Le FMI tancé pour ses remèdes après la crise financière   
04/11/2014

Les remèdes du FMI mêlant austérité budgétaire et soutien monétaire massif ont été "loin d’être efficaces" pour relancer l’activité après la récession mondiale de 2008-2009, conclut un audit interne très critique publié mardi (4 novembre).  "Ce cocktail de mesures a été loin d’être efficace...



...dans le soutien à la reprise et a contribué à la volatilité des flux de capitaux sur les marchés émergents", écrit le bureau d’évaluation indépendant (IEO) du Fonds monétaire international, un organe interne créé en 2001.
Son rapport, qui passe au crible la période 2008-2013 et s’appuie sur des entretiens dans une trentaine de pays, rencontre un écho particulier au moment où la reprise mondiale donne encore des signes de faiblesse, au Japon ou dans la zone euro, plus de six ans après la chute de Lehman Brothers.
Selon ce document, le FMI a certes d’abord joué un rôle crucial dans la lutte contre la crise en appelant en 2008-2009, "au bon moment", les pays industrialisés à lancer de grands plans de relance budgétaire pour booster l’activité.
Le Fonds a eu d’autant plus de mérite qu’il était alors dans une "situation de faiblesse relative", sous-doté financièrement et peu écouté sur la scène internationale, note l’IEO.
L’institution, déplore le rapport, a toutefois très vite revêtu ses habits de gardienne de l’orthodoxie budgétaire en recommandant dès 2010 des cures d’austérité et en appelant les banques centrales à prendre le relais des Etats pour soutenir l’activité.
L’appel à la consolidation budgétaire était "prématuré" et a fini par étouffer la reprise, assure l’IEO qui ne fait toutefois qu’effleurer l’impact controversé des plans d’aide du FMI en zone euro, notamment en Grèce et au Portugal. Le FMI lui-même avait esquissé un début de mea culpa à l’automne 2012 en reconnaissant avoir sous-estimé l’impact de l’austérité sur la croissance.
Récemment, il semble par ailleurs avoir de nouveau changé de braquet en préconisant des investissements massifs dans les infrastructures, quitte à creuser les dettes publiques.
Risques sous-estimés
D’après l’IEO, le soutien des banques centrales, combinant taux proches de zéro et rachats d’actifs, a été crucial après la crise mais il n’a pas pu se substituer entièrement au levier budgétaire des Etats.
"De nombreux analystes et dirigeants politiques ont soutenu que des politiques expansionnistes sur le plan monétaire et budgétaire, marchant main dans la main, auraient été plus efficaces pour stimuler la demande", note l’IEO.
Surtout, ces mesures d’injections massives de liquidités ont eu des retombées négatives sur le globe auxquelles le Fonds aurait "dû porter une plus grande attention", indique le rapport.
Les spéculations sur un retour à la normale monétaire aux Etats-Unis ont ainsi alimenté des mouvements de capitaux déstabilisateurs en 2013 dans de nombreux pays émergents, déstabilisant leur monnaie et leur économie.
Le FMI a "sous-évalué" les risques encourus par ces pays en 2011-2012 et n’a été alarmiste qu’en septembre 2013, à un moment où ils avaient déjà subi "d’importantes phases de volatilité financière", indique le rapport, donnant du grain à moudre à ceux critiquant le tropisme pro-occidental au sein du FMI.
Le rapport se montre également circonspect sur la capacité du FMI à détecter le prochain chocs financier, en raison de mécanismes devenus "trop complexes". "La quantité d’analyses est très difficile à absorber, pour les dirigeants politiques comme pour les équipes du FMI", assure l’organe d’évaluation interne du Fonds, qui note également que les ressources du FMI pourraient s’avérer insuffisantes en cas de nouvelle crise.
Une réforme de 2010 doublant les ressources permanentes du FMI est actuellement dans l’impasse en raison du veto de fait des Etats-Unis qui ne l’ont toujours pas ratifiée. Répondant à l’IEO, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a salué un rapport "équilibré" tout en assurant ne "pas partager" les critiques sur le remède anti-crise du FMI.
"Je crois profondément que conseiller aux économies ayant un fardeau croissant de la dette de s’orienter vers une consolidation budgétaire était la bonne décision à prendre", déclare-t-elle dans un communiqué distinct. (Afp)


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