Une conférence-débat sur la tournée menée entre les 19 et 22 mars par le Général Mohamed Ould Abdel Aziz, président du Haut Conseil d’Etat (HCE) en «Aftout» dans le «triangle de la pauvreté» a été organisé à l’Hôtel Wissal de Nouakchott le mardi 24 mars 2009 à 18 heures par la Coordination Nationale pour la Consolidation de la Démocratie/Ere nouvelle (CNCD) présidée par Mahmoudi Ould Saiboutt.
Sous le thème : «Tournée du président du HCE : Politique de proximité ou campagne anticipée?», la conférence débat a été organisée en collaboration avec des initiatives populaires ainsi que les journaux «Tahalil-Hebdo», « El Houriya», «Houmoum-Ennass», et fut animée conjointement par Mohamed Néma Oumar directeur du journal arabophone «El Houriya» et Isselmou Ould Moustapha, directeur de publication de l’hebdomadaire francophone «Tahalil-Hebdo» qui en est le modérateur. Le débat qui a suscité un vif intérêt dans une salle archi-comble a été marquée par la présence de plusieurs responsables de partis politiques dont Mohamed Ould Nahah, président du parti du Rassemblement Populaire (RP) et vice-président de la CNCD, ainsi que le secrétaire général du parti mauritanien pour la justice et la démocratie et celui du parti mauritanien pour le Renouveau et de plusieurs autres invités. Inscrivant le thème du débat dans une perspective d’un dialogue serein et responsable le président de la CNCD a souhaité la bienvenue aux invités et annoncé que sa Coordination entend créer le dialogue entre les mauritaniens sur les grandes questions nationales. Abordant le premier axe de la conférence débat relatif à la politique de proximité qui peut être perçue dans la tournée du Général dans «le triangle de la pauvreté» les intervenants étaient partagés. Des intervenants ont favorablement jugé cette tournée déclarant qu’elle constitue un signal fort pour les populations délaissées et augure de la solution de leurs problèmes. Une intervenante a déclaré que la tournée en «Aftout» n’est pas dénuée de calcul politique et électoraliste comme la campagne lancée contre la gabegie soulignant à l’occasion que l’entourage du général Ould Abdel Aziz comporte des symboles de la gabegie qui ont servi sous Ould Taya, Ely et Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Une autre intervenante a souhaité que les nouakchottois cessent de se deverser vers les villages visités empêchant ainsi les populations visitées de pouvoir entrer en contact direct avec le president du Haut conseil d’Etat. L’un des intervenants a déclaré que la tournée ne se justifie pas dès lors que la crise que traverse la Mauritanie depuis le 06 août 2008 est loin de trouver une solution consensuelle. Pire, le boycott du front national pour la défense de la démocratie (Fndd-coalition de partis anti-putsch) des états généraux sur la démocratie et le refus du RFD de leurs résultats constitue un handicap à une possible élection présidentielle où ne prendraient pas part l’ensemble de la classe politique mauritanienne. Il s’y ajoute -a-t-il dit- l’échec de la médiation libyenne qui, au lieu de convaincre les parties prenantes à aller vers une solution consensuelle, n’a fait que créer une situation beaucoup plus confuse. Abordant le second axe de la conférence débat, celui de savoir si la tournée en question est une campagne électorale anticipée, un intervenant a déclaré que même si le Général Aziz ne s’est pas encore prononcé officiellement au sujet de sa probable candidature à l’élection présidentielle du 06 juin, les actes qu’il pose de jour en jour et la forte demande de ses soutiens pour sa candidature sont des signes précurseurs. D’autres intervenants se sont succédés pour soutenir le général Ould Abdel Aziz et d’autres pour dénoncer le culte de la personnalité. L’un d’eux déclarera : « la Mauritanie a précédé Ould Abdel Aziz et Sidi Ould Cheikh Abdellahi et leur survivra. Nul ne doit se faire de la publicité en faisant des réalisations au profit du peuple mauritanien, car les ressources utilisées sont les ressources du peuple mauritanien. Elles ne proviennent pas des poches du de Ould Abdel Aziz » . Un intervenant a déclaré qu’il faut saluer la lutte contre le « moufcidines» (symboles de la gabegie). Ce à quoi un autre intervenant lui répondra qu’il faut cesser de repeter ce mot « moufcidines » parce que nul n’est innocent de cette accusation en Mauritanie et qu’il faut plutôt aller dans le sens de l’apaisement et des retrouvailles entre les protagonistes en procédant à la libération des détenus.. Le syndicat des chauffeurs et des initiatives étaient fortement représentés et ont enrichi le débat par des contributions pertinentes. D’autres questions importantes en rapport à la tournée du Général Aziz et de la crise ont été soulevées et ont suscité beaucoup de débats contradictoires sur lesquels nous reviendrons.. Compte rendu Ibou Badiane
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