C’est dans sa résidence à Nouakchott, que l’Ambassadeur d’Allemagne S E Erberhard Schanze (qui va assurer chez nous dés janvier 2009, la présidence Tchèque de l’Union Européenne) a reçu la matinée du 23 décembre, la presse nationale et internationale accréditée en Mauritanie, dans ce «moment agité» a- t-il dit, en vue de leur expliquer la position de l’Allemagne. «Il n’ y a pas de différences entre nos positions au niveau de l’Europe» a souligné l’Ambassadeur comme pour mettre terme à la cacophonie qui règne dans les positions des chancelleries et leurs tutelles en Europe.
«Notre position s’articule sur la libération du président déchu et le retour à la constitutionnalité. Elle se fonde sur l’Accord de Cotonu, notamment l’article 96, relatif aux principes démocratiques» a-t-il précisé. Et de poursuivre en lançant un appel au dialogue: « Nous sommes convaincus qu’il y a une crise politique qui demande une réponse politique. C’est à ce titre que nous voulons que la classe politique mauritanienne se parle, car la solution ne va pas tomber du ciel, ni de l’Etranger c’est ici, qu’elle sera, ou non, trouvée». Mon collègue français -a précisé l’Ambassadeur Allemand- avait dit avant moi qu’il serait utile de se parler dans les journées de concertation (Etats Généraux de la Démocratie, EGD) ndlr) . Il a conseillé de ne pas rater cette opportunité. «Mais si rien n’est fait, le temps va jouer contre la Mauritanie » a prévenu S E Erberhard Schanze. Et de donner par la suite sa propre lecture de la crise, re-appelant de nouveau au dialogue : «La crise n’a pas commencé le 6 août. Elle est apparue depuis une année, il faut se parler ! Ce n’est pas la peine de continuer à prendre position l’un contre l’autre ! Il n’y aura pas d’arbitrage ! Nous ne sommes ni les ingénieurs, ni les fabricants de solutions et nous n’avons pas un bâton magique !». «Nous disposons d’un calendrier de 120 jours à l’issue duquel, nous ferons le bilan» souligne-t-il. Interrogé sur les dissonances constatées entre les chancelleries occidentales et le commissaire européen Luis Michel concernant les EGD ; les chancelleries appelant à la participation tandis que le Commissaire Européen, les considèrent «sans valeur», l’Ambassadeur Allemand répond : «Nous sommes 28 joueurs en Europe, mais nous finissons toujours par trouver des solutions et une position commune, parfois par le vote. Je respecte toutes les déclarations faites. Nous ferons le bilan après les concertations». Et l’Ambassadeur Allemand revient à la charge pour plaider en faveur de la participation aux EGD : «Ca vaut la peine d’y participer, y -a t-il un autre forum de dialogue ? Le coup d’Etat en en Mauritanie a une spécificité, jamais vue ailleurs :Il est soutenu pas le chef de l’Opposition démocratique et la majorité du parlement». A la question de savoir comment l’Allemagne peut contribuer à une solution à travers le dialogue, pour amener le Front National de la Défense de la Démocratie (FNDD-coalition anti- putsch) soit par des garanties ou des pressions, à participer aux EGD, l’Ambassadeur Allemand devient moins passionné: «Je ne peux donner aucune garantie, je peux inviter à essayer. Ce sera, soit une succès ou un échec». A une autre question relative à sa participation personnelle aux EGD et à la positon américaine jugée plus tranchée, l’Ambassadeur Allemand répond : « Bien sur, que j’irais à l’ouverture des journées de concertation. Je veux voir moi-même ». Concernant les américains: «Ce sont mes voisins, on dîne ensemble demain. Mais ce n’est pas à moi d’évaluer les positions des autres pays», ajoute-t-il. L’Ambassadeur Allemand a déploré l’impasse en Mauritanie soulignant qu’en 2007, il y a eu 250 visites d’officiels Allemands en Mauritanie, dont celles du Président Allemand et le directeur général de la Deutsche Welle. «L’Allemagne avait donné du crédit à la démocratie mauritanienne ainsi que la communauté internationale réunie au groupe consultatif de Paris. Maintenant il y a une impasse. Le dialogue est nécessaire pour la surmonter». «La page de Sidi Ould Cheikh Abdellahi est-elle tournée pour vous?» A cette question l’Ambassadeur répond : « Je ne vois pas de retour simple, mais je ne dis pas non plus que sa page est tournée. Il a été élu certes à 53% de voix, mais peut-il aujourd’hui exercer ses fonctions ? La situation est fragmentée avec notamment une forte et très courageuse opposition en Mauritanie». «La porcelaine est cassée, il faut savoir la réparer pour pouvoir s’en servir» a-t-il indiqué. A une question sur l’existence d’un «accord secret» antre les chancelleries occidentales en Mauritanie et la junte au pouvoir, l’Ambassadeur Allemand répond : «Cela me fait rigoler !». La conférence de presse s’est poursuivie par la suite dans la bonne humeur et les journalistes sont sortis avec la ferme conviction que le mandat de l’Ambassadeur Allemand à la tête de la présidence Européenne en Mauritanie, est une vraie aubaine pour la junte, qui aura «dans ce moment agité», un partenaire plus que compréhensible.
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