La grève se poursuit depuis plus de trois semaines dans la principale mine de fer de Mauritanie à Zouerate. Sur le site exploité par la Société nationale industrielle et minière (SNIM), la grève a été déclenchée le 28 janvier suite à l’irrespect de la SNIM de ses engagements signés avec les délégués des travailleurs...
...portant sur des augmentations de salaire qui devaient prendre effet en octobre 2014, en même temps que des sursalaires et des primes sur la production. Des augmentations que la SNIM ne peut plus offrir en raison de la chute des cours du fer sur le marché international et qu’elle aurait d’ailleurs dû ne pas promettre, n’étant pas maitre de l’avenir, ni des fluctuations des prix et n’ayant pas, à ce qui se voit, constitué de solides réserves capables de répondre à la demande sociale et d’absorber les chocs exogènes . Le mouvement est suivi à plus 90% des travailleurs et risque dans quelques jours de contraindre les dirigeants de la SNIM à fermer la mine ou à cesser son entêtement. Il urge de sortir de cette logique d’affrontement et de surenchère adoptée par la SNIM, et de convaincre les grévistes qui doivent être des patriotes capables donc de consentir les sacrifices en ces temps difficiles pour la SNIM. "Le travail d’entretien des engins est stoppé, les caves d’extraction du minerai sont ensevelies et le personnel qualifié pour toutes les activités de la mine démobilisé", a indiqué l’un des dirigeants syndicalistes. Mais le porte-parole de la SNIM, Samba Barry, a assuré sur l’AFP (sans convaincre du reste) que "l’activité se poursuit malgré cette grève qui n’est que partielle". "Comme pour les jours normaux, trois trains minéraliers sont acheminés quotidiennement vers Nouadhibou (nord-ouest) et les exportations se poursuivent au même rythme", a affirmé le porte-parole, même s’il s’agirait a-t-on appris des trains de minerais pauvres, dont le prix de vente ne couvre même pas le prix de revient. "Le mouvement de grève qui est illégal de par les textes (car sans préavis) a été lancé à un moment inopportun, où le prix du fer est en chute libre et où seules les sociétés qui parviennent à réduire leurs charges peuvent survivre à la crise", a également indiqué M. Barry. La SNIM a procédé au licenciement de 191 grévistes, menacé de faire vider les grévistes de leurs habitations et de leur couper l’eau et l’électricité avant d’entamer des négociations avec les grévistes qui ont obtenu un soutien de taille de la part de leurs collègues travaillant à Nouadhibou d’où est exporté par bateaux le fer vers la Chine et l’Europe. Les représentants des grévistes ont affirmé samedi 28 février avoir atteint la quasi-totalité de leurs objectifs lors d’une conférence de presse organisée à Zouerate. "Nous avons réussi la grève grâce à la détermination des travailleurs", a déclaré Cheikhna Ould Ali, l’un des délégués, cité par Alakhbar. "Les travailleurs revendiquent leurs droits dont l’application de l’accord d’augmentation des salaires signé en mai 2014 ", a indiqué un autre délégué Ahmed Ould Abily. Pour sa part, le délégué Demba Kénémé a accusé la SNIM de " faire la diversion et de tenter de tromper l’opinion nationale (…) Sinon, comment la société peut prétendre avoir réalisé en 18 jours et avec seulement 400 employés plus que sa production des mois précédents ?" Le délégué Mohamed Ould Cheine a souligné que la grève a été déclenchée dans " le respect du code de travail. Un préavis a été déposé deux semaines avant l’entame de la grève et nous avons bien défini les causes. " Selon Alakhbar qui a dépêché une équipe sur place des rapports officiels font état d’une chute de 70% de la production de la SNIM. Sur la base de ces rapports établis le 27 janvier et le 25 février 2015 par les services de la SNIM la production qui était de 170.910 tonnes le 27 janvier 2015 a baissé à 47380 tonnes le 25 février 2015. La SNIM fournit 6.000 emplois directs, dont 4.500 à Zouerate. Le fer constitue l’essentiel des exportations de la Mauritanie qui en produit environ 12 millions de tonnes par an, dont 80% sont vendus à la Chine et le reste à des pays européens. Le géant du fer contribue à raison de 25 à 30% au budget de l’Etat mauritanien. Il constitue la principale source de devises du pays, loin devant la pêche et le pétrole. Cheikh Talebouya Boudahy
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