Quatre représentants d’organisations de droits de l’homme mauritaniennes (Cheikh Saadbouh Camara, Said Ould Hamody, Ely Ould Allaf et Sid’Ahmed Ould Habott) ont obtenu dimanche 19 octobre soir auprès du pouvoir militaire, l’autorisation de rendre visite au président constitutionnel Sidi Ould Cheikh Abdallahi, renversé le 6 août par un coup d’Etat militaire.
Le President Sidi est toujours privé de liberté et de la visite de sa propre famille. Cette autorisation de visite a été donnée à la veille de consultations politiques jugées cruciales, à Paris, entre la Mauritanie et l’Union Européenne, qui a plusieurs fois exigé la libération du président élu en mars 2007 et le rétablissement de l’ordre constitutionnel. La visite aurait permis aux représentants des organisations de "s’assurer de son état de santé et de lui exposer une initiative de sortie de crise" que ces organisations ont lancée récemment. Cette proposition de sortie de crise comprend plusieurs points: la libération du président, la concertation entre toutes les parties impliquées dans la crise, la mise en place d’un gouvernement de transition, une élection présidentielle transparente, la non éligibilité des militaires en activité et l’appui de la communauté internationale à cette sortie de crise. La visite autorisée au président renversé ainsi que la proposition de sortie de crise formulée par quelques organisations des droits de l’homme, relèvent selon un analyste politique local, d’une «habile manœuvre tendant à faire penser que le pouvoir militaire a lâché du lest, alors qu’il n’en est rien». Et d’ajouter :«Cette proposition de sortie de crise a été concoctée par la junte dans la mesure où elle s’articule sur la libération du président constitutionnel qui deviendra un citoyen ordinaire, auquel il est demandé de cautionner un nouveau processus politique initié par la junte!» C’est peut être pour cela que le président Sidi a été prudent vis-à -vis de cette proposition de sortie de crise, estimant au cours de la rencontre avec ses visiteurs, qu’il souhaite d’abord «s’exprimer sur sa gestion et se concerter ensuite avec ses soutiens sur le contenu de la proposition».
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