Le Front National de la Défense de la Démocratie (FNDD) une coalition de partis mauritaniens opposés au coup d’Etat du 6 août, a réitéré vendredi 29 août lors d’une conférence de presse, sa position concernant les sanctions internationales consécutives au putsch, qui a déposé le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi.
Le FNDD réagissait à une dépêche de l’Agence France Press (AFP) en date du 28 août largement reprise par les medias, titrée: «Le Front anti-putsch se prononce contre les sanctions». Cette dépêche se basait sur le communiqué fait le même jour par M Boidiel Ould Houmeid vice-président de PNDD-ADIL président en exercice du FNDD, dans lequel on pouvait lire : «Nous (le FNDD, ndlr) privilégions une solution mauritanienne, car toute autre solution assortie de sanctions aurait des répercussions négatives sur les conditions de vie des mauritaniens». Préférer «une solution mauritanienne» aux sanctions internationales, a donc été vite assimilé par un journaliste de l’AFP à … un rejet des sanctions internationales ! C’est pour éclairer la presse sur cet amalgame (entretenu sciemment disent certains, journalistes, pour apporter du baume à une junte menacée par la communauté internationale et peut être la manipuler, en la désinformant sur la position du FNDD) que les responsables du Front ont apporté plusieurs précisions. En premier, Boidiel Ould Houmeid a tenu à répondre à une «une certaine presse » qui a-t-il dit, lui a attribué des propos qu’il n’a pas tenus». Et Ould Houmeid de souligner : « Dire que les responsables du FNDD sont défavorables aux sanctions économiques que la communauté internationale envisage de prendre en réaction au coup d’Etat du 06 août dernier, relève de la désinformation. Nous avons plutôt attiré l’attention des putschistes sur la gravité de leur acte et nous avons voulu par ce fait les rendre responsables des conséquences de leur égarement.» Tout au cours de la conférence de presse, Boidiel Ould Houmeid, Mohamed Ould Maouloud et Ahmed Ould Sidi Baba se sont relayés pour exprimer les mêmes positions. Concernant les sanctions ? "Le FNDD salue et apprécie à leur juste valeur les positions claires exprimées par la communauté internationale à l’encontre des putschistes et de leurs affidés". Concernant les pressions ? «Le FNDD appelle à davantage de pressions sous toutes leurs formes pour mettre fin dans les délais les plus brefs au coup d’Etat afin de mettre un terme rapide à l’épreuve que subit notre peuple".Concernant les conséquences des sanctions ? " Le FNDD rend les putschistes et leurs complices pleinement et entièrement responsables des conséquences catastrophiques encourues par le peuple mauritanien à la suite du putsch". Les orateurs ont également exigé la libération et la restauration dans ses fonctions constitutionnelles du président Sidi Ould Cheikh Abdellahi élu en 2007. Ils ont souligné que "les militaires doivent se rendre à l’évidence qu’ils ont commis un acte irréfléchi, rendre le pouvoir au président légitime et ainsi permettre une solution à la mauritanienne. "Personne ne peut négocier une solution nationale à la crise à la place du président lui-même, mais une fois qu’il est libéré, toutes les forces politiques peuvent se retrouver pour des négociations devant conduire à une solution définitive, a souligné l’un des responsables du FNDD.
Le FNDD a également rendu public le communiqué qui suit :
Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD)
Déclaration
Après avoir passé en revue le bilan de trois semaines de sit-in, de marches, de manifestations et autres formes de lutte menées par notre peuple ; ses partis, ses syndicats et ses organisations de la société civile, sur l’ensemble du territoire national, pour exprimer le refus total du coup d’Etat du 06 août, journée noire dans l’histoire politique de notre peuple et de tout ce qui s’en est suivi en termes de violation de notre constitution et d’atteinte à l’image et au renom du pays sur l’échiquier international ;
Prenant acte de la montée en puissance de l’élan de solidarité avec le peuple mauritanien, ses institutions constitutionnelles et son Président élu ; solidarité exprimée par les peuples et les pays frères et amis, ainsi que par la Communauté internationale et particulièrement : • la déclaration du Président du Conseil de Sécurité de l’ONU, • les positions officielles de l’Union Africaine, de l’Union Européenne présidée par la France et de l’Organisation Internationale de la Francophonie, • les prises de position fermes émanant de la Communauté internationale en général et les Etats-Unis en particulier ;
Le Front National pour la Défense de la Démocratie : 1- Renouvelle son attachement ferme aux principes énoncés dans sa première déclaration affirmant notamment que toute solution à la crise passe, nécessairement par la libération et la restauration dans ses fonctions constitutionnelles du Président de la République Monsieur Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, ainsi que la libération du Premier Ministre légitime Monsieur Yahya O. Ahmed Waghf et l’écartement de l’Institution militaire de l’activité politique ; 2- Salue et apprécie à leur juste valeur les positions claires, exprimées par la Communauté internationale à l’encontre des putschistes et de leurs affidés ; 3- Appelle à davantage de pressions, sous toutes leurs formes, pour mettre fin, dans les délais les plus brefs au coup d’Etat, afin de mettre un terme rapide à l’épreuve que subit notre peuple ; 4- Rend les putschistes et leurs complices pleinement et entièrement responsables des conséquences catastrophiques encourues par le peuple mauritanien à la suite du putsch du 06 août.
Vive la Mauritanie libre et démocratique Vive le Front National pour la Défense de la Démocratie
Le Front National pour la Défense de la Démocratie Nouakchott, le 29 août 2008
Un petit incident avec deux journalistes La mise au point de Boidiel Ould Houmeid n’a pas plu à certains journalistes, qui n’ont pas apprécié que l’un de leurs confrères, soit pris pour un désinformateur. Grands donneurs de leçons, les journalistes ne veulent pas en recevoir. L’ambiance s’est un peu échauffée entre un militant et un journaliste mauritanien de Reuters qui avait posé (non pas une question), mais un commentaire fleuve. Un autre journaliste qui fulminait sa colère à cause de la mise au point de Boidiel a profité de l’incident pour entraîner quelques confrères dans une fronde de la conférence de presse, avant de revenir avec eux, pour ne pas rater l’événement.
|