Copenhague: Quelles promesses pour les pauvres? Par: Mohamed Saleck Ould Brahim*   
08/12/2009

En dépit de ses souffrances, de ses malaises et des prodigues terriens que nous sommes, elle tourne encore! "Et pourtant elle tourne" malgré tout! Comme disait un jour Galilée (1564-1642). C’est sans doute une merveilleuse providence qui continue...



...à faire tourner notre Terre sous le poids horrifiant de ses six milliards d’hommes qui seront bientôt neuf en 2050. Cependant, elle se réchauffe quant même progressivement notre "Maman Terre" à un rythme de plus en plus vite, à tel point qu’il n’y a plus de temps aux hommes pour s’adapter au changement climatique accéléré de leur planète.

C’est pourquoi, il faudra lutter infatigablement contre ce réchauffement anormal de notre globe, pour que la vie puisse y continuer, ne serait-ce que pour atténuer les changements climatiques vécus ou qui peuvent arriver dans un avenir proche. Tel est bien sûr le message solennel de la conférence internationale de Copenhague sur le climat, qui sera dit et redit par tout le monde et relayé incessamment par les médias. Cependant, le véritable défi éthique de cette conférence reste de savoir si les hommes sont désormais décidés ou non pour travailler ensemble afin que la terre puisse continuer à tourner pour leurs futures générations.

Nous pensons que la cause Ă©colo est avant tout un projet d’émancipation humaine, de paix, d’équitĂ© et de justice sociale pour tous. Malheureusement, ceux qui vivent du mauvais dĂ©veloppement et qui subissent l’impact majeur du mal environnemental sont toujours les plus pauvres. En Afrique comme partout ailleurs sur la planète, on revient toujours aux mĂŞmes problèmes: dĂ©forestation, manque d’eau potable,  pollution,  mal nutrition, santĂ©, etc..

Certes, l’enjeu majeur de la confĂ©rence de Copenhague porte sur la possibilitĂ© d’éliminer l’émission des gaz Ă  effet de serre,  notamment le dioxyde de carbone ou CO2, mais, est-ce que cette prouesse serait-elle suffisante? Qu’en est-il des autres problèmes endogènes de l’environnement? C’est bien lĂ  l’une des raisons qui font que cette confĂ©rence de Copenhague est si importante. Copenhague porte le devoir moral de placer l’Homme face Ă  son empreinte Ă©cologique sans ambages. MalgrĂ© que le traitĂ© de Kyoto et ses multiples modifications  n’ait pas donnĂ© l’effet escomptĂ©, Copenhague serait-elle porteuse de nouvelles promesses pour les pauvres?

Autant ne pas rĂŞver, il ne faut pas s’attendre Ă  des miracles Ă  Copenhague, lĂ  oĂą 240 pays vont participer Ă  cette Ă©nième conclave planĂ©taire.  En fait, il n’y aurait qu’une petite partie seulement du grand problème de l’environnement qui sera posĂ©e dans les discussions. La lutte contre les Ă©missions de CO2 et, pour une plus faible part, les autres gaz Ă  effet de serre (GES) d’origine humaine  pour lutter contre le rĂ©chauffement climatique. C’est seulement ce petit bout du problème qui sera, vraisemblablement, discutĂ© Ă  Copenhague. Apparemment,  ce que les grands pollueurs cherchent Ă  mettre en place Ă  Copenhague, c’est plutĂ´t une sorte de Kyoto bis. Pourtant, tous le monde connaĂ®t pertinemment dĂ©jĂ  les limites de ce protocole et les juteuses transactions de CO2 qui en ont dĂ©coulĂ©s Ă  travers le jeu des quotas de carbone. C’était bien la logique de Kyoto qui, il y a dix ans, avait ouvert  la porte Ă  la duperie Ă©colo.

En effet, au nom de l’écologie, la logique de Kyoto avait crée un nouveau business où certains avaient gagné un argent faramineux sur le marché de carbone au détriment de tous. Et bien sûr, personne ne pouvait attendre de cet éco-business aucun retour de profit sur les populations pauvres de la planète.
C’est ainsi que la conférence de Copenhague ne parlera que de la lutte contre le CO2, pour occulter présomptueusement la partie immergée de l’iceberg! Dans la bousculade des agendas internationaux, on oublie souvent que les graves problèmes auxquels l’humanité est durement confrontée actuellement sont sans appel: La déforestation, l’épuisement des ressources naturelles, le manque d’eau potable, le manque d’énergie, les risques liés aux nouvelles maladies (H1N1, etc.…). Et, c’est bien ça aussi l’autre visage cruel du réchauffement irréfutable de notre planète!

Pourtant, la confĂ©rence de Copenhague ne parlera pas des rĂ©fugiĂ©s "Ă©conomiques" qui, en fait, se comptent aujourd’hui par millions. On nous parle plutĂ´t, Ă  grands coups mĂ©diatiques, des rĂ©fugiĂ©s climatiques. C’est d’autant plus vrai qu’il va falloir prĂ©voir le dĂ©placement de populations entières avec toutes les dĂ©tresses qui vont en dĂ©couler ainsi que les problèmes politiques qui s’en suivront. Elle ne parlera pas aussi, non plus, de ce milliard d’êtres humains qui meurt de faim chaque annĂ©e. 

A la fin des assises, les rideaux seront tirés sur la conférence de Copenhague. Et malgré toutes les bonnes volontés, malgré tous les débats et en dépits des mesures qui seraient préconisés par cette conférence, le ratio du CO2 augmentera encore. Moins qu’avant peut-être, mais il augmentera toujours si l’on ne touche pas aux autres aspects fondamentaux du problème écologique, à savoir, la démographie, la déforestation, les pollutions air, sol, mer, etc.…

Il est bien évident aujourd’hui que si l’on ne s’attaque pas à ces différents phénomènes contigus de l’environnement, l’Homme aura de plus en plus de difficultés à vivre sur sa plante. Faut-il encore reposer ces mêmes questions écolo-anthologiques: Qu’est-ce que cela peut bien nous faire de bon si même on réussi, par miracle, a ramener la température du globe à + 2°C si on ne peut plus y vivre correctement? Que nous reste-t-il aujourd’hui du patrimoine terrestre? Une terre exsangue, rongée à fond, des terres arables insuffisantes et meurtries, des océans et des mers bientôt vides de poissons, des ressources minières réduites à la portion congrue et de plus en plus difficiles à exploiter, une eau douce de plus en plus souillée et salée au milieu d’une atmosphère gravement polluée.

C’est pourquoi Copenhague devrait nous parler de ces réalités écologiques qui sont bien les nôtres et, qui constituent en substance le mal de vivre de notre monde aujourd’hui. Il s’agit d’abord de nos quatre vérités environnementales, qui rappellent, en d’autres termes, les conditions préalables à toute vie humaine sur terre: une meilleure qualité de l’air pour respirer, de l’eau propre pour boire, un sol sain pour se nourrir et des méthodes appropriés pour se procurer de l’énergie clean pour se chauffer. En un mot, le développement durable de la planète terre est un même paquet et un seul.
                                   Éditorial: AdecaRim 
                                     DĂ©cembre 2009

*Chercheur & consultant 

 

medsaleck@gmail.com
 Source: AdecaRim
www.adecarim.org

 


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