Très souvent, Ould Moctar Nech est intervenu dans les médias, notamment écrits ; il n’a été présenté que rarement. Devant l’insistance des internautes, «Tahalil» s’efforcera dans le présent commentaire à le faire connaître aux lecteurs, notamment à ceux qui l’ont souhaité au vu de ses opinions, qu’ils soient d’accord ou pas avec ce qu’il écrit.
La cinquantaine, M. Nech, comme tout le monde l’appelle est issu de la formation technique moyenne et supérieure - DES Banque et DSS finance - (gestion, banque finance). Dès 1979, il entre dans la profession bancaire où il gravit rapidement les échelons et occupe d’importantes responsabilités tout en se livrant à l’enseignement supérieur continu au sein du Conservatoire National des Arts et Métiers en tant que cadre supérieur de banque. « A l’époque, dit- il , occuper un emploi de banque était structurant sur tous les plans pour les postulants au vu des normes de la Banque Centrale encore en pratique ces années là et qui exigeaient des formations transversales pointues dans le domaine de l’économie bancaire, du droit et de la finance… » Mais M. Nech se considère avant tout un autodidacte. « Je n’avais pas fait d’études scolaires très brillantes et cela m’a amené à rebondir pour compenser le temps perdu et ce n’était pas facile… » Nommé Fondé de Pouvoirs au sein de la banque à l’âge de 22 ans, il s’est senti paradoxalement frustré. « La moyenne d’âge pour le grade au sein du groupe Société Générale qui pilotait la banque était de 42 ans et je ne pouvais ainsi prétendre à des responsabilités autonomes….alors j’avais décidé de partir tout simplement ! » déclarait -il. Ambitieux, il quitte les guichets bancaires et fonde en 1985 son propre cabinet d’études et se lance dans le secteur privé dans ce qu’il appelle, lui-même, « la filière conseil aux dirigeants » et développe une expérience probante dans ce domaine. « Le plus difficile pour le débutant que j’étais c’était d’inspirer la confiance du partenaire toujours prompt à anticiper le temps, malheureusement souvent pas dans le bon sens ». Pas aisé de changer les mentalités de ses clients car pour ceux –ci :«Mourir un jour, , c’est d’abord le principe de laisser du Iqar ou biens fonciers à sa succession » mais cela se traduit souvent par des dettes concomitantes léguées au système bancaire et aux anciens partenaires de l’entreprise…..aussi l’affaire ne survit –elle quasiment jamais à son fondateur… » « Les entrepreneurs mauritaniens sont doués pour le négoce, mais malheureusement, ils sont souvent pressés. Comment les convaincre de pratiquer l’entreprise comme une entité viable, citoyenne et loyale à son pays ? » M. Nech n’en démord pas. « Jai vu des hommes d’affaires installer une usine rutilante et emprunter le fonds de roulement contracté auprès de la banque pour construire un immeuble ou acheter une palmeraie dans le village natal ». Et il ajoute « difficile de convaincre un investisseur qui cultive la notion paternelle de la propriété qu’il a d’abord un devoir envers la structure créée et souvent c’était la galère pour payer les salaires en fin de mois ou disposer à temps de stocks de matières premières ! ». M. Nech constate : «Heureusement, tout le monde n’en était pas à cette pratique mauritanienne atavique de l’entreprise», « mais dans un environnement qui accède à l’économie libérale par la seule volonté politique du pays, le problème est d’encrer solidement la culture universelle d’entreprise, poursuit-il ». Qu’est ce qui a le plus frappé M. Nech dans le cadre de son expérience de grand ami des patrons ? M. Nech répond sans hésitation : « C’est la notion économique de la valeur ajoutée ou formation de capital aussi bien dans le secteur privé que public et c’est en réalité ce qui ruine notre pays au nom d’un concept corrompu et qui évolue à ce jour dans le sens rétrograde… » M. Nech précise : « Nous figurons parmi les pays où il n’est pas obligatoirement vérifié que la formation de richesse se réalise par une addition et non par une soustraction de facteurs et ainsi de garantir que toutes les parties prenantes sont rémunérées rationnellement au titre de l’utilisation de cette valeur dont l’objet est de produire la croissance et donc le développement économique ». « Pourtant, poursuit –il, ce n’est pas difficile à vérifier… »
Bien entendu, il tient depuis toujours à maintenir le contact avec l’enseignement technique dans le domaine de la banque et la finance et à ce titre il a été volontiers vacataire pendant plusieurs années au titre de l’enseignement prodigué aux cades de banque dans le pays et dans la sous-région. Et de continuer :« Rien n’est plus important pour un pays que la formation des ressources humaines… C’est la seule garantie dont il peut disposer pour s’assurer que la relève des générations sera assurée mais surtout que la nation pourra tenir convenablement au niveau des comparaisons internationales.. » L’organisation de ses activités et le niveau de ses collaborateurs lui permettent d’intervenir personnellement dans des secteurs clés depuis près de 30 ans. « Je ne veux pas en parler dans les détails, ce n’est pas ce qui peut intéresser vos lecteurs et puis l’objet du présent entretien ne me permet pas d’en dire davantage…Disons que je touche un peu à tout ; cela arrive par la volonté des partenaires et par les priorités que dicte le marché dans le domaine de mes activités ». Mais quid de M. Nech, « le militant » comme il aime se définir lui –même. « Je suis militant pour le développement de mon pays, à la fois par principe et par devoir car ceci est notre responsabilité à tous où que nous soyons et quel que soit notre profil politique ou social… » Son crédo politique ? « Présentement contribuer à empêcher que les crises politiques qui ont émaillé l’histoire récente de la Mauritanie ne continuent à faire dériver le pays vers une faillite irréversible et c’est pourquoi j’ai soutenu le Général Ould Abdel Aziz dans son entreprise de recentrage de notre orientation politique et économique, le 6 août 2008 ». « Le problème de notre classe politique, c’est l’idée qu’elle se fait de la démocratie…Les pesanteurs liées au fonctionnement des partis eux-mêmes, font qu’ils demeurent organisés éternellement autour de mêmes leaders, en l’absence d’une réelle participation des militants. ….» Quel rôle pour les partis dans les années à venir ? « Au moment où la Mauritanie connait un tournant décisif de son histoire politique, Le renouvellement de la classe dirigeante est inévitable au niveau des partis de l’opposition, notamment, à la fois pour aider à changer le cap et pour donner une meilleure impulsion à une nouvelle conception du rôle de l’élite politique dans notre pays car car il existe des cadres compétents et charismatiques au sein des partis en question et qui peuvent assurer une bonne relève pour l’avenir ». Sur le plan économique, M. Nech pose les priorités telles qu’il les conçoit au travers de son expérience éprouvée. « D’abord revoir la conception de notre politique économique de manière à ce qu’elle pisse générer la croissance. Cela suppose d’associer et responsabiliser le secteur privé tout en recréant une administration à même de mener à bon terme les stratégies du Gouvernement, en particulier, sur la base du principe du développement décentralisé en donnant leur place aux régions, aux communes et à la société civile dans la gestion des affaires».
Sur le plan communication, notre hôte ne se cache pas de son désir de communiquer « quand il s’agit des grands moment de la vie de la nation ». « Le plus difficile, précise –il , est d’ échapper à la tentation de rester dans la facilité de rester dans les convenances d’une certaine opinion et à ne pas prendre de risques en formulant une approche claire et objective quand il s’agit d’orienter l’opinion et les décideurs dans les moments décisifs ». M. Nech de poursuivre : « le véritable rôle de l’intellectuel est de prendre la mesure des évènements à bon escient et de contribuer à fonder les tendances objectives de l’opinion ».
Pour tout contact, Mohamed Nacer Moctar Nech, nacernech@yahoo.fr
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