Le FNDU rejette le nouvel appel au dialogue   
16/08/2015

Le gouvernement  mauritanien a adressĂ© des invitations aux  partis politiques membres des pĂ´les de la majoritĂ© et de l’opposition  pour de nouvelles sĂ©ances du dialogue politique prĂ©vues  le 7 septembre prochain. La lettre d’invitation  appelle Ă  arrĂŞter les mĂ©canismes du dialogue et son ordre du jour.



Elle est signĂ©e par  ministre secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la prĂ©sidence de la RĂ©publique,  Dr Moulaye Ould Mohamed Leghdaf.
L’invite  intervient quelques jours après une confĂ©rence de presse organisĂ©e par la « Coalition des Partis de  la MajoritĂ© (CPM)  au cours de laquelle cette dernière  a accusĂ© le Forum National pour la DĂ©mocratie et l’UnitĂ©  (FNDU) de l’échec de l’entame d’un dialogue politique en Mauritanie. Le FNDU a rejetĂ©  le 15 aoĂ»t Ă  l’unanimitĂ©, le nouvel appel au dialogue, le qualifiant d’«absurde et ne traduisant aucune sincĂ©rité».
Le nouveau dialogue vient sur les cendres d’un autre  dialogue annoncĂ©  en avril 2015 avec  plusieurs rencontres mais finalement non entamĂ©  pour des questions de prĂ©alables attendus du pouvoir et de rĂ©ponses Ă©crites Ă  la plateforme avancĂ©e par le FNDU,  qui comprenait des «conditionnalitĂ©s» rejetĂ©es par la CPM.
Le prĂ©sident Mohamed Ould Abdel Aziz s’est dit prĂŞt  au dialogue dans un discours prononcĂ© dĂ©but janvier 2015 Ă  Chinguetti lors du lancement de la cinquième Ă©dition du festival des Villes anciennes.
«Je renouvelle notre entière disposition pour l’instauration d’un dialogue inclusif pour la réalisation des intérêts suprêmes de la nation», a-t-il dit.
Le discours de M. Aziz  intervenait dans le sillage de sa rencontre avec Messaoud Ould Boulkheir prĂ©sident du Conseil Ă©conomique et social,  prĂ©sident du parti APP et chef de file d’un bloc de l’opposition (modĂ©rĂ©e ) comprenant deux autres partis (El Wiam et Sawab ) qui a soumis au Gouvernement une feuille de route intitulĂ©e: « Proposition de la dĂ©marche Ă  suivre pour engager le dialogue entre le pouvoir et l’opposition ».
Le 14 Janvier 2015, le Premier Ministre Yahya Ould Hademine remettait Ă  Mohamed Vall Ould Bellal  secrĂ©taire permanent du Forum national pour la dĂ©mocratie et l’UnitĂ© (FNDU- principal bloc de l’opposition comprenant 12 partis, des syndicats des Ongs et des personnalitĂ©s )  un document non intitulĂ© : «RĂ©ponse aux propositions de l’opposition relatives Ă  l’ouverture d’un dialogue global » , par lequel il donnait  son accord pour un dialogue qui va au-delĂ   mĂŞme des points souvent soulevĂ©s par le FNDU comme : (1)- La couverture par les mĂ©dias officiels des activitĂ©s de l’opposition, (2)- L’instauration d’un climat de confiance entre l’opposition et la majoritĂ©,(3)- Lever « l’embargo » qui frappe les cadres et les hommes d’affaire proches de l’opposition (s’il y en a), (4)- Revoir la composition du Conseil Constitutionnel, (5)- Organisation d’élections lĂ©gislatives et municipales anticipĂ©es et report des sĂ©natoriales, (6)- Mise en place d’une nouvelle CENI, (7)- Adoption d’un calendrier Ă©lectoral consensuel, (8)- Reforme constitutionnelle pour supprimer la limitation d’âge des candidats aux prĂ©sidentielles, (9)- Interdire Ă  l’armĂ©e l’intrusion dans les activitĂ©s politiques,(10)- L’organisation d’élections prĂ©sidentielles anticipĂ©es, (11)- Revoir les pouvoirs du Premier ministre et du Parlement, (12)- L’unitĂ© nationale (13)- La SĂ©curitĂ© publique et extĂ©rieure, (14)- La loi sur la transparence de la gestion des affaires publiques, (15)- La neutralitĂ© de l’administration, (16)- L’indĂ©pendance de la Justice, (17)- Les relations du parti au pouvoir avec l’Administration et (18)- la redĂ©finition du leadership de l’opposition.
12 jours après,  le FNDU a remis  sa rĂ©ponse au Premier ministre M. Ould Hademine comprenant: I. un gouvernement de consensus disposant de vastes prĂ©rogatives lui permettant de respecter et de faire respecter les lois de la RĂ©publique.
II. les institutions de supervision des élections (Conseil constitutionnel, Agence des documents sécurisés, Directions ayant rapport avec les élections du ministère de l’intérieur et de la décentralisation) doivent être refondées et leurs responsables doivent jouir de la confiance de tous.
III. la neutralitĂ© de l’administration avec : (1) L’élaboration d’une nouvelle loi qui garantisse la restauration de l’autoritĂ© de l’Etat et l’interdiction de l’usage de l’argent public en politique, (2) la rĂ©vision des budgets des campagnes Ă©lectorales et leur plafonnage,(3) un communiquĂ© officiel du prĂ©sident, chef gĂ©nĂ©ral des forces armĂ©es interdisant Ă  toutes les forces armĂ©es et de sĂ©curitĂ© de faire la politique,(4) le vote militaire en mĂŞme temps que les civils et (5) la participation de tous les acteurs politiques Ă  l’élaboration de la liste Ă©lectorale.  Entretemps, le 19 janvier 2015,  Dr. Moulaye Ould Mohamed Leghdaf ancien Premier ministre est nommĂ© ministre secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la PrĂ©sidence. C’est lui qui va dorĂ©navant piloter le dossier. C’est lui, qui est dĂ©signĂ© nĂ©gociateur en chef de la majoritĂ© avec Me Ould Maham prĂ©sident de l’UPR et  M. Ould Abilmaaly,  prĂ©sident CPM. Dr Moulaye Ă©tait Ă  cotĂ© du PrĂ©sident Aziz le 25 fĂ©vrier 2015 lors de l’audience accordĂ©e aux partis de la MajoritĂ© dont certains Ă©taient inquiets des rĂ©sultats du dialogue fussent-ils comme on le prĂ©tend dans «l’intĂ©rĂŞt suprĂŞme de la Nation». L’inquiĂ©tude Ă©tait Ă©galement prĂ©sente au niveau du FNDU. Les partis RFD et UNAD s’étaient  focalisĂ©s dans un premier temps sur des prĂ©alables au dialogue: la dissolution du Bataillon de la sĂ©curitĂ© prĂ©sidentielle (BASEP) pour le premier, et la dĂ©claration du patrimoine du prĂ©sident Aziz ainsi des enquĂŞtes sur l’utilisation de 50 millions de dollars et sur les fonds de Cheikh Ould Baya, pour le second. Finalement et après moult tractations, ces deux partis ont  revu leur positions. La dĂ©claration du patrimoine du prĂ©sident de la RĂ©publique et l’enquĂŞte sur les 50 millions de dollars allaient  ĂŞtre proposĂ©es pour l’ordre du jour du dialogue. Pour le BASEP, il n’est plus question de sa dissolution mais de la rĂ©vision de son statut . Parmi les autres prĂ©alables avancĂ©s par le FNDU Ă  l’époque, la baisse des prix du carburant, l’ouverture des medias publics Ă  l’opposition, la levĂ©e de l’embargo qui pèserait sur les militants de l’opposition, le règlement du problème de l’état civil des mauritaniens rapatriĂ©s du SĂ©nĂ©gal, la suspension du mandat d’arrĂŞt international lancĂ© contre Ould Chavi, la rĂ©habilitation du magistrat Ould Neinine, la libĂ©ration des dĂ©tenus d’IRA et des rĂ©parations pour le journaliste Mamouny Ould Moctar .
La CPM a donnĂ© le 9 mai 2015  une   rĂ©ponse orale Ă  la plateforme avancĂ©e le 18 avril par le FNDU. 
Selon un nĂ©gociateur du FNDU les reprĂ©sentants du pouvoir ont dit   ĂŞtre ouverts au dialogue  quoique des prĂ©alables du FNDU ne se justifieraient pas, car  relevant de la Constitution et des Lois en vigueur.
Ils  ont estimĂ© dans cette  rĂ©ponse orale que le PrĂ©sident Aziz  a dĂ©jĂ  prĂŞtĂ© serment de respecter la Constitution en termes de nombre de mandats et soulignĂ©   que la libĂ©ration des dĂ©tenus d’IRA (non reconnue)  sera perçue comme une «ingĂ©rence de l’exĂ©cutif dans la justice».  L’objectif, selon eux, doit   plutĂ´t ĂŞtre de  garantir un «procès Ă©quitable»  aux dits dĂ©tenus.  Concernant l’amĂ©lioration des conditions  de vie des populations et la loi sur l’esclavage,  les reprĂ©sentants du pouvoir ont estimĂ© que ce dernier «fait de son mieux»  et qu’il attend des propositions du FNDU afin de faire davantage.
Le statut du BASEP a Ă©tĂ© Ă©galement  abordĂ© au cours de la rencontre. Les nĂ©gociateurs  du Gouvernement  ont estimĂ©  qu’il s’agit d’un bataillon dont le statut est clair, car dĂ©pendant de l’état- major gĂ©nĂ©ral des ArmĂ©es en termes de moyens et d’avancements.
Ils  se seraient  par contre,  montrĂ©s flexibles concernant  l’ouverture des medias publics au FNDU, les mesures jugĂ©es arbitraires contre des citoyens (Mamouny, Neinine, Chavi ?)  et l’audit de l’enrĂ´lement des NĂ©gro-africains  rapatriĂ©s du SĂ©nĂ©gal. Et selon un nĂ©gociateur de la MajoritĂ© le pouvoir serait  mĂŞme prĂŞt Ă  mettre en place des «commissions mixtes» sur ces questions  avec le FNDU  ajoutant : «Nous surprendrons l’opposition par l’audacitĂ© de nos propositions».
Et mĂŞme si les nĂ©gociateurs de l’opposition Ă©taient mandatĂ©s seulement  pour discuter des prĂ©alables  de la plateforme du FNDU Dr Moulaye Ould Mohamed Leghdaf  en outre proposĂ© l’élargissement de l’Accord-Cadre proposĂ©  Ă©galement  dans la plateforme du FNDU, aux partis de la CAP  afin de le transformer en «Accord-Tripartite».
Le pouvoir  a une longue histoire avec le dialogue : en septembre 2011,  le fil a Ă©tĂ© nouĂ© avec des partis de la CAP (APP, El Wiam, Sawab) qui s’étaient dĂ©marquĂ©s de la Coordination de l’Opposition DĂ©mocratique (COD), ancĂŞtre de l’actuel FNDU nĂ© en mars 2015.
L’ Accord-Politique qui en dĂ©coula permit d’apporter des amendements constitutionnels  criminalisant les coups d’Etat, l’esclavage,  introduisant  la nomination par le prĂ©sident de la RĂ©publique d’un Premier ministre soumis Ă  la censure du Parlement, la diversitĂ© culturelle , une commission Ă©lectorale  d’organisation, une forte dose de proportionnelle, l’augmentation du nombre des dĂ©putĂ©s de l’AssemblĂ©e nationale, une liste nationale spĂ©cifique aux femmes, l’interdiction des candidatures indĂ©pendantes et du nomadisme politique. Un amendement avait Ă©galement prorogĂ© le mandat des parlementaires et des conseils municipaux jusque la tenue de nouvelles Ă©lections de novembre 2013. Un amendement contestĂ© par la COD.  ConsidĂ©rĂ© comme «un pas significatif sur la voie de la promotion  et de la consolidation de la dĂ©mocratie» par ses signataires, le dit Accord-Politique paraphĂ© en octobre 2011, a Ă©tĂ© rejetĂ© par la COD qui l’a prĂ©sentĂ© comme  un «leurre destinĂ© Ă  piĂ©ger l’opposition, Ă  la diviser Ă  tromper l’opinion publique».
Des concertations lancĂ©es avec l’ex-COD devenue FNDU  en octobre  2013 n’ont pas pu  la convaincre  de  participer aux Ă©lections lĂ©gislatives et municipales malgrĂ© une offre gouvernementale  de report des Ă©lections, de rĂ©vision de la composition de la CENI, d’audit du fichier Ă©lectoral et de crĂ©ation d’un observatoire des Ă©lections.
Cette  mouvance exigeait la neutralitĂ© de l’Etat et de la supervision politique du processus Ă©lectoral ainsi que la suspension de l’agenda  Ă©lectoral en attendant les rĂ©sultats des concertations. Juste après les Ă©lections de Novembre 2013,  la mouvance avait  demandĂ© l’annulation de ses rĂ©sultats et l’ouverture d’un dialogue. Dr Moulaye Ould Mohamed Leghdaf  a engagĂ©  le 17 fĂ©vrier 2014 des concertations sur la prĂ©sidentielle  qui allait ĂŞtre organisĂ©e  juin avec  le  FNDU,  lequel  avait fini par boycotter  la dite prĂ©sidentielle. Tout comme deux des partis de la CAP (APP et Sawab) ainsi que  Tawassoul l’unique parti membre  FNDU qui avait participĂ© aux Ă©lections locales de Novembre 2013.
 Après plusieurs rencontres infructueuses avec le FNDU en mai et juin 2015  Dr Moulaye Ould Mohamed Leghdaf a lancĂ© la mi-aoĂ»t une nouvelle invite au dialogue pour dĂ©but septembre. Le FNDU ne semble pas ĂŞtre particulièrement emballĂ© d’autant plus qu’il a reçu le soutien du prĂ©sident de l’APP Messaoud Ould Boulkheir Ă  sa revendication d’une rĂ©ponse Ă©crite du Gouvernement Ă  sa plateforme.
  M.  Ould Boulkheir, a estimĂ© le 7 juillet  2015 que l’exigence du FNDU d’une rĂ©ponse  Ă©crite du pouvoir pour  l’amener Ă  s’engager dans le dialogue, Ă©tait raisonnable et qu’elle ne devait pas constituer un obstacle. Le leader de l’APP a rendu  le pouvoir et la majoritĂ© responsables du blocage des concertations entamĂ©es en mai 2015.


MAOB


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