Jemil Ould Mansour sur TVM: Le verbe au service de la vision   
28/09/2012

La Télévision publique de Mauritanie (TVM) évolue vers la diversité culturelle et le pluralisme politique. Ce ne sont pas fleurs qu’on jette .C’est perceptible. Il suffit pour le constater de voir le changement intervenu sur la grille des programmes culturels mais aussi le défilé des invités...



...de l’opposition qui s’y succèdent  . L’émission-dĂ©bat organisĂ©e la soirĂ©e du 26 septembre en fut,  un exemple.
Après de prĂ©cĂ©dentes  Ă©missions qui ont vu la participation de dirigeants politiques et des Ă©conomistes de la MajoritĂ© et de l’Opposition, la TVM a attirĂ© cette fois sur son  plateau Jemil Ould Mansour prĂ©sident de Tawassoul l’un des partis les structurĂ©s de l’opposition mauritanienne organisĂ©e au sein de la coordination de l’opposition dĂ©mocratique (COD)  qui appelle depuis plusieurs mois, Ă  la chute du prĂ©sident Aziz.
Jemil Ould Mansour fut l’invitĂ© principal  de l’émission Ă  laquelle Ă©tait prĂ©sente la grande artillerie  du parti notamment Ghoulam Ould Hadj Cheikh (le grand timonier du parti) , Saleck Ould Sidi Mahmoud (le procureur gĂ©nĂ©ral), les sĂ©natrices Zeinebou Mint Dedde et Yaye Ndaw Coulibaly  ainsi que Mohamed Fadel Ould Moctar l’homme-choc  du mouvement de la jeunesse Tawassoulienne. Ahmed Jiddou Ould Bahi et Abdoullaye DiakitĂ© n’étaient pas de la partie car «en mission Ă  l’intĂ©rieur du pays pour  prĂ©parer le  futur congrès prĂ©vu en dĂ©cembre» nous a-t-on dit.

DĂ©s que le journaliste animateur Taghiyoullah Ould Ledhem donne l’occasion  au prĂ©sident de Tawassoul,  celui-ci en bon archer bande son arc et se met Ă  dĂ©cocher flèches sur flèches. 

 Coup sur coup, il donne un  aperçu sur l’historique de Tawassoul , son ancrage idĂ©ologique et son orientation dĂ©mocratique et  rĂ©formiste pour la convergence des tous les courants islamistes soufis et mĂŞme salafistes originels.

Et  Ould Mansour de revenir  sur sa prĂ©sence Ă  l’émission : « Ce  n’est pas parce que nous sommes contents de ce qui se passe sur les medias publics revenus au monolithisme depuis le coup d’Etat de 2008. Mais dans la perspective de l’ouverture prĂ´nĂ©e par les rĂ©sultats limitĂ©s du dialogue nous sommes lĂ  parcequ’à  Tawassoul et Ă  la Coordination,  nous ne sommes pas adeptes de la politique de la chaise vide».
 Interrompu dans cette envolĂ©e par une question relative au parcours de Tawassoul opposĂ© Ă   la normalisation avec IsraĂ«l mais  entrĂ© (dĂ©but 2008) dans un gouvernement qui avait  des relations avec ce pays,  ainsi que sur la candidature Ă  la prĂ©sidentielle  (hors FNDD-front anti-putsch en 2009),  puis la reconnaissance des rĂ©sultats de la  prĂ©sidentielle,  l’alliance Ă©lectorale avec l’UPR (parti au pouvoir),  puis l’appel Ă  la chute d’un rĂ©gime Ă©lu , Ould Mansour a expliquĂ© que ces positions relevaient de contextes diffĂ©rents.

 Â« Les relations avec IsraĂ«l datent depuis longtemps (1994,ndlr) nous on s’y est toujours opposĂ©s,   c’est nous qui avions payĂ© le prix en s’ opposant Ă  la visite honteuse de Sahlom (en 2005). A l’époque,  oĂą Ă©taient-ils, les autres ? Ils Ă©taient les piliers du rĂ©gime qui avait Ă©tabli ces relations» dit en allusion Ă  qui on peut imaginer. 

 Sur l’appel lancĂ© par Tawassoul Ă  la chute du rĂ©gime,  Ould Mansour a voulu se donner  des circonstances attĂ©nuantes : «A l’opposition, nous demandons le dĂ©part de ce rĂ©gime par les slogans et les marches, alors que ce rĂ©gime est issu d’un putsch qui a dĂ©posĂ© un prĂ©sident lĂ©gitime»  a-t-il dit.
Sur son alliance avec l’UPR et le statut « d’opposition sage »  adoptĂ© entre juillet 2009 et mars 2011 Ould Mansour l’a expliquĂ© par le souci de donner une chance au pouvoir Ă©lu en 2009, mais rien de positif ne s’est produit a-t-il prĂ©cisĂ©,  car selon lui, le monolithisme est revenu plus fort, la gabegie s’est systĂ©matisĂ©e et c’est pour cela que Tawassoul a reconsidĂ©rĂ© ses  positions et rendu publique son  initiative : « la reforme avant qu’il ne soit trop tard ». 

 Mais ici,  il y a lieu de souligner  que cette  position de Tawassoul lui aurait Ă©tĂ© plutĂ´t dictĂ©e, plus, par le contexte extĂ©rieur. Car les mouvements islamistes semblables Ă  Tawassoul avaient dirigĂ© des rĂ©volutions dans le sillage du printemps arabe en Tunisie,  en Libye et mĂŞme au Maroc, lesquelles,  ont fini par les amener au pouvoir. Nos islamistes Ă  nous, faisaient Ă  l’époque de "l’opposition sage" (mouarada nassiha) . Tawassoul a certainement  voulu s’arrimer Ă  la dynamique créée par  ses amis de la sous rĂ©gion et  Ould Mansour n’a pas voulu le reconnaitre. Tout comme il aura Ă©tĂ© vague dans ses reponses aux questions par rapport Ă  la hausse des prix des hydrocarbures et  aux donnĂ©es macro-economiques rĂ©elles,  car confirmĂ©es par le FMI qui vient de dĂ©cerner un satisfecit Ă  la Mauritanie et ce, en optant pour le scepticisme  et la relativisation. 

Par la suite, tout en exprimant sa solidaritĂ© avec l’armĂ©e,  il a contestĂ© le succès  de la lutte antiterroriste avancĂ© par un journaliste, la prĂ©sentant comme aventureuse,  menĂ©e par procuration  et prĂ©judiciable Ă  un voisin : le Mali. Selon lui,  il faudrait que cette lutte  se fasse dans un consensus du front intĂ©rieur  et  en coordination avec les voisins. «Mais les voisins ne veulent rien faire et c’est la Mauritanie qui est la plus visĂ©e» lui a rĂ©torquĂ© un  journaliste. 

Abordant «Emel 2012», Jemil Ould Mansour a reconnu que ce programme a  en partie touchĂ© les populations cibles mais qu’il a connu des dĂ©rives reconnues par le pouvoir  et a rappellĂ© -Ă  juste titre- que le gouvernement a agi tardivement et avait mĂŞme refusĂ© dans un premier temps de reconnaitre l’existence de la sĂ©cheresse, indiquant Ă  la fin, que ce programme  n’a rien de particulier par rapport au plan d’urgence lancĂ© par Ould Taya   et au programme  spĂ©cial d’intervention (PSI)  initiĂ©  par l’ex-prĂ©sident Sidi Ould Cheikh Abdellahi en 2007.

Ould Mansour qui a refusĂ© d’être perçu  comme aspirant Ă  diriger l’opposition mauritanienne dont les dirigeants historiques prĂ©sentent certaines contraintes, a affirmĂ© que son parti aspire  et peut diriger le pays et en a les moyens. Il a contestĂ© les rĂ©sultats du dialogue politique lancĂ© en septembre 2011 indiquant que ses reformes n’ont pas touchĂ© les pouvoirs du prĂ©sident de la RĂ©publique dans la constitution. «La preuve que ce dialogue Ă  Ă©chouĂ© c’est la multiplicitĂ© des initiatives lancĂ©es pour crĂ©er un rapprochement entre le pouvoir et  l’opposition » a-t-il prĂ©cisĂ©.

Sa rĂ©ponse Ă©tait Ă©galement restĂ©e mitigĂ©e par rapport aux rĂ©vĂ©lations faites sur la gabegie pratiquĂ©e par des commissionnaires et des hommes d’affaires  qui auraient fait main basse sur des pans entiers de l’économie refusant de donner leurs noms. Une attitude qui dĂ©note d’un manque de courage de la part d’un homme politique de son envergure.

Sa rĂ©action est Ă©galement restĂ©e floue par rapport   aux dernières dĂ©clarations du Cheikh Dedew qui a indiquĂ© que les manifestations doivent ĂŞtre autorisĂ©es et qu’elles ne sont lĂ©gitimes  que contre le gouvernant qui agresse les personnes dans leurs  biens et leurs vies , qui bloque l’application  des prĂ©ceptes islamiques, et dont l’autoritĂ© a durĂ© longtemps. Et quand le journaliste lui a demandĂ© : «oĂą en sommes-nous de cela en Mauritanie ?»,  Cheikh Dedew  a rĂ©pondu : «Nous sommes dans le meilleur des cas, Inchaa Allah».
Les militants de Tawassoul ont considéré la prestation de leur leader comme un « succès éclatant ».

Certains confrères  ont estimĂ© que qu’il s’est particulièrement bien tirĂ©  et n’a pas Ă©tĂ© acculĂ© par les journalistes qui devraient disent-ils, l’entrainer sur le terrain  idĂ©ologique, alors que la maĂŻeutique socratique, et les salons littĂ©raires, c’est du dĂ©passĂ© en journalisme.

Il faut dire que  Jemil a bien marquĂ© des points, c’est incontestable avec un tribun de sa trempe.   Mais Il faut reconnaitre aussi  qu’il a  laissĂ© des plumes notamment avec les escamotages  et la  vision très politiste de tout: de la sĂ©curitĂ©, de l’économie, des prix , de l’éducation sans compter  le rapprochement de son parti avec  des sphères imprĂ©visibles . Jemil,  l’a dit  lors de l’émission. Les journalistes ont bien compris  ou ira «Ettemedoud» (l’extension ) annoncĂ©e et n’ont pas creusĂ© davantage. On attendra au virage !

MAOB


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