La date-butoir pour les dépôts de candidature à la présidence est passée le 22 avril sans que se présente de personnalité offrant des chances sérieuses de battre le chef de la junte, le général Ould Abdel Aziz. Mais ce scrutin prévu le 6 juin et marqué du sceau du boycottage ne devrait pas donner à Abdel Aziz la légitimité qu’il recherche à l’étranger et dans son pays, un peu moins d’un an après le renversement du premier président démocratiquement élu depuis 1960.
"C’est une élection dont le résultat est connu d’avance. Il n’y a aucun candidat qui ait la stature pour affronter le général", note un politologue mauritanien s’exprimant sous le sceau de l’anonymat. Aucun des trois principaux adversaires d’Abdel Aziz n’ont l’expérience ou les moyens nécessaires pour faire le poids face au général qui a adopté un style plus populiste après ses premières apparitions en uniforme. Ibrahim Moctar Sarr, dirigeant de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie - Mouvement pour le Renouveau, populaire au sein de la population négro-africaine, a annoncé qu’il se présente. Sarr avait recueilli huit pour cent des suffrages en 2007, arrivant en cinquième position. Autre candidat, Kan Hamidou Baba, vice-président de l’Assemblée nationale, a été exclu du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD, un grand parti qui boycotte la présidentielle), en raison de son ton conciliant envers la junte. Sghair Ould M’Bareck, un ancien Premier ministre, a lui aussi posé sa candidature. Le FNDD accuse Abdel Aziz d’avoir établi le calendrier électoral sans consulter personne. De potentiels candidats de poids tels que Ahmed Ould Daddah président du RFD ne se sont dès lors pas lancés dans la course. "Nous refusons de participer à cette parodie. Ce qu’il faut, c’est démasquer le coup d’Etat et empêcher la tenue de cette élection", a déclaré Mohamed Ould Maouloud, président en exercice du FNDD. Ould Abdel Aziz, qui a officiellement démissionné de son poste de chef de la junte, a dès lors le champ libre, mais la légitimité du scrutin risque d’être écornée. "Le mouvement anti-putsch n’a pas les moyens d’empêcher l’élection, mais il peut certainement tenter de porter atteinte à sa crédibilité", note un analyste politique. L’Union africaine a imposé des sanctions en février et l’Union européenne a déclaré ce mois-ci qu’elle ne pouvait coopérer avec un gouvernement militaire et qu’elle suspendrait son aide pour une durée de deux ans. "Aucun observateur de l’UE ne sera mandaté pour l’élection qui ne sera reconnue par personne, ni dans le pays ni à l’étranger. C’est un problème de crédibilité et de légitimité pour le prochain chef de l’Etat"", note un diplomate européen.
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