Le dialogue politique auquel appellent les acteurs mauritaniens au pouvoir et à l’opposition depuis juin 2009 tarde à être lancé, mais gagnerait aussi, à être défini. Le président de la République a maintes fois affirmé qu’il y est favorable, la Coordination ...
..de l’Opposition Démocratique (COD) aussi, d’une manière collégiale, et individuellement à travers tous ses membres : APP, RFD, CDN, Tawassoul, UFP, El Wiam et Adil . Jamais un parti de l’opposition n’a dit qu’il le rejette.
Mais le vrai problème c’est qu’il y a bien une nette grande différence entre déclarer être favorable au dialogue, et prendre les dispositions pour le déclencher, en fixant un ordre du jour, une date, un cadre, un plan d’action, une durée, des objectifs et un mécanisme de suivi-évaluation. Sur ce plan, c’est la COD qui a déjà fait des propositions. Le pouvoir lui, n’a fait que dire qu’il est favorable au dialogue. Sans faire de suggestions. Ce qui a été perçu comme une manœuvre politicienne destinée à diviser les opposants et à charmer la communauté internationale.
Des objectifs qui semblent en voie d’être atteints grâce notamment aux relais du pouvoir dans une certaine presse.
Les dépêches de ces organes sont de plus en plus rédigées pour laisser penser qu’il y a des opposants qui veulent dialoguer et éviter les dérives (Messaoud et Boidiel qui empruntent maintenant une voie déjà suivie par Tawassoul et Adil) et d’autres (Daddah-Maouloud-Jemil) qui ne veulent pas le faire et préfèreraient mettre le feu aux poudres.
C’est dans ce cadre qu’il y a présentement un grand tapage sur la position de Messaoud Ould Boulkheir concernant la dialogue avec pour angle qu’il a rejette la solution de la "révolution", à laquelle appellerait un mouvement d’opposants au régime.
Une perspective qui ne ferait -selon Messaoud- que "plonger le pays dans le chaos". "Ceux qui prônent la révolution se doivent de descendre eux-même dans la rue", a-t-il préconisé, précisant que son parti, l’Alliance populaire progressiste (APP) sans évoquer les contours du dialogue et en maintenant ses critiques acerbes contre le régime, a décidé d’aller au dialogue. Rien de nouveau.
Tous les leaders de l’opposition ont recemment exprimé leurs critiques habituelles déclaré être favorables au dialogue. Cest vrai, ils ont exclus la participation aux élections d’octobre qui se dérouleront avec des cartes nationales d’identité périmées et un fichier électoral très mal en point. Est-ce à cause de cela qu’on dit qu’ils veulent le chaos ?
Ces développements surviennent alors que les grèves et sit-in se multiplient en Mauritanie et que le dialogue politique est dans l’impasse avec en ligne de mire le boycott des prochaines échéances électorales. C’est ce qui a probablement fait dire à la revue spécialisée «Maghreb intelligence» dans son édition online du 17 juin que le président Aziz pourrait «avoir des soucis». «Alors que le président mauritanien Ould Abdelaziz continue de s’occuper des affaires internationales, le front interne se fissure dangereusement. Après les islamistes, le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), c’est autour de l’Union des Forces de Progrès (UFP) d’annoncer qu’il ne participera pas aux prochaines échéances électorales», écrit Maghreb Intelligence. La revue ajoute qu’un diplomate français qui a rencontré dernièrement de hauts responsables mauritaniens, leur a conseillé de ne pas faire de la lutte contre AQMI, un projet de société, car cela serait insuffisant dans la conjoncture actuelle. Et de poursuivre : « Il faut dire que d’après les rapports qui arrivent de Nouakchott à Paris, la situation mauritanienne devient de plus en plus inquiétante. Les grèves et les mouvements sociaux se succèdent et le mécontentement chez de larges pans de la population grandit de jour en jour. Il semblerait que Ould Abdelaziz soit déconnecté de la réalité. « Il est comme transis par sa nouvelle stature africaine », explique un homme d’affaires français qui se rend souvent dans la capitale mauritanienne ». «Plusieurs observateurs pensent que c’est lors des prochaines élections que les choses risquent de déborder. Si les principaux partis boycottent les élections, Aziz serait considérablement délégitimé et cela pourrait ouvrir les portes à toutes les possibilités, affirme un diplomate occidental», a conclu Maghreb Intelligence. MAOB
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