|                      La gouvernance et le consensus politique national. Quels sont leurs impacts sur le niveau vie des citoyens? Autrement dit, existe-t-il rĂ©ellement une relance Ă©conomique en Mauritanie?  Certes, nous avons assistĂ© Ă  des journĂ©es de concertation dĂ©bouchant sur une modification constitutionnelle limitant le mandat prĂ©sidentiel Ă  deux mandats non renouvelables, mais il est question de savoir comment Ă©valuer l’action de l’actuel gouvernement. D’oĂą la problĂ©matique de la concrĂ©tisation du discours mĂ©morable du «Boss» au Palais des Congrès. Ce discours prĂ´nait la transparence dans la gestion publique. Le chef de l’Etat n’avait-il pas soulignĂ© que «les choix Ă  cet Ă©gard ne sont pas multiples : nous devons choisir entre l’anarchie, la confiscation du pouvoir ou une toute autre voie, celle consistant Ă  accorder au peuple, Ă  tous les citoyens, le droit de gĂ©rer eux-mĂŞmes leurs affaires et ne pas les laisser aux mains d’un pouvoir qui ne les utilisera que pour ses propres intĂ©rĂŞts.     
					                       
                                        Si nous dĂ©laissons notre avenir, je vous le dis, nous en payerons chèrement le prix (…). Or, depuis un an, c’est une vraie rĂ©volution Ă  laquelle nous assistons dans les domaines des libertĂ©s et de la bonne gouvernance. Avant le 3 aoĂ»t, la Mauritanie marchait sur la tĂŞte. DĂ©sormais, elle se tient solidement sur ses jambes.» On se souvient que des anciens gouvernements avaient entamĂ© -armĂ©s sans doute de bonnes intentions- une sĂ©rie de dĂ©marches qui devaient permettre l’élaboration d’un cadre juridique pour une gestion rationnelle de la chose publique. L’universitaire Moktar Fall Ould Mohamed confirme en ce sens que « les pouvoirs publics mauritaniens avaient optĂ© pour une large politique de dĂ©centralisation depuis les premières annĂ©es de l’indĂ©pendance.  Cette politique de dĂ©centralisation a Ă©tĂ© sans rĂ©sultat du fait de l’insuffisance de moyens humains et financiers d’une part et de la prĂ©caritĂ© de l’état d’esprit des populations et le retard des mentalitĂ©s d’autre part. C’est pourquoi les pouvoirs publics de l’époque Ă©taient revenus sur la dĂ©centralisation politique et avaient introduit une large rĂ©gionalisation.» Dans la pĂ©riode de transition actuelle, les pouvoirs publics misent sur l’inspection gĂ©nĂ©rale d’Etat et la cour des comptes pour amĂ©liorer la qualitĂ© de contrĂ´les. L’évolution budgĂ©taire de la cour a connu une nette procession de 80% entre 1999 et 2003. Ce qui Ă©quivaut Ă  118 millions d’ouguiyas en 2003 contre 63 millions 1999. Toutefois, le facteur humain au sein de cette institution reste insuffisant. A souligner que des agents d’Etat ayant dĂ©tournĂ©s des biens publics prĂ©servent toujours leurs places. Pourtant, ces agents et hauts fonctionnaires ont Ă©tĂ© dĂ©masquĂ©s par les autoritĂ©s de contrĂ´le. Et cela après le 3 aoĂ»t 2005. « Nul n’est sensĂ© ignorer la loi, les prĂ©dateurs de bien du peuple ne devront pas occuper des postes sensibles, mĂŞme s’ils remboursent ce qu’ils ont dĂ©jĂ  dĂ©tournĂ©. Â» explique un ardent dĂ©fenseur de la cause juste.  Au niveau administratif, les choses n’ont pas forcement Ă©voluĂ©. Le contrĂ´le de prix pourtant nĂ©cessaire pour l’amĂ©lioration du niveau de vie est quasiment inexistant. L’exemple rassurant les citoyens demeure celui de la restitution des centaines de millions d’ouguiyas dĂ©tournĂ©s aux dĂ©pens de l’Etat. Les autoritĂ©s publiques viennent de bĂ©nĂ©ficier de plusieurs ressources.  Citons entre autres : la contribution financière de l’Union EuropĂ©enne d’un montant total de 540millions d’Euros Ă©talĂ©s sur 6 ans soit 108 millions d’euros par an. Ce nouvel accord de pĂŞche est interprĂ©tĂ© par Bruxelles comme Ă©tant « le plus important accord de pĂŞche avec un pays tiers, en terme financiers. Le nouveau partenariat apportera un bĂ©nĂ©fice mutuel Ă  l’UE et Ă  la Mauritanie en termes d’emplois, de renforcement du contrĂ´le et de la surveillance, de prĂ©servation des ressources et de la protection de l’environnement.» Ajoutons Ă  cela, les 100 millions de dollars provenant de la part de la Mauritanie dans la production pĂ©trolière et l’annulation des services de la dette qui permet au pays d’économiser 25 millions de dollars.  A qui profite ces sommes ?  MalgrĂ© l’augmentation des salaires de 50 % pour les fonctionnaires, 15 % pour les retraitĂ©s et une rĂ©duction des impĂ´ts, les mauritaniens moyens commencent Ă  perdre espoir, car les analystes prĂ©voient une augmentation de 300 %, rĂ©gulĂ©s par la reprise Ă©conomie. Comment ? Les spĂ©cialistes sont unanimes sur la rĂ©duction de la pauvretĂ© et la restructuration Ă©conomique. En 2000, et d’après les donnĂ©es du recensement GĂ©nĂ©ral de la Population et de l’Habitat (RGPH), le taux de chĂ´mage se chiffrait Ă  19%, soit environ 145000 personnes. Les donnĂ©es de l’Office National de la Statistique (ONS), rĂ©alisĂ©es sur les conditions de vie des mĂ©nages (EPCV), ont permis de revoir Ă  la hausse ce taux. Il avoisine dĂ©sormais les 30%. Ainsi, 57 % de la catĂ©gorie socioprofessionnelle sont indĂ©pendants. Les emplois salariĂ©s demeurent infĂ©rieurs Ă  20 %, alors que les allocations familiales reprĂ©sentent 6 % en 2000. Notons que l’informel qui est de 87 % grappille de plus en plus dans les milieux urbains au dĂ©triment de l’emploi dans les zones rurales. Sil l’on se rĂ©fère aux deux derniers recensements de 1998 et de 2000, on constate une nette croissance de 3,7% par an. Ce qui Ă©quivaut Ă  une moyenne de 16000 emplois supplĂ©mentaires par annĂ©e. Les diagnostics de l’ANAPEJ explique que « le fait que cette croissance coĂŻncide avec une pĂ©riode de montĂ©e du phĂ©nomène de pauvretĂ© laisserait Ă  penser qu’il s’agit dans beaucoup de cas d’emplois prĂ©caires et/ ou peu rĂ©munĂ©rateurs recouvrant un chĂ´mage dĂ©guisĂ©. Cette prĂ©caritĂ© taraude les esprits des Ă©conomistes dont la seule solution rĂ©side dans la croissance. Plus d’activitĂ© signifie, moins de chĂ´mage. Plus de production signifie plus de revenus Ă  distribuer… D’oĂą une nouvelle politique d’emploi qui doit se baser sur des divergences portant sur les moyens de la reprise, et sur la place des pauvres dans la relance. Ces dĂ©saccords Ă©pineux et difficiles Ă  rĂ©concilier restent inexistants dans le dĂ©bat politique en Mauritanie.  En effet, les autoritĂ©s tablent sur une croissance Ă©conomique allant jusqu’à 26% voire 45%. Quelles seront les politiques Ă  venir ?  Bien que le changement a eu lieu, les mauritaniens n’ont pas ressenti ses effets. Des «paroles» laissent entendre un pessimiste. Les indicateurs Ă©conomiques sont toujours au rouge et les perspectives floues, dit-on par ci par lĂ , en ville. Pour ce qui est de l’emploi, on parle des 500 jeunes profitant chacun d’un prĂŞt avoisinant 900 mille ouguiyas et un Ă©ventuel consentement de 100 crĂ©dits supplĂ©mentaires. Ces crĂ©dits semblent ĂŞtre insignifiants pour rĂ©aliser des investissements rentables. Le gouvernement de transition ne cherche pas Ă  intĂ©grer les diplĂ´mĂ©s chĂ´meurs. Dans les annonces d’emploi, il faut disposer d’une expĂ©rience de cinq ans voire plus. «On ne naĂ®t pas avec l’expĂ©rience Â», martèle des chĂ´meurs mĂ©contents de se voir refuser pour manque de grande expĂ©rience. Par ailleurs, qu’en est- il de l’engagement politique ?  Les prĂ©visions sont loin d’être une prĂ©occupation politique au sein du gouvernement. En pratique, on fait croire chaque fois qu’il y a de nouveaux revenus, les citoyens vont en profiter.  « Des programmes politiques qui se ressemblent, guidĂ©s par des chefs de partis se focalisant de plus en plus sur l’électorat au dĂ©triment du bien ĂŞtre social, seront qu’une perte de temps», affirme un Ă©minent cadre. A qui incombe la faute? Aux citoyens dupĂ©s par les besoins du moment ?  Peut-on parier sur des politiques qui ne disposent pas d’indicateurs prospectifs ? Ne devait-on pas exiger une modification constitutionnelle excluant les analphabètes des Ă©lections ? Prenons le cas des objectifs de la lutte contre l’analphabĂ©tisme. La vision est simple : un taux de scolarisation de 91,7%, alors la qualitĂ© est presque nulle. Qui peut arrĂŞter cette comĂ©die ?  Mohamed Fouad Barrada 
                      
                    
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