La SNIM entre la surenchère et l'exigence de sacrifices   
01/03/2015

La  grève se poursuit depuis plus de trois semaines dans la principale mine de fer de Mauritanie Ă  Zouerate. Sur le site exploitĂ© par la SociĂ©tĂ© nationale industrielle et minière (SNIM), la grève a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e le 28 janvier suite Ă  l’irrespect de la SNIM de ses engagements signĂ©s avec les dĂ©lĂ©guĂ©s des travailleurs...



...portant sur des augmentations de salaire qui devaient prendre effet en octobre 2014, en mĂŞme temps que des sursalaires et des primes sur la production.
 Des augmentations que la SNIM ne peut plus offrir en raison de la chute des cours du fer sur le marchĂ© international et qu’elle aurait d’ailleurs dĂ» ne pas promettre, n’étant pas maitre de l’avenir,  ni des fluctuations des prix et n’ayant pas, Ă  ce qui se voit,  constituĂ©  de solides rĂ©serves capables de rĂ©pondre Ă  la demande sociale et d’absorber les chocs exogènes  . 
Le mouvement est suivi Ă  plus  90% des travailleurs et risque dans quelques jours de contraindre les dirigeants de la SNIM  Ă  fermer la mine ou Ă  cesser son entĂŞtement. Il urge de sortir de cette logique d’affrontement et de surenchère adoptĂ©e par la SNIM, et de convaincre les grĂ©vistes qui doivent ĂŞtre des patriotes capables donc de consentir les sacrifices en ces temps difficiles pour la SNIM.
"Le travail d’entretien des engins est stoppé, les caves d’extraction du minerai sont ensevelies et le personnel qualifié pour toutes les activités de la mine démobilisé", a indiqué l’un des dirigeants syndicalistes.
Mais le porte-parole de la SNIM, Samba Barry, a assuré sur l’AFP (sans convaincre du reste) que "l’activité se poursuit malgré cette grève qui n’est que partielle".
"Comme pour les jours normaux, trois trains minĂ©raliers sont acheminĂ©s quotidiennement vers Nouadhibou (nord-ouest) et les exportations se poursuivent au mĂŞme rythme", a affirmĂ© le porte-parole,  mĂŞme s’il s’agirait a-t-on appris des trains de minerais pauvres, dont le prix de vente ne couvre mĂŞme pas le prix de revient.
"Le mouvement de grève qui est illĂ©gal de par les textes (car sans prĂ©avis) a Ă©tĂ© lancĂ© Ă  un moment inopportun, oĂą le prix du fer est en chute libre et oĂą seules les sociĂ©tĂ©s qui parviennent Ă  rĂ©duire leurs charges peuvent survivre Ă  la crise", a Ă©galement indiquĂ©  M. Barry.
La SNIM a procédé au licenciement de 191 grévistes, menacé de faire vider les grévistes de leurs habitations et de leur couper l’eau et l’électricité avant d’entamer des négociations avec les grévistes qui ont obtenu un soutien de taille de la part de leurs collègues travaillant à Nouadhibou d’où est exporté par bateaux le fer vers la Chine et l’Europe.
Les représentants des grévistes ont affirmé samedi 28 février avoir atteint la quasi-totalité de leurs objectifs lors d’une conférence de presse organisée à Zouerate.
"Nous avons réussi la grève grâce à la détermination des travailleurs", a déclaré Cheikhna Ould Ali, l’un des délégués, cité par Alakhbar.
"Les travailleurs revendiquent leurs droits dont l’application de l’accord d’augmentation des salaires signĂ© en mai 2014 ", a indiquĂ©  un autre dĂ©lĂ©guĂ© Ahmed Ould Abily.
Pour sa part, le délégué Demba Kénémé a accusé la SNIM de " faire la diversion et de tenter de tromper l’opinion nationale (…) Sinon, comment la société peut prétendre avoir réalisé en 18 jours et avec seulement 400 employés plus que sa production des mois précédents ?"
Le dĂ©lĂ©guĂ© Mohamed Ould Cheine a soulignĂ©  que la grève a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e dans " le respect du code de travail. Un prĂ©avis a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© deux semaines avant l’entame de la grève et nous avons bien dĂ©fini les causes. "
Selon Alakhbar qui a dĂ©pĂŞchĂ© une Ă©quipe sur place des rapports officiels font Ă©tat d’une chute de 70% de la production de la SNIM. Sur la base de ces rapports  Ă©tablis le 27 janvier et le 25 fĂ©vrier 2015 par les services de la SNIM la production qui Ă©tait de 170.910 tonnes le 27 janvier 2015 a baissĂ© Ă  47380 tonnes le 25 fĂ©vrier 2015. La SNIM fournit  6.000 emplois directs, dont 4.500 Ă  Zouerate.
Le fer constitue l’essentiel des exportations de la Mauritanie qui en produit environ 12 millions de tonnes par an, dont 80% sont vendus à la Chine et le reste à des pays européens.
Le géant du fer contribue à raison de 25 à 30% au budget de l’Etat mauritanien. Il constitue la principale source de devises du pays, loin devant la pêche et le pétrole.
Cheikh Talebouya Boudahy


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