stricte conformité aux commandements divins consignés dans le Saint Coran que le Prophète a pu métamorphoser une société archaïque et grégaire à la traîne dans tous les domaines, pour en faire une communauté modèle aux plans moral et structurel, une société solidaire et unie par des attaches affectives solides, et ce en un laps de temps jamais vu à travers l’histoire. C’est bien la marque la plus indélébile de la dimension transcendantale du message de l’Islam. En effet, c’est la singularité du message coranique que d’avoir transformé la société arabe jahélienne, minée par les luttes intestines et bâtie sur la rapine et la solidarité tribale, en une communauté qui se reconnaît dans un système de valeurs transcendantal, qui banni les replis sur soi en référence à la race, l’ethnie, le sectarisme ou l’exclusion de l’autre. C’est cette vocation universaliste de l’islam, en tant que continuation et couronnement des religions monothéistes antérieures qui a fondé la propension naturelle de l’islam à fondre, depuis des siècles, dans son moule un spectre diversifié de nations, communautés, peuples et groupes de diverses races et origines. Dans l’aire géographique de l’Islam, ont ainsi émergé au fil des siècles, des sociétés florissantes qui ont brassé les apports divers pour donner au monde un modèle de civilisations rayonnantes ayant enrichi le patrimoine humain par leurs contributions dans les différents domaines du savoir, des sciences, de la culture et des arts. Ainsi l’enseignement du Prophète, paix et bénédiction sur lui, loin de véhiculer une vision égocentrique qui cultive un discours sectaire et apologiste d’une nation ou d’un peuple donnés, supposés avoir la prééminence par référence à un système de valeur temporel et séculier, se décline comme le jalon ultime qui clôt la chaîne de missions prophétiques en ce qu’elles appellent à l’unicité de Dieu et à son adoration, à l’exclusion de toute autre idole, avec tout ce que cela implique comme prescriptions dont l’observance détermine le salut de la personne humaine, abstraction faite de sa race, son origine ou sa stature sociale.
Au regard, tant de son éthique personnelle que des prescriptions édictées pour l’ensemble de la collectivité, l’enseignement prophétique reste un exemple inégalé dans l’histoire humaine. Les faits et gestes du Messager de Dieu ont valeur d’exemplarité pour le commun des mortels : la tradition foisonne de menus gestes sur la grandeur de la conduite du Prophète. Il est ainsi rapporté dans les hadiths qu’il aimait à raccommoder lui-même ses effets, pour ne pas être obligeant envers les siens et ses proches. Il était compatissant et d’une compagnie fort agréable, s’abstenant de toute réprimande envers les siens : "Il ne m’a jamais dit pourquoi tu n’a pas accompli telle tâche ou pourquoi tu as fais telle autre chose", raconte le compagnon Anas, qui a servi durant sa tendre jeunesse le Prophète. D’autres hadiths racontent en diverses versions les péripéties d’un Bédouin qui s’est permis par ignorance de souiller la mosquée de Médine, sur le regard placide et indulgent du Prophète, qui a recommandé à ses compagnons de ne pas le déranger, quitte à ensuite l’instruire avec indulgence et magnanimité sur les égards dus aux lieux du culte. Si au plan de la morale personnelle la vie du Prophète fut un modèle, de l’avis même de sages de ce monde à l’impartialité reconnue, les règles communautaires édictées au fil de la révélation coranique, ont accouché d’une société bâtie sur le socle solide de la foi et l’attachement aux valeurs d’humanisme où le libre choix confessionnel est valorisé à travers un discours qui interpelle la raison et le bon sens, bien le mieux partagé par tous. C’est un appel magistral à la conscience humaine pour s’interroger sur l’inanité des entreprises humaines en quête de gloire factice et de faste trompeur, tant le mérite des actions se mesure à l’aune de leur convergence avec l’idéal coranique d’une communauté humaine prônant le juste milieu, bannissant l’injustice, compatissante et solidaire envers les pauvres et les catégories fragiles de la société. Une société maîtresse de son destin et de la manière de gérer ses propres affaires dans la conformité à la choura (consultation des membres de la communauté) pour autant qu’elle ne transgresse pas les prescriptions unanimement admises en référence à la tradition. C’est ainsi que la règle prophétique: "Vous être plus à mêmes de savoir ce qui convient pour vos affaires terrestres " ouvre un large champ à l’homme pour exceller dans les différents domaines, pourvu qu’il s’en tient à ne pas empiéter sur la sphère de la Révélation. (MAP).
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