Des mauritaniens ont manifesté lundi 6 juin devant l’Assemblée nationale, où se déroulait une plénière consacrée à la discussion d’un accord de pêche entre la Mauritanie et une drôle de société chinoise (Poly-HoneDone Pelagic Fishery) à laquelle des concessions énormes ont été accordées.
Parmi ces concessions jamais obtenues par des partenaires, le démarrage de la construction de l’usine sans l’accord du Parlement, l’autorisation de pêcher en attendant la réalisation des investissements promis, des exonérations à tour de bras, l’usage de matériels de pèche prohibés (chalut de bœuf), le non débarquement des captures et leur commercialisation hors SMCP, donc l’absence du contrôle des entrées en devises. Des chinoiseries dont le mérite reviendrait à deux ministres nuls, faiblards et inexpérimentés: Sidi Ould Tah et Eghdhavna Ould Eyih, très bien appréciés en haut lieu. Une autre manifestation organisée par les jeunes du 25 février a eu lieu à egalement l’assemblée nationale et la police a effectué plusieurs interpellations parmi les jeunes. La manifestation s’est produite juste après le vote favorable à cet accord de pêche controversé obtenu grâce à la Majorité parlementaire qui vote mécaniquement tous les textes soumis par le Gouvernement. Des députés de cette mouvance ont reçu des œufs pourris de la part de certains membres de l’assistance à la séance plénière qui se sont dits choqués par les argumentaires "hypocrites et minables" des députés de la Majorité parlementaire. Les députés bombardés ont crié par la suite au "complot de l’opposition". Complot avec des œufs pourris? Des dizaines de jeunes membres de la mouvance du 25 février ont de nouveau manifesté, mardi 8 juin devant l’assemblée nationale, pour exiger la libération de jeunes arrêtés la veille après avoir manifesté contre un accord de pêche considéré comme «scélérat». Des députés de l’opposition ont organisé le 10 juin un sit-in devant la direction régionale de la sureté pour demander la libération des jeunes. Ces élus se sont rendus dans la même journée à Nouadhibou mais ont été empêchés par des gendarmes zélés d’accéder au domaine maritime concédé par l’Etat mauritanien à Poly-HoneDone.
Le chef de l’opposition mauritanienne, Ahmed Ould Daddah, a dénoncé le 8 juin l’accord de pêche le qualifiant de "dangereux". "C’est un accord dangereux pour le pays, il permet l’usage de bateaux interdits par les conventions internationales, qui vont racler nos fonds marins et éliminer nos ressources halieutiques", a déclaré M. Ould Daddah à l’Afp. L’accord, portant sur 25 ans, a été signé le 7 juin 2010 entre la Mauritanie et la société chinoise Poly Hondone Pélagic Fishery Co., pour la construction et l’exploitation d’un complexe de pêche industrielle à Nouadhibou (nord-ouest). Le complexe, qui sera opérationnel d’ici à 2012 pour un coût global de 100 millions de dollars (plus de 68 millions d’euros), comprend notamment une usine de transformation de poissons, une unité de congélation, un atelier de fabrication de petites embarcations, une fabrique de farine de poissons. Ce complexe, d’où sortiront 100.000 tonnes de produits issus des poissons pêchés, devrait créer 2.500 emplois destinés aux Mauritaniens «qualifiés». Alors que la majorité a mis en avant ses "aspects avantageux qui en font le premier accord d’importance dans le secteur, à des conditions incitatives pour les investisseurs étrangers", l’opposition y a vu "une trahison pour la Mauritanie et ses générations futures", au cours d’un débat houleux entre députés démocratiquement retransmis par la télévision nationale. L’opposition dénonce plus particulièrement "des conditionnalités désavantageuses", dont l’impossibilité de réviser l’accord au cours des 25 prochaines années "sauf à l’avantage du partenaire étranger", la Chine, ainsi que des "avenants tenus au secret" par le gouvernement. Comme avec Woodside?. MAOB
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