Le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), principale formation représentée à l’assemblée nationale , va observer "une pause de 24 heures" dans sa participation aux "Etats Généraux de la Démocratie" (EGD), a indiqué son président Ahmed Ould Daddah lors d’une conférence de presse tenue le 3 janvier à Nouakchott.
"Le pays est gouverné par des militaires depuis plus de 30 ans"
"Ce n’est pas une rupture(...) mais simplement une pause" a expliqué Ahmed Ould Daddah, précisant qu’il souhaitait expliquer aux autorités les reproches qu’il fait au déroulement des EGD. Ahmed Ould Daddah, était chef de l’opposition démocratique sous le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Il a soutenu le coup d’Etat 6 août 2008 qu’il a qualifié de "rectification" et participé aux EGD. Il a notamment reproché le trop grand nombre de participants aux EGD ce qui en "complique la portée et les résultats", selon lui. M Ould Daddah a averti qu’il mettrait un terme à sa participation aux EGD si nécessaire, et affirmé que la candidature de militaires au prochain scrutin ne pouvait "conduire à un résultat fiable, comme cela a été constaté lors des dernières élections" de mars 2007. "Le pays est gouverné par des militaires depuis plus de 30 ans, ceci a eu beaucoup de conséquences négatives" a-t-il estimé. Les EGD sont boycottés par le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD-coalition de partis anti-putsch), ainsi que par le président renversé Sidi Ould Cheikh Abdallahi, dont le FNDD soutient le retour au pouvoir. Le Président du RFD a également déconseillé de "toucher à la constitution" tant que le FNDD ne rejoint pas ce dialogue. "Nous ne désespérons pas de convaincre le FNDD de nous rejoindre si quelque chose de positif sort de ces journées de concertations. Cela dépendra de notre capacité d’en maîtriser les résultats pour le grand bien de notre pays" a-t-il expliqué.
M. Ahmed Ould Daddah a cité parmi les lacunes des «EGD», le "non-respect par les autorités de leurs engagements" concernant la tenue d’ateliers dédiés aux partis politiques, et d’autres sujets importants à caractère économique et social, outre les questions de l’esclavage et des rapatriés qui n’ont pas été débattues ainsi que la non désignation d’une commission de synthèse des EGD comme il a été prévu. Le président du RFD a noté que les dernières journées des EGD ont connu une vaste campagne de dénigrement de son parti qualifié d’ennemi de la société civile, des maires et autres, rappelant que le nombre de participants à ces journées devait être limité à environ 900 alors qu’aujourd’hui, il atteint les 2.500 invités. Selon lui, des cartes d’invitation sont distribuées à tour de bras, faisant de ces EGD «un hyde park où chacun vient dire ce qu’il veut et s’en va». Cet avis est largement partagé du reste par bon nombre de mauritaniens qui ont estimé que les EGD ne furent pas plus ni moins qu’une «véritable pièce de théâtre de très mauvais goût» destinée à légitimer le coup d’Etat militaire du 6 août.
La communauté internationale menace la Mauritanie de sanctions si la junte au pouvoir ne prend pas des mesures concrètes pour le retour du pays à l’ordre constitutionnel, dans un délai que l’Union Africaine (UA) a fixé au 5 février prochain.
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