Depuis la première quinzaine du mois de novembre 2008, un groupe de cadres et de notables de la wilaya du Gorgol a entrepris une initiative à l’approche novatrice. C’est celle de sillonner toutes les localités de la wilaya dans le but d’identifier les besoins des populations pour leur prise en charge par les pouvoirs publics.
Cette action, menée sous la houlette de Ba Yahya Bocar (photo), Président de la Commission Centrale des Marchés se veut transcendante des appartenances politiques et s’inscrit sous le seul credo du « concret » auquel il convie tous les fils du Gorgol.
C’est en ayant pris conscience de l’état piteux dans lequel était plongé la wilaya du Gorgol, classée 2ème la plus pauvre du pays, après le Guidimakha, que la perspective d’entreprendre enfin une action efficace est née chez un groupe de natifs de la wilaya sous la direction de Ba Yahya Bocar, Président de la Commission Centrale des Marchés. Ces personnes ont depuis, sans tambours ni trompettes, mis en branle une initiative depuis la mi-novembre qui a dans une première phase commencé un travail de terrain sous-tendu par une philosophie qui veut mettre en avant l’esprit du «CONCRET». Aussi, après une première réunion tenue à Kaédi, où le groupe a tenu un meeting de sensibilisation sur l’initiative, le groupe a convié toute la diaspora du Gorgol le 12 décembre 2008 à l’hotel Emira de Nouakhott à une rencontre où Ba Yahya a présenté au public un document intitulé : «Un plan pour le Gorgol.» Un plan pour le Gorgol Le document tient en 7 points que sont : 1) identification des besoins sur le terrain, 2) évaluation des besoins, 3) transformation des besoins en projets, 4) transformation des projets en dossiers, 5) remise des dossiers aux plus hautes autorités de l’Etat, 6) demande aux ressortissants d’appuyer et de contribuer aux réalisations à quelque position qu’ils soient, et 7) retour sur le terrain pour la réalisation des dossiers. Depuis, le groupe a effectué une visite à Kaédi où il a rencontré les populations, rendu visite aux notabilités et a recensé 20 besoins prioritaires du département central qui se résument entre autres en l’annulation des redevances agricoles pour les exploitants victimes des inondations de 2007, extension du réseau d’eau et électrique, des moissonneuses-batteuses, décortiqueuses ou moulins, éclairage public, emploi des jeunes, création d’un 2ème département central à Kaédi, installation d’une antenne relais de Radio Mauritanie, décentralisation de l’Etat-civil, un débarcadère, emploi des jeunes, aide alimentaire, voierie. Par la suite, une seconde mission s’est rendue du 06 au 07 février dans 16 localités des communes de Ganki et de Lexeiba 1 dans la Moughataa de Kaédi. A ce niveau aussi, le but était : l’identification des besoins de services de base des populations, la collecte des initiatives locales de développement afin de les faire remonter vers les autorités et la sensibilisation des populations sur l’importance du recensement administratif. Le groupe du «CONCRET» a eu en cette occasion à rencontrer des chefs de familles, des notables des élus locaux. Des localités non visitées ont envoyé des représentants. C’est le cas de Seyenne Gababé, Seyene Wouro Molo, Yalalbé. Une 3ème mission doit se rendre dans les communes de Djéol et de Néré Walo du 12 au 14 février afin de prendre connaissance des besoins de ces localités aussi. Il faut noter que dans les villes et villages où le «CONCRET» est passé, une évaluation précise est mise au point pour l’entreprise d’une action future efficace. Un tableau est conçu pour le recensement des problèmes et besoins d’une part, des réponses et actions d’autre part, et un coût. De toute évidence, il apparaît que la stratégie adoptée par l’initiative du «CONCRET» est novatrice en ce sens qu’elle met en avant tout d’abord les intérêts collectifs plutôt que ceux individuels. Personne n’est exclu. Les besoins collectifs d’abord. La philosophie de cette initiative se résume dans la vision qu’en donne Ba Yahya Bocar : « le concret est notre objectif, la main tendue est la méthode qu’on entend lui donner. » Le tout dans un souci d’équité. Ba Yahya de préciser : « nous n’inscrivons pas notre initiative dans un cadre d’appartenance politique ou la recherche d’un poste électif. L’important n’est pas le poste, c’est la primauté du collectif. Nous n’avons pas besoin de nominations. Notre souci est la réalisation de choses concrètes. Nous ne sommes en lutte contre personne, nous sommes là pour rassembler. Nous ne faisons pas non plus de promesses à l’emporte pièce. Nous œuvrons pour que les pouvoirs publics aient des échos des besoins réels de la wilaya du Gorgol. Lorsque les populations auront sur les places où elles se trouvent des interlocuteurs chargés de faire remonter leurs besoins auprès des autorités administratives, nous jugerons que nous avons réalisé quelque chose d’efficace. D’autre part, nous pensons qu’il est judicieux que l’état-civil aille vers les populations et que des personnes compétentes capables de communiquer soient envoyées pour sensibiliser les populations sur la nécessité de se recenser et surtout éviter les erreurs de datations que l’on retrouve systématiquement sur les pièces établies. » En fait, pour le groupe de l’initiative du «CONCRET» il s’agit de tout mettre en œuvre pour un vrai travail de terrain en associant l’apport de tous dans une volonté de justesse entre les populations. La démarche n’a pas pour ambition de se cantonner à la seule wilaya du Gorgol. C’est la Mauritanie dans sa pluralité qui est visée. Biri N’Diaye
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