Le président sénégalais Abdoulaye Wade a nié le 14 mai à Nouakchott, être venu en médiateur en Mauritanie : «Je suis venu pour écouter et donner des conseils, je n’ai pas de solution magique» a-t-il dit à la presse. Au terme de sa visite le président sénégalais s’est déclaré malgré tout "optimiste" après une série d’entretiens avec les acteurs de la crise mauritanienne autour d’un enjeu majeur:
le report de la présidentielle du 6 juin afin de permettre la participation de l’opposition à celle-ci. Wade était accompagné d’une délégation comprenant deux hauts responsables de l’Union africaine et de l’organisation des Nations Unies qui ont quitté Nouakchot avant le départ du président sénégalais, n’ayant pas appréciés, dit-on, que le général Ould Abdel Aziz ait rejeté toute idée de report de la présidentielle prévue le 6 juin. "Il n’y aura pas de report, il n’y aura pas de report", avait insisté devant les journalistes, le général Ould Abdel Aziz après s’être entretenu avec M. Wade. La campagne électorale s’ouvre officiellement dans huit jours, délai qui ne permet pas la préparation de la participation de l’opposition. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz qui a mené sa campagne électorale anticipée huit mois durant, avant sa démission (très) formelle de l’exécutif, n’entend donc pas reculer la date d’un scrutin qu’il a fixé avec ses soutiens et dont il est le favori face à trois candidats de petit calibre Mais Wade ne démord pas! "Le général Aziz tient à la date du 6 juin, les autres demandent une autre date" a-t-il dit dans une déclaration à Radio Mauritanie en Français et en Wolof, avec des «Kham gueu lool» et autres «Giss engué». "Je leur dis que je prends sur moi que s’il y a consensus entre les différents partenaires sur une date déterminée, je me ferai fort de convaincre le général de l’accepter" a-t-il poursuivi". "Avec Jean Ping et Ali Triki, nous sommes arrivés à la conclusion que les transitions doivent être très brèves et que, dans ce cadre précis, les élections en Mauritanie doivent avoir lieu avant l’hivernage" . La saison des pluies commence fin juillet en Mauritanie. La précipitation pour la tenue de la présidentielle envisagée sert en premier lieu dans le contexte actuel, le camp du général Ould Abdel Aziz. Pourtant des élections passées en Mauritanie s’étaient bien déroulées en période hivernage (élections double de octobre 2001) et l’unique transition (2005) qui peut servir de référence en Mauritanie n’a pas été brève. Dans le passé, les élections s’étaient déroulées comme suit : Janvier pour la présidentielle de 92, Décembre pour la présidentielle de 97, Octobre pour les élections législatives et municipales de 2001, Novembre pour la présidentielle de 2003, Novembre pour les législatives de 2006 et Mars pour la présidentielle de 2007. La transition de 2005 a duré un peu moins de deux années. Après le départ de Wade de Nouakchott M. Cheikh Tijane Gadio son ministre des affaires étrangères et le libyen Abdessalam Triki y sont restés pour "superviser le dialogue" entre les protagonistes. «Ce sont deux fonctionnaires dont les pays respectifs ne sont pas neutres. Il aurait été plus judicieux de faire superviser le dialogue par Jean Ping et Said Djinnit » réagi à notre micro un observateur, avant d’ajouter : «Wade a réussi (fin avril) à faire reculer la prise par l’UA des sanctions individuelles contre les militaires et leurs soutiens et quand l’UA voudra les entreprendre de nouveau, le 7 juin 2009, ce sera trop tard : Ould Abdel Aziz deviendra alors un président venu par les urnes et non plus par les armes» a-t-il conclu.
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