Après le barrage de Manantali, l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal lance de nouveaux grands chantiers, dont un ouvrage du même type à Félou. On ne le dira jamais assez : l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) est l’une des rares organisations viables sur le continent,
de par sa capacité à changer les conditions des populations des pays qui y font partie. Après la réalisation du barrage de Manantali, l’organisation sous-régionale lance de nouveaux grands chantiers. Au nombre de ceux-ci, la construction du barrage hydroélectrique de Félou. La première pierre de l’ouvrage a été posée vendredi dernier (30 octobre).
FĂ©lou est une petite localitĂ© situĂ©e Ă 25 km Ă l’est de la ville de Kayes. La cĂ©rĂ©monie de pose de la première pierre de l’ouvrage a rassemblĂ© les chefs d’État de l’organisation : le prĂ©sident de la RĂ©publique Amadou Toumani TourĂ© et ses homologues de la Mauritanie et du SĂ©nĂ©gal, Mohamed Ould Abdel Aziz et Abdoulaye Wade. Ainsi que le Premier ministre guinĂ©en, KabinĂ© Komara.
Pour la circonstance, la population de la commune rurale de Hawa Dembaya dont fait partie le village de Félou, a réservé un accueil mémorable aux dirigeants de l’OMVS. C’est aux environs de 11 heures que ceux-ci étaient arrivés sur le site de la cérémonie, noir de monde. De mémoire d’habitants de Félou, jamais l’on n’avait vu une pareille mobilisation. Le village a pourtant inauguré sa première centrale hydroélectrique en… 1928.
TROIS ACTES MAJEURS La cĂ©rĂ©monie du vendredi 30 s’est dĂ©roulĂ©e sous un ciel bien dĂ©gagĂ©, mais la tempĂ©rature Ă©tait clĂ©mente. Après le mot de bienvenue du maire de la commune rurale de Hawa Dembaya, Ibrahima Sarr, ce fut le tour du prĂ©sident de la RĂ©publique Amadou Toumani TourĂ©, prĂ©sident en exercice de la confĂ©rence des chefs d’État et de gouvernement de l’OMVS, d’intervenir. Le chef de l’Etat a relevĂ© les mĂ©rites de l’OMVS qui vient de poser trois actes majeurs : la pose de la première pierre d’un barrage hydroĂ©lectrique, le lancement des travaux pour la navigation sur le fleuve SĂ©nĂ©gal, la santĂ© avec la distribution de moustiquaires aux populations. « C’est un Ă©vĂ©nement historique et unique », a commentĂ© Amadou Toumani TourĂ© en rendant un hommage appuyĂ© aux pères fondateurs de l’OMVS, l’ancienne OERS. «Dans une dĂ©marche visionnaire, ils ont dotĂ© nos pays d’un outil qui s’est rĂ©vĂ©lĂ© un puissant catalyseur de dĂ©veloppement dans les domaines Ă©nergĂ©tique, hydraulique, agricole, environnemental», a soulignĂ© Amadou Toumani TourĂ©.
Plus précisément dans le domaine de l’énergie, l’OMVS fait du bon travail. Après le barrage de Diama au Sénégal (1986) et l’imposant ouvrage hydroélectrique de Manantali (1988), c’est Félou qui aura son barrage hydroélectrique en 2012. Le projet coûtera environ 120 milliards Fcfa financés par la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement (BEI).
La production Ă©nergique attendue par an est de 59 MW. Le barrage de FĂ©lou augmentera significativement l’offre d’énergie dans les pays concernĂ©s. Et cela, Ă un moindre coĂ»t. La mise en service de la future centrale Ă©lectrique est prĂ©vue pour 2012. Les travaux seront exĂ©cutĂ©s par l’entreprise chinoise Sinohydro Corporation. Le prĂ©sident TourĂ© a exhortĂ© la population locale et les cadres de l’OMVS Ă lui rĂ©server le meilleur accueil possible. Après la prĂ©sentation du projet et la pose de la première pierre de l’ouvrage, les chefs d’État et le Premier ministre guinĂ©en ont lancĂ© la campagne de distribution de moustiquaires imprĂ©gnĂ©es en remettant symboliquement un Ă©chantillon Ă des mères de famille. Cette campagne consiste Ă distribuer 3 100 000 moustiquaires imprĂ©gnĂ©es aux populations du bassin du fleuve SĂ©nĂ©gal.
Après Félou, les dirigeants de l’OMVS ont mis le cap sur la ville de Kayes pour y lancer les travaux de restauration des berges du fleuve Sénégal. Ces travaux porteront sur une longueur de près de 3 km pour un coût de réalisation évalué à 3 milliards Fcfa. Dans une seconde phase, le projet concernera le tronçon du fleuve qui va de Kayes à Bafoulabé
DE NOUVEAUX BATEAUX. Le chef de l’Etat a aussi annoncé le Projet de gestions des ressources en eau et de l’environnement et le Programme de gestion intégrée des ressources en eau et de développement des usages multiples de l’eau. Le projet est financé à hauteur de 19 millions de dollars (environ 8,5milliards Fcfa) par le Fonds mondial pour l’environnement et le Royaume des Pays-Bas tandis que le Programme bénéficie d’un financement de la Banque mondiale pour un montant de 341 millions de dollars (environ 153 milliards Fcfa).
Le président Touré a indiqué que le volet agricole du Programme de gestion intégrée des ressources en eau permettra au cours des prochaines années l’aménagement de 40 000 hectares, la promotion de la pêche traditionnelle et de l’agroforesterie.
Le dernier acte posé vendredi a été la présentation de deux nouveaux bateaux baptisés « Bakoye » et « Banfing » aux chefs d’Etat. Cette réalisation s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la navigabilité du fleuve Sénégal. De Saint-Louis (Sénégal) à Kayes. « Ce rêve, voire ce pari insensé pour certains, commence à devenir réalité », a fait remarquer le président Touré. Et le chef de l’Etat d’annoncer la fin des travaux de balisage. Lesdits travaux ont été exécutés par la société d’exploitation de la navigation dont le siège sera établi à Nouakchott.
Le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré a engagé le Conseil des ministres et le Haut commissariat de l’OMVS à préparer rapidement les tables rondes des partenaires au développement pour le financement du système de transport intégré multimodal, le plan d’actions régionales pour l’amélioration des cultures irriguées et le plan d’action stratégique pour la gestion durable de l’environnement du bassin du fleuve Sénégal.
EnvoyĂ©s spĂ©ciaux M. KÉITA et H. KOUYATÉ L’Essor
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