Première rencontre Mauritanie-FMI : Une «Ndewna»* et des non dits    
18/09/2009

Le FMI et la Mauritanie n’ont pas encore entamé les choses sérieuses, malgré le nouveau prêt sous forme d’allocation de droits de tirages spéciaux (DTS) de 80 millions de dollars, c’est ce qui ressort de leur récente conférence de presse conjointe organisée à Nouakchott.



Ce genre de prêts est alloué par les pays riches aux pays affectés par la crise mondiale afin de leur permettre de pouvoir honorer leurs engagements ou d’acheter des produits sur les marchés des pays industrialisés.

Les émissaires du FMI et les représentants du gouvernement mauritanien ont parlé de reprise des discussions et de préparation d’un nouveau programme.

Les premiers ont insisté sur la durabilité, la paix sociale et des signaux à envoyer. Les seconds, ont parlé de volonté et de potentialités. 

La mission du FMI est revenue en Mauritanie le 8 septembre. Après 9 jours chez nous, elle est venue faire le point devant la presse le 17 septembre au palais des congrès.

La mission qui comprend MM Amor Tahari et Boileau Loko a exposé ses objectifs et répondu aux questions en présence de notre staff économique : Ould Raiss, Kane Ousmane et Sidi Ould Tah, respectivement gouverneur de la BCM, ministre des finances et ministre des affaires économiques.
Tous les intervenants se sont dits «heureux» de renouer le dialogue interrompu après le coup d’Etat du 6 août et rétabli après le retour de la constitutionalité suite aux elections du 18 juillet . « C’est vraiment un très grand plaisir pour moi et le chef de la présente mission M. Boileau Loko, et nos collègues ici dans la salle, de revenir ici reprendre les relations normales» a déclaré M Tahari . 

« Le Communauté internationale a reconnu le retour à la constitutionnalité dans votre pays. Après les élections, nous avons aussitôt envoyé cette mission avec pour premier objectif de faire le point sur la situation économique Â» a-t-il dit.

Et de poursuivre : «le deuxième objectif c’est de préparer les discussions FMI-Mauritanie, j’espère qu’une mission viendra les semaines prochaines négocier un nouveau programme».

Et parcequ’il fallait du concrêt (car il ne suffit pas de renouer et de préparer des discussions) Amor Tahari annonce la « Ndewna Â» du FMI à notre pays:

« La première conclusion de cette reprise des relations , vous savez le monde connaît une crise mondiale. Les choses commencent à s’améliorer et le FMI a pris des mesures pour aider les pays avec un montant total de 250 milliards de dollars. La Mauritanie a eu sa part de 80 millions de dollars qui est déjà dans les réserves de la BCM».

Et M Tahari de reconnaître que « la situation economoique en Mauritanie, comme dans le monde, est difficile. Car en plus de l’impact de la crise mondiale, il y a eu cette période de rupture des relations avec le FMI et donc, des déboursements, ce qui a eu un impact sur la croissance et les investissements Â». 

Il ajoute comme pour atténuer : «Il y a de l’espoir cependant notamment avec l’inflation qui était de 10 % et on m’a dit qu’elle est maintenant de 3% Â». Exprimant la solidarité du FMI avec les objectifs de la Mauritanie en termes de gouvernance, de croissance et d’emploi, M Tahari estime que «la Mauritanie est un pays riche mais son problème, c’est les reformes en dents de scie. Car les reformes doivent être continues, durables et soutenables avec l’implication du secteur privé et le concours de la communauté internationale Â» .
« Il faut que la Mauritanie joue son rôle dans une ambiance de paix sociale en impliquant tout le monde, en impliquant le secteur privé Â» a-t-il poursuivi, sans expliquer qu’est ce qu’il entend par «paix sociale», avant de poursuivre avec d’autres non-dits.:
« Il y a aussi un problème de confiance à rétablir Ã  deux niveaux, notamment à travers des reformes qui envoient des signaux aux bailleurs de fonds, ensuite avec la confiance à l’intérieur au niveau du secteur privé, le FMI sera alors à coté de la Mauritanie dans ses efforts».
Moins prolixe M Boileau Loko le chef de la mission Mauritanie du FMI s’est exprimé après M Tahari et a évoqué furtivement le contexte et la crise mondiale disant qu’il y a des « raisons d’espérer Â» pour parvenir aux objectifs de lutte contre la pauvreté de croissance et de réduction du chômage.
Puis ce fut le tour de Sidi Ould Tah le ministre mauritanien des affaires économiques de se dire heureux d’accueilli la mission du FMI avec laquelle a-t-il dit Â« nous avons débattu de la situation économique et des perspectives de coopération Â».

«La mission a eu accès aux documents, aux chiffres, aux données statistiques, monétaires, financières et économiques, Nous attendons l’arrivée d’une nouvelle mission pour préparer un programme basé sur celui du président de la République notamment la lutte contre la gabegie, la lutte contre la pauvreté et le renforcement de la croissance économique Â»

Et Ould Tah de se féliciter du prêt en DTS accordé par le FMI à la Mauritanie : Â«C’est un signal excellent Â» a-t-il lancé.
Des questions ont été posées aux conférenciers par les journalistes. Un journaliste voulait savoir si le FMI va accompagner le gouvernement dans ce qu’il appelle « lutte contre la gabegie Â» ? . Un autre journaliste apparemment toujours fixé sur l’avant 18 juillet a exprimé son indignation de la rupture des relations FMI-Mauritanie au lendemain du putsch, se demandant si le FMI est un fonds international ou américain ? 

Puis un autre journaliste a demandé à la mission du FMI son appréciation de la situation économique qui prévaut en Mauritanie.

A l’endroit du ministre des finances, il a demandé : jusqu’à quand l’Etat mauritanien va-t-il continuer à s’endetter auprès du privé en finançant son déficit budgétaire par l’émission des bons du trésor ?

Puis à l’adresse du gouverneur de la BCM il a demandé : : qu’est ce qui est prévu pour réduire l’écart sans cesse grandissant entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle ?

Un journaliste de l’AMI qui confond FMI et Banque Mondiale a demandé si le FMI  de financer le déficit structurel de la société mauritanienne d’élétcricité (Somelec) afin de régler les problèmes de coupures de courant à Nouakchott..
« Le FMI ce n’est pas un seul pays, c’est la communauté internationale» a répondu Amor Tahari à l’une des questions. 

Réagissant à une question sur l’évaluation que la mission du FMI se fait de la situation économique en Mauritanie M Tahari (qui a remercié le journaliste qui a posé cette question) a indiqué : Â« la situation est difficile. Mais malgré le tarissement des ressources extérieures, les salariés ont continué à percevoir leurs salaires. Les investissements ont diminué, mais l’activité économique a continué» . « La situation est pire qu’il y a douze mois. Car il y a eu au moins deux impacts négatifs : la crise mondiale et la crise intérieure, mais je suis optimiste.» a-t-il ajouté.
Et de poursuivre : Â« le problème c’est le manque de continuité dans les reformes et les reformes en dents de scie. Il faut les faire dans la paix sociale, la main dans la main. Sans la durabilité il serait difficile de s’attaquer à la pauvreté.»
Puis ce fut au ministre des Finances Kane Ousame d’intervenir :

« Nous ne cherchons pas à cacher quelques chose. La situation du pays est singulière. La crise économique est là pour tous les pays du monde. Pendant quelques mois nous étions en train de régler les différends au lieu de la production. La situation est difficile, mais les perspectives son bonnes Â» Et le ministre des finances d’énumérer ce qu’il considère comme des atouts : « Il y a d’abord la volonté politique forte de l’Etat. Il y a ensuite, la réalité mauritanienne caractérisée par les potentialités et il y a enfin, le retour de partenaires Â».
Interpellé sur la question des bons de trésor devenus un instrument de financement du déficit budgétaire le ministre des finances se justifie ainsi :

« les bons de trésor sont une pratique courante dans tous les pays du monde. Ce qu’il faut, c’est gérer les niveaux pour éviter leurs coûts sur le budget et sur l’économie et c’est géré dans les normes Â».
Pressé par un journaliste d’ Â«Al Jazeera» de répondre aux informations relatives à une probable dévaluation de l’ouguiya, le ministre des finances a été plus categorique. « Non, la dévaluation n’est pas à l’ordre du jour».
Puis ce fut au tour de Sid’Ahmed Ould Raiss le gouverneur de la BCM de répondre à la question relative à l’écart dans les taux de change : « Il faut reconnaître qu’il y a une appréciation de la marge entre le taux officiel et celui du marché parallèle Il y a des disfonctionnements sur le marché de change. La BCM est la seule à vendre les devises. Le niveau des réserves est relativement important . D’ailleurs, jamais les réserves n’ont été si importantes Â» a affirmé le gouverneur de la BCM .

Il ajoute : « l’impact de l’appréciation de la marge n’est pas important. Cette marge finance des produits de luxe en provenance de pays que je ne veux citer. Les produits alimentaires sont importés avec le taux officiel Â».

« Dans les prochains jours un ensemble de mesures seront annoncés.» a-t-il néamoins, déclaré.

IOM

* «Ndewna Â» (en Maure) «Ndewnel Â» (en Pulaar), signifie petit cadeau de fête aux enfants


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Commentaires
lecteur

2009-09-18 19:22:48

Merci c’est vraiment fidele. tout y est

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