La Coalition des Forces du Changement Démocratique (CFCD) a organisé un meeting impressionnant l’après-midi du 1er février au stade de la capitale à Nouakchott. Ce meeting a été une démonstration de force de la CFCD qui a pu mobiliser plus de 10 000 personnes pour ce meeting. Pour ne pas perdre les lecteurs dans les méandres des analyses journalistiques nous avons préféré vous livrer en brut, les propos tenus par les responsables de la CFCD. A vous de juger et de vous faire votre idée !
Voici la transcription des propos tenus par les chefs de partis et formations membres de la CFCD à l’exception de ceux de MM Mohamed Diallo et Ba Sileye Djiby qui se sont exprimés en Pulaar, respectivement au nom de Flam Rénovation et du Renouveau Démocratique.
M.Oumar Ould RABEH : (Mouvement de la Démocratie Directe MDD) :
«Nous souhaitons la bienvenue à nos invités et au public. Cette présence massive témoigne de l’attachement du peuple mauritanien au changement ainsi qu’au respect par les autorités, de la neutralité et du calendrier électoral. C’est sur cette base que les forces vives avaient accepté le changement du 3 août.»
M Ba Mamadou Alassane, président du PLEJ
«Nous saluons toute la population. La CFCD est là pour construire la Mauritanie et l’unité nationale. Nous ferons tout pour atteindre ces objectifs. Nous voulons que le CMJD reste neutre. Vive la Mauritanie Vive la CFCD».
M Mohamed Ould Maouloud «Je vous remercie tous, jeunes, femmes, personnalités nationales, représentants des la société civile. Je salue les représentants de toutes les composantes du peuple mauritanien venus des quartiers de Nouakchott, y compris ceux qui ont été appelés «Ghettos», que ce soit ceux qui viennent des kebbas ou des quartiers périphériques, qui sont la fierté et la force de la CFCD. Nul n’a le droit de prendre à la légère, leurs sentiments. Ils ont le droit de vouloir rompre les relations avec Israël. Ils ont le droit d’aspirer à une démocratie réelle, qui ne soit pas un artifice monté. C’est fini, la période où l’on pouvait, au préalable, imposer au peuple, les résultats des élections. Personne ne peut plus arrêter la marche du peuple mauritanien qui veut le changement. Je voudrais dire aussi, que la CFCD de par les couleurs qu’elle reflète exprime la réalité du peuple mauritanien et que son désir réel, réside dans l’unité, la paix et que la démocratie progresse de façon pacifique et positive dans l’intérêt de ce pays. Nous ne voulons pas de divisions, de conflit, ou de confrontation avec quiconque. Nous tenons à considérer en permanence le CMJD et les forces armées comme un partenaire honnête qui nous accompagnent sur la même voie parce que nous avons des sentiments de solidarité, de patriotisme et de fraternité ave nos forces armées et de sécurité. Et nous savons qu’elles sont attachées aux aspirations de ce peuple. Et elles n’ont pas d’autres choix. C’est pour cela que nous voulons que le CMJD reste fidèle aux engagements qu’il s’est tracé et particulièrement l’engagement relatif à la neutralité. La neutralité est d’une importance évidente. Nous ne voulons pas seulement d’élections. Durant quinze années, des élections unitiles ont été organisées ici. Ce que nous voulons ce sont des élections honnêtes et incontestées dont les résultats sont reconnus à la fois par le gagnant et le perdant. Ce sont des élections comme celles-là , qui vont garantir la stabilité et l’unité dont nous avons besoin. Nous voulons que les responsables du Gouvernement de la transition accompagnent le peuple mauritanien sur cette voie et qu’ils ne gâchent pas la fête de la liberté et de la démocratie entamée. Nous entendons qu’il y a un progrès, qu’il y a la neutralité, puis nous entendons que tel a été reçu et qu’on lui a dit : « va dans telle direction» (Soud Hok, en Hassania) !.On se moque ainsi du peuple mauritanien. Je voudrais également dire que la CFCD a présenté 4 candidats et qu’il s’agit de branches d’une armée qui s’en va sur un champ de bataille unique. Je vous remercie »

M Jemil Ould Mansour coordinateur des RĂ©formistes centristes : « Au nom d’Allah l’humiliateur des despotes et le soutien des opprimĂ©s, je souhaite la bienvenue Ă nos illustres hotes, qu’ils soient reprĂ©sentants des chancelleries, de la sociĂ©tĂ© civile, de la presse ou des candidats. J’essaierais d’être bref en parlant de trois points avant de conclure. Le premier point est relatif aux dĂ©veloppements politiques que nous vivons aujourd’hui. Nous avons entendu Ă ce sujet ce qu’à dit le prĂ©sident du CMJD et ce qu’a dit la CFCD dans sa dernière confĂ©rence de presse. Et ce qui a Ă©tĂ© dit avec et après. Je voudrais dire de cette tribune, que le problème qui se pose, n’est nullement celui des bulletins blancs, ce nouveau «montage» supposĂ© Ă mesure de vaincre les majoritĂ©s alignĂ©es par les candidats. Le problème qui se pose n’est pas dire ou de rĂ©pĂ©ter que le CMJD est neutre. Bien sur c’est important pour nous de l’entendre, de le rĂ©pĂ©ter, pour que ceux qui parlent ainsi, y croient tout comme nous. Mais comme dit dans la dĂ©claration de la CFCD (a peur de la corde, celui qui fut mordu par un serpent), nous venons de sortir des Ă©lections municipales et lĂ©gislatives qui ont Ă©tĂ© marquĂ©es par l’ingĂ©rence. On nous a pourtant dit qu’il ne s’agissait pas d’ingĂ©rence qu’il y a la neutralitĂ©. On nous l’a rĂ©pĂ©tĂ© Ă haute voix, sur les media. Mais sur le terrain il y a eu ingĂ©rence avec l’autoritĂ© d l’Etat, le sceau de l’Etat, avec le chantage et l’intimidation. Nous voulons aujourd’hui des actes, en lieu des paroles. Nous voulons ĂŞtre convaincus, rĂ©ellement, immĂ©diatement, de façon sĂ©rieuse et ferme de l’absence de toute ingĂ©rence de la part du CMJD dans le jeu politique et dans les Ă©lections. Et je voudrais dire ici -et nous le repetons souvent Ă la CFCD- que nous devons tirer les enseignements des expĂ©riences des autres pays, des autres peuples. On peut bien s’imaginer que les partis politiques n’ont que les hauts parleurs, les rĂ©unions, les meetings et les bulletins de vote. Si les Mauritaniens sont par nature tolĂ©rants, non problĂ©matiques, non portĂ©s sur la violence et les bains de sang, on pourra peut ĂŞtre s’imaginer qu’il soit possible de dĂ©tourner le processus dĂ©mocratique. Je tiens Ă dire que cette approche n’est pas juste. Quelque soit la patience du peuple mauritanien, son attachement Ă la stabilitĂ© et Ă la sĂ©curitĂ© ne veulent pas dire qu’il pourra continuer Ă supporter des manipulations après une dĂ©cennie de dictature. Il ne supportera plus un seul jour, de telles dĂ©viations. Et lĂ , je demande Ă nos frères (et je les appelle bien, frères du CMJD) de cesser toute ingĂ©rence dans le jeu politique. Cela est dans leur intĂ©rĂŞt, ainsi que celui de la Mauritanie et de la dĂ©mocratie. Ma deuxième observation est qu’assez de gens, en raison de la multitude des candidatures ne croient plus Ă la CFCD. Personnellement, -et que les dirigeants de la CFCD m’excusent- je les comprends. NĂ©anmoins, je voudrais dire que la CFCD a tenu Ă organiser ce meeting aujourd’hui après la validation des candidatures Ă la prĂ©sidentielle pour dire que la multitude des candidatures n’entame en rien l’unitĂ© de la CFCD .Seulement, chacun des candidats a pris son sac (Ch’kara) pour y recueillir ses suffrages et nous espĂ©rons qu’au deuxième tour, tous les sacs se dĂ©verseront en un. Le troisième point que je voudrais aborder est relatif aux constantes. Je voudrais d’abord demander : qui fixe les constantes ? Les constantes dans toute sociĂ©tĂ©, toute nation sont fixĂ©es par la religion, l’identitĂ©, la pensĂ©e et l’histoire de la sociĂ©tĂ©. Et il n y a pas Ă ce que je sache, une affaire sur laquelle il y a autant de consensus chez le peuple mauritanien et les partis, que sur la question de la rupture des relations diplomatiques avec l’entitĂ© sioniste. C’est cela les constantes du peuple mauritanien qu’on le veuille ou non. Oui, nous avons dit que rompre les relations diplomatiques avec l’entitĂ© sioniste est plus difficile que leur Ă©tablissement, mais ce qui est bon et utile c’est de faire ce qui est difficile Ă entreprendre. Je voudrais conclure en disant qu’il y a une propagande qui dit que les partis de la CFCD sont un regroupement d’extrĂ©mistes qui vont rouvrir les dossiers, juger et emprisonner les gens. Je tiens Ă dire que nous sommes des partis politiques responsables. Nous savons que les dossiers pendants doivent ĂŞtre traitĂ©s, mais de manière Ă rĂ©parer les prĂ©judices sans soulever des problèmes. C’est notre philosophie. Nous pensons que le prĂ©sent et l’avenir sont plus importants que le passĂ©. Mais nous devrons mettre en place des outils et des garde-fous pour Ă©viter que ne se renouvelle le passĂ©, quand on divisait les mauritaniens sur des bases raciales, rĂ©gionales et sociales. Enfin nous voudrions rappeler Ă ceux qui nous gouvernent que nous ne sommes pas fatiguĂ©s de la lutte, de dĂ©noncer. C’est vrai, nous avons attĂ©nuĂ© nos propos sciemment pour pousser vers une Ă©volution dĂ©mocratique et si l’on continue Ă nous faire mal et que l’on s’assure que tout est faux (Kdheib), «Halima redeviendra ce qu’elle Ă©tait » Et je dis comme le poète Ahmed Matar : ö peuple pourquoi Allah t’a-t-il donnĂ© des mains…Allah t’en a dotĂ© pour que tu descendes les princes de leur trĂ´ne et que tu les traĂ®nes Ă tes pieds »
Saleh Ould Hannena president du Hatem « Je salue nos illustres hôtes et les populations venues nombreuses répondre à l’appel, en ce moment important de notre histoire. Je salue les représentants des missions diplomatiques et spécialement les représentants de l’Ambassade de Palestine. Je leur exprime notre solidarité profonde vis- à -vis de nos frères, qu’ils soient en Palestine ou en Irak. La cadence des événements chez nous en Mauritanie, nous accapare momentanément de nos frères arabes. Je tiens à dire à cette immense foule que la marche du changement a débuté et qu’il est impossible de l’arrêter, quelque soit la nature des résistances .Notre peuple a en marre du mensonge, de l’hypocrisie de la flagornerie perpétrés par les forces du mal, qui ont servi les anciens régimes. Je conseille aux autorités de la transition de ne pas prêter oreille à ces forces du mal qui ont entraîné la perte de leurs prédécesseurs. Le changement a commencé et ceux qui s’y opposent, nagent à contre courant. Nous demandons à nos gouvernants, à notre élite, ceux parmi elle, qui ont commis des fautes ou ne les ont pas commises, d’accompagner le changement, d’adopter le changement. Car il s’impose. Nos militants sont détermines pour le changement et y aspirent avec sincérité. Le deuxième point que je veux évoquer est relatif à la neutralité.Et la neutralité que nous demandons ne se résume pas en un slogan creux, répété dans les media, mais exige une action réelle qui fasse que le citoyen puisse choisir sans influence. Il ne s’agit pas d’une position à prendre par le gouvernement. Elle doit se traduire par l’arrêt de tout ce qui est de nature à influencer le choix du citoyen concernant ceux qui vont le diriger. Il faut que l’on sache que l’utilisation des moyens de l’Etat, les nominations dans cette période sensible, les dénominations de ceux dont les comportements n’ont pas plu, ainsi que la privation de ceux qui ne prennent pas part à la démarche entamée, tout cela est loin de la neutralité.Nous demandons à nos frères du CMJD et ceux du gouvernement de la transition d’être neutres et qu’ils sachent que le plus important cadeau qu’ils puisent faire au peuple Mauritanie, ce sont des élections transparentes.. Le peuple mauritanien aspire à une vraie démocratie, abstraction faite de qui sera le vainqueur. Je voudrais rassurer les populations venues nombreuses aujourd’hui et dont je sais qu’elle sont autant attachées que nous, au changement , que ce dernier aura lieu InchAllah.. Mais le changement a besoin de nous tous, d’une élite qui assume ses responsabilités jusqu’à ce qu’intervienne le changement quelque soit les sacrifices ; des populations qui se mobiliseront autour de cette élite au cas où les jours qui viennent risquent de ne pas être comme les jours qui les ont précédé. Notre détermination à la coalition est la même que celle des tous les mauritaniens et chacun doit être vigilant pour que le navire arrive à bon port. Je veux également souligner que bâtir la Mauritanie sur des bases saines ne veut pas dire que cela soit orienté contre quiconque. Nous avons convenu avec les autorités de la transition de ne pas évoquer le passé, pas parce qu’il n y rien à évoquer, mais pour sécuriser l’avenir. Le peuple mauritanien est prêt à oublier le passé y compris ce qui se fait présentement. C’est pour l’avenir, que nous avons pu oublier de notre passé, ce qui peut l’être, notamment ce qui ne concerne pas des ayants droits. La stabilité et l’unité nationale fondées sur des bases solides nous dictent un sens de la responsabilité et une prise en considération des dangers qui guettent notre pays. Dernier point sur lequel je voudrais m’appesantir, c’est qu’en tant qu’hommes politiques de ce pays, nous ne sommes pas disposés à demander l’avis de quiconque, sur nos discours, nos engagements, ou nos convictions. L’intérêt de la Mauritanie est dicté par la morale et la religion et non pas par «Amr» ou «Zeid». Les relations avec l’entité sioniste sont une honte dans l’histoire de la Mauritanie contemporaine et leur rupture s’impose quelque soient ceux qui s’y opposent. Nous devons construire nos relations avec notre environnement africain en restaurant la confiance. Nous devons revenir à notre environnement arabo-islamique. Nul n’a une tutelle sur ces questions et nous n’accepterons à ce sujet, la tutelle de quiconque. Cela est également valable pour les questions liées à l’institution militaire. Les affaires de ce pays concernent tout les mauritaniens. Il n y a pas de tutelle, ni de ligne rouge. L’ère de la tutelle et des lignes rouges est révolue».
Messaoud Ould Boulkheir président de l’APP « Je ne veux pas abuser de votre temps. Ce pour lequel nous avons organisé ce meeting a été dit. Inutile de le repêter. Ce qu’on vous a dit, je l’ai déjà dit avant ceux qui vous l’ont dit. Je voudrais remercier ces foules venues nombreuses exprimer leur mécontentement par rapport au discours prononcé le 27 janvier par le chef de l’Etat. Ces foules sont venues exprimer leur refus de ce discours, dans le fond et dans la forme. Ce discours nous a troublé. Nous n’avons pu y cerner le vrai du faux .Mais ce que nous demandons est clair : c’est la neutralité totale, qu’on cesse d’orienter les cadres, les notables et les porteurs de voix. Nous pensions qu’Ely Ould Mohamed Vall est venu effacer les traces laissées par son prédécesseur, mais nous avons compris que Maaouya ne faisait qu’exécuter les plans et projets d’Ely.»
Ahmed Ould Daddah president du RFD «Je salue les représentants des candidats ici présents qui nous ont honorés de leur présence, ainsi que les représentants des ambassades. Je salue la société civile et évidement les populations pour les sacrifices consentis pour venir dire, la vérité. Comme l’ont dit les collègues, la Coalition symbolise de manière sincère, l’Unité nationale. La Coalition cherche le changement dans l’intérêt de tous. Et je dis que ceux qui tiennent les rênes et freinent le changement, sont ceux-là même, qui en ont besoin. Le changement est comme une vague de la mer. Il est inéluctable et il est préférable qu’il survienne de manière contrôlée, orientée au lieu de survenir incontrôlé et sans vision, pour tout ravager. S’il intervient de manière contrôlée comme le souhaite la Coalition, il sera dans l’intérêt de tout le monde : de ceux qui ont déjà tiré profit parce qu’ils ne seront inquiétés et de ceux qui étaient privés et qui n’acceptent plus de l’être. Le changement, nous le voulons sage et démocratique, ce qui veut dire qu’il ne soit, ni imposé, ni le fruit de complot ourdi dans l’obscurité, mais avec la volonté et le consensus populaire. La nation ne peut s’accorder sur une mauvaise voie. La concertation garantit le succès. Son absence engendre l’échec. La coalition est une force considérable et le changement qu’elle prône interviendra et sera au service de tous. Nous avons accompagné ce Conseil Militaire, nous l’avons soutenu parce que nous considérions qu’il est venu porteur de justice et il l’était. Mais nous n’accompagnerons quiconque s’il devient injuste, quelqu’en soit le prix. La Coalition veut des élections honnêtes et transparentes. Nous féliciterons celui qui gagnera de manière honnête et transparente. Nous l’assisterons et travaillerons avec lui comme leader de la Nation. Mais nous refuserons toute élection truquée et nous voulons que cela soit clair ! La fraude ce n’est pas le jour du scrutin : la fraude, ce sont les conciliabules, les pressions et l’usage des moyens de l’Etat. Cela n’est pas acceptable et doit cesser. Il y a d’autres problèmes de fond qui ne doivent pas échapper sauf à celui qui ne veut rien voir : cette jeunesse qui représente 75% de la population qui tente d’émigrer ne sachant où aller, parce qu’elle n’a pas d’avenir, ni de perspectives. Tout responsable ne doit-il pas perdre le sommeil face à une telle situation ? Toutes ces populations qui n’ont pas de quoi dîner, cette pauvreté endémique, ces²maladies non soignées. Nous souhaitons et implorons Allah en cette soirée du vendredi parce que la Mauritanie n’a pas besoin de guerre ou de conflits afin qu’elle réussisse à organiser des élections honnêtes, qu’elle procède à l’élection d’un président qui lui apporte du bien et que notre pays retrouve sa place dans le concert des nations, des pays et des peuples.» Transcription et Traduction IOM
|