L’organisation Conscience et Résistance (CR) reprend la parole après le long et inexplicable silence de cette organisation trop médiatique, avant le 6 août 2008. Engagée par son ex-président Mohamed Lemine Ould Dadde dans les préparatifs du putsch d’août 2008, on avait vu quelques uns de ses principaux dirigeants s’encanailler à Nouakchott avec la garde politique rapprochée du Général Mohamed Ould Abdel Aziz. Puis son ex-président et certains de ses membres devenir ministres du Gouvernement de la junte.
Son ex-president, sera finalement désavoué, mais avec des hommages! Avec ce communiqué, CR retrouve la voix, qui lui était connue. Lisez-le, ce n’est plus du «CR thieb-thieb »!
Notre «non» à la parodie consultative Depuis le coup d’état du 6 août 2008, la Mauritanie se débat dans une crise politique qu’accompagne un isolement croissant au sein de la communauté internationale. Les autorités militaires défient le droit et parviennent, par une série de mesures dont l’habilité et la démagogie populiste s’équilibrent, à maitriser le front intérieur. Progressivement, par le chantage, les faveurs, les promesses et le matraquage médiatique sur la radio et la télévision d’Etat, l’opinion se retrouve domestiquée, entre les mains expertes des notables de tribu et de village. Les faux semblants, la flagornerie et le culte de la personnalité du Chef courbent le pays entier dans le déshonneur collectif et le réalisme. Des deux fractions du bloc hégémonique qui se disputent la succession de la dictature du Colonel Ould Taya, celle du président déchu Sidi Mohamed Ould Cheilh Abdellahi semble avoir perdu la bataille intérieure, au profit du Général Ould Abdel Aziz, probable candidat à sa propre continuité. Ici et là, à l’exception infime de quelques individualités connues pour leur attachement aux principes de respect de l’alternance démocratique, les deux camps foisonnent de personnalités corrompues, de tortionnaires, de fraudeurs aux scrutins et d’indicateurs de la police politique. Leur choc et la victoire de l’un ou de l’autre participent de l’interminable liquidation d’un legs d’impunité et de discriminations ; le même régime, après avoir esquivé la rupture en août 2005, se perpétue, depuis, par ses agents secondaires. Les fameux « états généraux de la démocratie » s’attèlent à consacrer le plébiscite du chef de la junte ; la manifestation ne poursuit que ce but exclusif ; il serait bien naïf ou cynique, à l’image de la position exprimée par la France et l’Espagne, d’imaginer, à l’opération, d’autre finalité qu’asseoir la légitimité du putsch. L’ambassadeur d’Allemagne à Nouakchott, lui, s’est quasiment risqué à une plaidoirie en faveur du Haut Conseil d’Etat, ce que les média officiels ne manqueront de mettre en exergue, le 23 décembre, sur un ton de triomphalisme impudique. Ainsi, après délibération de ses deux instances dirigeantes – le Bureau de Liaison et le Conseil d’Evaluation - Conscience et Résistance : Soutient le choix des sanctions ciblées et mets en garde les partenaires extérieurs, sous peine d’encourager la contagion en Afrique de l’Ouest, contre toute tentation d’avaliser le fait accompli d’une prise de pouvoir par la force ; Rappelle qu’une restauration de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi, si elle n’est brève et symbolique, plongerait le pays dans les règlements de compte et la violence civile ; Appelle, tous les mauritaniens, chez qui il persisterait un peu de dignité, d’éviter toute participation aux journées de la honte et de l’applaudissement du 27 décembre prochain où le pouvoir militaire noierait leurs facultés critiques, dans l’anonymat d’une foule dressée, depuis deux décennies, à courir derrière la fortune du jour.
Conscience et Résistance Nouakchott, le 24 décembre 2008
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