Crise politique : L’ALTERNATIVE, propose une alternative   
26/12/2008

Le parti de l’ALTERNATIVE (El BĂ©dil) prĂ©sidĂ© par Mohamed Yehdhih Ould Moctar El Hacen (ancien SG de l’ex-Prds et ministre de l’intĂ©rieur du PrĂ©sident Sidi Ould cheikh Abdellahi)  apporte ici sa contribution aux «Etats GĂ©nĂ©raux de la DĂ©mocratie»(EGD) qui se  tiennent Ă  partir du  27 dĂ©cembre Ă  Nouakchott, pour trouver une sortie de crise Ă  l’impasse consĂ©cutive au putsch du 6 aoĂ»t.



Fervent soutien de la «Rectification» (coup d’Etat du 6 aoĂ»t),  ce parti estime nĂ©anmoins «inopportun», d’envisager des modifications constitutionnelles.

 Â«Aucun mode de gestion politique ne doit conduire (…) Ă  l’affaiblissement de l’institution prĂ©sidentielle, la crise actuelle est d’abord le rĂ©sultat non pas de l’autoritarisme mais plutĂ´t des errements et de l’inconstance de l’ancien pouvoir» estime l’ALTERNATIVE. Ce parti qui tient Ă  voir l’ArmĂ©e jouer un rĂ´le politique propose en se fondant sur les dispositions de  l’art 34 de la Constitution, la crĂ©ation, d’un «Conseil SupĂ©rieur de la DĂ©fense Nationale  (CSDN) dont les compĂ©tences couvriront  l’ensemble des questions de dĂ©fense et de sĂ©curitĂ© mais aura Ă©galement Ă  se prononcer sur toutes les grandes questions d’intĂ©rĂŞt national ».
L’ALTERNATIVE propose également l’interdiction des candidatures indépendantes et veut ainsi lutter contre le nomadisme politique dont ce parti fut victime.
«Tout mandat dont le titulaire dĂ©sire changer d’appartenance partisane doit ĂŞtre remis en jeu et  des Ă©lections partielles organisĂ©es Ă  cet effet» lit-on.
Il faut rappeler que l’unique dĂ©putĂ© de l’ALTERNATIVE l’avait dĂ©sertĂ© pour les bienfaits de la fronde parlementaire au moment mĂŞme oĂą le prĂ©sident de ce parti Ă©tait ministre de l’IntĂ©rieur du gouvernement contestĂ© par une  fronde soutenue par les Militaires contre le prĂ©sident Ould Cheikh Abdellahi, renversĂ© le 6 aoĂ»t.
Concernant l’organisation des futures Ă©lections,  L’ALTERNATIVE avance deux  hypothèses : leur supervision par le HCE (junte au pouvoir),  si aucun de ses membres n’est candidat,  ou par un «gouvernement de transition neutre» et par le prĂ©sident du SĂ©nat,  au cas oĂą l’un des membres du HCE est candidat.
Ci-dessous l’intĂ©gralitĂ© de contribution de l’ALTERNATIVE aux  «Etats GĂ©nĂ©raux de la DĂ©mocratie»


PARTI DE L’ALTERNATIVE :

Contribution aux «Etats Généraux de la Démocratie»


I. Introduction
Dans le dĂ©bat qui commence aujourd’hui Ă  l’occasion des Etats GĂ©nĂ©raux de la DĂ©mocratie (EGD) et dont les enjeux sont rien de moins que la Mauritanie et son avenir ; il nous semble,  Ă  l’Alternative, impossible, que chaque parti, loin  de toute dĂ©magogie  et  dans la clartĂ© n’apporte pas sa contribution Ă  cette importante et nĂ©cessaire rĂ©flexion.
Notre démocratie, examinée à l’aune de ses résultats est un échec : Au plan politique, la volonté manifeste, clairement affichée, de tous les pouvoirs de contourner et de fragiliser les partis, l’instabilité et la confusion qui en ont résulté, a entretenu une situation permanente de défiance et parfois de crise et réduit considérablement le rôle de ces formations pourtant indispensable dans toute démocratie.
En Ă©rigeant le clientĂ©lisme en mĂ©thode de gouvernement, en battant Ă  chaque fois le rappel de « l’armĂ©e de rĂ©serve »,  toujours prompte Ă  condamner Ă  l’emporte-pièce et Ă  encenser sans retenue, ces mĂŞmes pouvoirs ont renforcĂ© et pĂ©rennisĂ© les influences nĂ©fastes, tribales et claniques…et laissĂ© le champ  libre Ă  l’activisme des groupuscules et lobby  traditionnels.
Autant de choses, qui, des décennies durant, ont empêché l’émergence d’une classe politique nationale digne de ce nom, détournant ainsi le pays des véritables enjeux.
En dĂ©pit de quelques avancĂ©es en matière de libertĂ©s, la situation en matière d’égalitĂ©, de justice sociale, de progrès Ă©conomique et de dĂ©veloppement est demeurĂ©e,  dans le pays,  prĂ©occupante.
Dans le domaine de la sécurité, le terrorisme, l’immigration illégale et les trafics crapuleux semblent avoir durablement investi le pays.
Cet échec de la démocratie et celui consécutif des politiques publiques dans le domaine économique et social consacre l’échec de la classe politique et par ses interventions successives celui du pouvoir militaire.
II. Les principes gĂ©nĂ©raux qui fondent notre action

- La Mauritanie est une nation citoyenne, riche par sa diversitĂ© culturelle, que fonde sa commune religion, sa communautĂ© de territoire de vie et de destin.
Cette nation,  mise  en mouvement par un  Ă©tat rĂ©publicain,  juste et Ă©galitaire, est le meilleur rempart contre les dĂ©rives extrĂ©mistes et chauvines des nationalismes primaires.
L’appartenance à la nation mauritanienne offre à tous les citoyens, sans distinction aucune, un modèle républicain d’identification assorti des mêmes devoirs et des mêmes droits.
- La dĂ©mocratie est un choix capital : le modèle qui plus que tout autre donne tout son sens et toute sa plĂ©nitude Ă  cette citoyennetĂ© ;
- En matière Ă©conomique : le libĂ©ralisme, l’encouragement de l’initiative privĂ©e assujettis Ă  une rĂ©gulation souple, appropriĂ©e et non contraignante ;
- Au plan social : solidaritĂ© nationale et valorisation du travail

III. RĂ©flexions et propositions

1. Au plan institutionnel

a/ Même si nous croyons utile que soient revues l’étendue et la consistance des pouvoirs et des responsabilités du Premier Ministre et des majorités qui gouvernent, il nous semble, aujourd’hui inopportun, dans un contexte de crise, d’envisager des modifications
constitutionnelles.
En tous les cas aucun mode de gestion politique ne doit conduire, dans notre pays, Ă  la dilution  de l’autoritĂ© de l’état et Ă  l’affaiblissement de l’institution prĂ©sidentielle.
La crise actuelle est d’abord le rĂ©sultat non pas de l’autoritarisme mais plutĂ´t des errements et de l’inconstance de l’ancien pouvoir. Il faut en tirer  les bonnes leçons et Ă©viter, en particulier, en gĂ©nĂ©ralisant Ă  partir d’une situation exceptionnelle, d’abaisser le PrĂ©sident de la rĂ©publique Chef de l’état qui est la clef de voĂ»te de
nos institutions.
       b/ RĂ´le et place de l’institution militaire
L’institution militaire a jouĂ© un rĂ´le important dans notre histoire politique de ces 30 dernières annĂ©es. Les historiens avec le recul nĂ©cessaire  Ă©valueront et jugeront quelles furent les consĂ©quences de cette implication sur le parcours de la Mauritanie au cours de cette
période. Associer l’armée à la gestion du pays demeure encore aujourd’hui un gage de la stabilité indispensable à toute entreprise de développement.
Cette association, qui prendra le temps nĂ©cessaire Ă  bâtir une armĂ©e de mĂ©tier, un outil aux capacitĂ©s dĂ©fensives avĂ©rĂ©es, Ă  valoriser au plan moral et matĂ©riel l’appartenance Ă  cette  importante institution nationale, sera conçue sans frilositĂ© et sans a-priori de pensĂ©e.
 A cet effet Notre parti prĂ©conise la dĂ©marche suivante :
Au préalable un certain nombre de réformes de structures nous semblent indispensables pour faire face, avec plus d’efficacité aux impératifs actuels en matière de sécurité et de défense du territoire :
- DĂ©veloppement des armes de la marine et de l’aviation et crĂ©ation d’un Ă©tat-major pour chacune de ces armes
- CrĂ©ation d’un ministère chargĂ© de la sĂ©curitĂ© et ayant autoritĂ© sur la police nationale, la gendarmerie et la garde, chacune Ă©rigĂ©e en direction gĂ©nĂ©rale. Les compĂ©tences du  ministère de l’intĂ©rieur couvriront l’administration territoriale, les collectivitĂ©s et l’amĂ©nagement du territoire.
- CrĂ©ation d’un Ă©tat-major inter-armes supervisant les Ă©tat-majors de l’armĂ©e de terre, de la marine et de l’aviation.
Proposition : En se fondant sur les dispositions de  l’art 34 de la constitution on procèdera par loi organique Ă  la crĂ©ation, Ă  l’organisation et au fonctionnement d’un conseil supĂ©rieur de la
DĂ©fense Nationale  (CSDN) dont les compĂ©tences couvriront  l’ensemble des questions de dĂ©fense et de sĂ©curitĂ© mais aura Ă©galement Ă  se prononcer sur toutes les grandes questions d’intĂ©rĂŞt national.
 Trois ComitĂ©s de dĂ©fense nationale (CDN) dont  la composition et les compĂ©tences seront arrĂŞtĂ©es par le CSDN, aideront  Ă  la prise de dĂ©cision dans ces diffĂ©rents domaines :
Un ComitĂ© de DĂ©fense Nationale (CDN)  pour les questions de sĂ©curitĂ©
Un Comité de Défense Nationale (CDN) pour les questions liées aux
problèmes politiques, institutionnels et des relations extérieures
Un ComitĂ© de DĂ©fense Nationale (CDN)  pour les questions Ă©conomiques
et sociales.
Le CSDN sera présidé par le président de la République et comprendra :
- Le Premier Ministre
- Le ministre de la DĂ©fense
- Le ministre  chargĂ© de la sĂ©curitĂ©
- Le ministre de l’IntĂ©rieur
- Le chef de la majoritĂ© politique (un texte prĂ©cisera les modalitĂ©s
de sa désignation)
- Le chef de l’opposition politique
- Le chef d’état-major inter-armes
- Les diffĂ©rents chefs d’état major des armĂ©es (terre, mer et air)
- Les directeurs gĂ©nĂ©raux  de la police, de la garde et de la gendarmerie
2. Au plan politique
Le renforcement et la reconnaissance du rôle des partis politiques est lui aussi un gage de stabilité. L’accès aux fonctions politiques publiques (sauf exception), l’appartenance à la représentation nationale (députés, sénateurs, maires,…..) doit être et rester, dans toute démocratie l’apanage des Partis politiques. C’est d’ailleurs ainsi que la constitution l’a prévu (Art 11).
Pour ce faire trois  mesures importantes doivent ĂŞtre arrĂŞtĂ©es :
- Interdiction des candidatures indĂ©pendantes
Toute candidature aux élections législatives et municipales doit émaner des partis politiques légalement reconnus.
- Afin d’éviter que le choix des Ă©lecteurs ne soit dĂ©tournĂ©, afin d’encourager dans notre pays l’éclosion de mĹ“urs politiques convenables,  tout mandat dont le titulaire dĂ©sire changer
d’appartenance partisane doit ĂŞtre remis en jeu et  des Ă©lections partielles organisĂ©es Ă  cet effet.
- Les changements intervenus au niveau de l’élection des maires a entraĂ®nĂ© une grande instabilitĂ© des conseils municipaux et partant, rĂ©duit l’efficacitĂ© de la gestion communale. Afin d’éviter une dilution de la responsabilitĂ© politique et assurer une certaine continuitĂ©, le maire devra appartenir obligatoirement Ă  la liste arrivĂ©e en tĂŞte.
Il conviendra Ă©galement de limiter, au moins dans les Ă©lections municipales,  le champ d’application de la proportionnelle qui n’a eu comme consĂ©quence que rendre encore plus difficile l’apparition d’une majoritĂ© suffisante au sein des conseils municipaux.
3- Au plan économique
le principal enseignement que l’on peut tirer des dĂ©cennies Ă©coulĂ©es est que « la politique de la demande »  recommandĂ©e en prioritĂ© par le Fond MonĂ©taire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) n’a pas suffi Ă  amorcer le dĂ©veloppement dans notre pays.
Il  convient certes de maintenir une politique budgĂ©taire modĂ©rĂ©e et Ă©viter tout endettement excessif mais il est de plus en plus Ă©vident « qu’une politique de l’offre » c’est-Ă -dire une politique volontariste des structures destinĂ©es Ă  favoriser la production,  l’investissement
et  l’exportation doit dĂ©sormais constituer l’axe principal de notre orientation Ă©conomique.
Cette « politique de l’offre » doit privilĂ©gier (pour des raisons Ă©videntes d’emploi, de revenus et de production alimentaire),  les secteurs de l’agriculture et des pĂŞches et permettre une plus grande intĂ©gration de l’élevage dans les circuits marchands.
Une loi concertĂ©e  d’orientation et de modernisation de l’économie doit permettre de fixer ces choix et esquisser les contours des autres ajustements nĂ©cessaires : (dĂ©sinformalisation  de l’économie, mise Ă  niveau des entreprises, assainissement des secteurs  financier et
bancaire, …)

 

4- Au plan social
Le « changement », viatique éculé de tous les pouvoirs, ne suffit pas, à lui seul, à rendre le pays plus prospère et assurer aux mauritaniens des conditions de vie meilleures.
Il faut s’y rĂ©soudre ; le traitement social du chĂ´mage et de la pauvretĂ© a des limites ; les dĂ©cisions sociales courageuses et l’assistanat, pour louables qu’ils soient, produisent  inĂ©vitablement un retour de flamme dont il faut en permanence se mĂ©fier.
Il reste cependant incontestable que la grande majorité des mauritaniens, en dépit d’un potentiel économique important, est aujourd’hui pauvre et qu’il est urgent, sous peine de mettre en péril la cohésion sociale, d’apporter des réponses efficaces et durables à a précarité dans laquelle vit une grande partie de nos concitoyens.
Une loi concertée portant « pacte de solidarité nationale »devrait permettre de mobiliser les moyens et de fixer les champs d’interventions prioritaires.
En ressources : Les moyens seront ceux de l’état, de la communauté nationale et des dons extérieurs (état, dons, fondations, prélèvements, Zakat, Awqaf…) avec introduction à une large échelle de la micro-finance (CAPEC) dans au moins 500 localités dont les 216 chefs lieux de communes.
En emplois: Santé, éducation, ménages précaires, produits de première
nécessité etc.…….
IV. CONCLUSION
Nous l’avons déjà dit, le pays est à la croisée des chemins ; sans improvisation ni précipitation, nous devons tous nous employer à asseoir notre système politique sur des bases saines et solides qui lui assurent la pérennité et permettront d’avoir la stabilité nécessaire pour engager le pays sur la voie du progrès et de la prospérité.
L’élection de mars 2007 a suscitĂ© de grands espoirs dans le pays. Pour des raisons sur lesquelles il est inutile de revenir, ces espoirs ont Ă©tĂ© déçus. L’armĂ©e a Ă©tĂ© Ă  l’origine du processus historique engagĂ© Ă  l’occasion de ces Ă©lections;  on ne peut se fĂ©liciter hier de son
intervention et se plaindre aujourd’hui de son retour lorsqu’il est devenu évident que ce processus a été dévoyé.
Une nouvelle transition est encore aujourd’hui indispensable, elle prendra le temps nécessaire pour engager les réformes politiques préconisées, débattre et faire approuver les textes de lois portant sur les différents domaines évoqués.
Au-delĂ  des pĂ©ripĂ©ties actuelles, cette transition devra,  Ă  son terme,  aboutir Ă  une alternance historique, longtemps diffĂ©rĂ©e, entre un pouvoir militaire exercĂ© sans interruption depuis trente ans (non-nobstant la tentative avortĂ©e de 2007) et un pouvoir civil tournĂ© vers l’avenir et prĂ©occupĂ© par trouver des rĂ©ponses appropriĂ©es aux diverses attentes des mauritaniens.
Ce pouvoir, qui établira avec l’institution militaire des relations de confiance, décomplexées, sera issu d’élections libres et transparentes organisées par une administration dont la neutralité est sans équivoque et dont les résultats seront reconnus à l’intérieur comme à l’extérieur.
Pour organiser et superviser ces élections deux hypothèses sont envisageables
:
a. Aucun membre du HCE n’étant candidat Ă  l’élection prĂ©sidentielle; le HCE est tout indiquĂ© pour gĂ©rer la transition et organiser les Ă©lections.
b. Un membre du HCE est candidat Ă  l’élection prĂ©sidentielle ; dans ce cas le HCE et le gouvernement qui en est issu ne sont plus habilitĂ©s Ă  organiser et Ă  superviser les Ă©lections.
Dans cette dernière hypothèse le processus électoral se déroulera selon le schéma ci-après :
Le Conseil Constitutionnel, constate l’empêchement et arrête la date des élections (Art 40 et 41 de la constitution).
Immédiatement un gouvernement neutre de transition, accepté par les différentes forces politiques est constitué ; il aura la charge d’organiser et de superviser les élections.
Une fois ce gouvernement constitué, le Président du Sénat est installé pour assurer l’intérim du président de la république (Art 40 de la constitution).
Le PrĂ©sident de la rĂ©publique intĂ©rimaire se fera assister dans sa mission  par le CSDN.
La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) est réactivée et rendue opérationnelle par le nouveau gouvernement.


NOUAKCHOTT LE 24 DECEMBRE 2008
Le comité Permanent


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