Faire face à l’insécurité : Déplacer la peur    
04/06/2007

Vivre à Nouakchott devient dangereux. Chaque jour vient avec son lot de décompte macabre. Les homicides et agressions enregistés dans les commissariats de police n’émeuvent plus grand monde. Plusieurs raisons expliquent cette situation. L’explosion démographique et la disparité criarde du niveau de vie des citoyens ont creusé un fossé entre les mauritaniens. Un esprit de frustration gagne de plus en plus les jeunes issus des quartiers défavorisés. Ceci Ã©xplique le fait que la plupart des crimes soient commis par des jeunes issus des dits quartiers.



Dans cette situation, ce sont les populations qui payent le prix cher. Il existe dans la ville actuellment des zones de non droit ou il est tres dangereux de s’aventurer. Si la nuit vous surprend dans certains endroits de la ville, vous n’avez pas plusieurs alternatives. Il s’agira de choisir entre se planquer chez un proche, ou jouer au témeraire et risquer de se faire agresser. C ’est ce qui est arrivé à Sileye Touré le week end dernier. Ayant passé la soirée au quartier Sebkha avec des amis, il décide vers 23 heures de rentrer chez lui au quartier Médina G. "C’est lorsque je me suis engagé dans le chemin qui traverse les jardins maraichers que j’ai su que je venais de commettre une grosse imprudence. Seulement quand je m’en rendais compte, j’étais déja arrivé au milieu du chemin et il n’était pas prudent de rebrousser chemin car au cas ou il y’aurait des bandits tapis dans l’ombre, ils auraient facilement compris que j’ai pris peur. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai continué à avancer. Au moment ou j’allais atteindre les murs de l’usine CIPROCHIMIE, j’ai vu une une voiture venir derrière moi C’était une voiture de type Mercedes 190. Arrivé à mon niveau, le conducteur, d’un coup de volant m’a coincé sur un grillage et deux jeunes surgissent du véhicule. Je portais sur moi un couteau en acier que j’ai immédiatement tiré de son fourreau. La lame brillait dans la semi obscurité et j’ai crié : Je vais certainement mourir, mais les deux premières personnes qui m’approcheront mourront avant moi." Il poursuit: "j’ai fait mine de les attaquer, ils ont reculé et ont sauté dans la voiture qui est partie en trombe." .Comme on le constate , cet homme n’a eu la vie sauve que grace à son couteau mais aussi à son sang froid. Mais tout le monde ne se promène pas avec un couteau ou n’en a même pas envie. De plus, la non détention d’un couteau ne doit pas être une raison pour se terrer chez soi ou raser les murs.

Déplacer la peur
Le problème de l’insécurité que connaît actuellement la ville de Nouakchott mérite qu’on y fasse définitivement face. En effet vu le gigantisme de la ville, la police dont le rôle premier est de sécuriser les populations et les biens doit prendre la situation en main.Elle doit opérer un changement de mentalité en menant une véritable guerre contre les malfaiteurs par des opérations coup de poing de grande envergure et de façon systématique. Il faudrait faire déplacer la peur du camp des honnêtes citoyens vers celui des brigands. Il faut en finir avec les rafles dans les quartiers populaires où on embarque le plus souvent d’innocents jeunes gens dont on négociera la relaxe contre quelques centaines d’ouguiyas le lendemain ou même sur place. Le plus étonnant est que pendant que les policiers sont occupés à harceler les habitants d’El Mina ou de Sebkha, des voyous défoncent les portes d’une boutique à une centaine de mètres du commissariat du Ksar 2. Cela s’est passé la semaine dernière. La même nuit , vers quatre et demie du matin , des riverains du quartier Bagdhad (de Nouakchott) sont réveillés par un bruit sourd. Des témoins affirment avoir vu trois jeunes hommes sortir tranquillement d’une voiture qui venait de heurter un mur et de s’en aller l’air de rien. Il s’agissait d’un véhicule volé et ça se passait encore à quelques pas du même commissariat. Le lendemain matin, un policier du même commissariat dira qu’il a été averti par téléphone de l’histoire mais qu’étant seul au poste, il ne pouvait pas réagir. C ’est dire que si les bandits vont jusqu’à narguer la police en sévissant à proximité des commissariats. on ne sait plus ou aller. Il est vrai que le banditisme est une réalité propre à toutes les grandes villes mais elle se combat. Et sur ce plan il faut reconnaître que la stratégie adoptée par nos flics nationaux n’est pas la meilleure. Une police efficace doit occuper le terrain en permanence et quadriller tous les coins et recoins.
C ’est à ce prix qu’elle pourra surprendre et obtenir des résultats. Il ne faut surtout pas attendre qu’un forfait soit commis quelque part pour venir faire des rodéos dans les quartiers paumés. En attendant, un conseil : le soir, il faut Ã©viter de traîner tard dans la rue si on n’a que ses poings pour se défendre. 
Biri Ndiaye


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