Gouvernement : La REMANIEMANIA revient en force   
31/03/2008

La propension immodérée aux remaniements permanents du Gouvernement constituait, jusqu’août 2005, l’un des aspects de l’héritage qui nous a été légué après plus de 20 ans de Duvaliérisme. Durant ces deux dernières décennies, nous avons eu droit à des centaines de ministres.



L’instabilitĂ© gouvernementale constituait notre caractĂ©ristique première. Chaque mercredi, on avait l’oreille collĂ©e aux transistors. La Remaniemania a intĂ©grĂ© depuis lors, nos mĹ“urs politiques, devenant  pour certains,   une  solution, une thĂ©rapie. Pourtant que de remaniements ont eu lieu. Qu’ont-ils apportĂ© ? Nada ! C’est Ă  la faveur de la transition militaire entamĂ©e en aoĂ»t 2005 qu’une vraie rupture avec l’esprit de la  Remaniemania permanente a Ă©tĂ© amorcĂ©e. Entre aoĂ»t 2005 et avril 2007 il n’y a pas eu de remaniement. C’était lĂ , avec d’autres signes,  l’un des traits saillants de la rupture avec l’ère d’avant.
Moins d’une annĂ©e après la formation du Gouvernement dirigĂ© par le Premier ministre Zeine Ould Zeidane, la Remaniemania revient en force. TantĂ´t sous le prĂ©texte de l’incompĂ©tence du Gouvernement –qui, il faut reconnaĂ®tre, comporte bien des ministres par accident- sinon sous le prĂ©texte de la marginalisation de quelques mouvances politiques ayant perdu de la main (et quoi d’autre?)  Ă   la faveur de l’évolution de la scène politique. Parfois, le justificatif avancĂ© relève de la «dĂ©viation» par rapport aux options des tĂ©nors du changement radical. Tous ces arguments ne partent pas souvent de postulats civiques et citoyens. C’est en effet,  Ă  la faveur de l’évaluation du travail fait sur la base des lettres de mission donnĂ©es au Gouvernement que la demande de remaniement peut se justifier. Autrement, elle pourrait simplement tirer sa justification de la bataille de positionnement, des querelles de chapelles,  si ce n’est la manip, haut ou bas de gamme.
Le président de la République et son Gouvernement ont été élus sur la base d’un programme politique clair articulé essentiellement sur deux axes : la consolidation de l’unité nationale et la rénovation de l’Etat. Sur ces registres on peut dire que le Président et son Gouvernement ont bien gouverné autrement.
C’était quoi, au juste, la consolidation de l’unité nationale ?
Les mauritaniens, plus soucieux des rĂ©sultats, que de la composition du Gouvernement ; sans ambition, aussi, d’y faire leur entrĂ©e ; la leur, Ă©tant de vivre dans un pays stable, serein et bien gĂ©rĂ©, reconnaissent les pas franchis. Ils vous diront qu’ils sont fiers de constater que les esclavagistes sont maintenant Ă©crouĂ©s dans ce pays, qu’ils ont versĂ© des larmes (pas de crocos) en voyant leurs compatriotes dĂ©portĂ©s au SĂ©nĂ©gal depuis 18 ans,  fouler le sol national et recouvrer leurs droits. Ils vous diront qu’une solution Ă©quitable est Ă  l’étude, pour le règlement du douloureux passif humanitaire. Et que le Gouvernement mauritanien a certes, cafouillĂ© et gaffĂ©, mais qu’il s’est battu sur les braises et les cendres lĂ©guĂ©es par ses prĂ©dĂ©cesseurs. Ils vous diront aussi, qu’ils ne comprennent pas pourquoi juste après la formation du Gouvernement en avril 2007, les crises des services de bases, les affaires de drogue, le chantage politique, la liquidation des entreprises, les soupçons de bradage de patrimoine de l’Etat et la violence dĂ©linquante et idĂ©ologique ont subitement refait surface, d’un seul coup. Comme pour acculer. Comme pour appeler une main invisible,  au secours. Une annĂ©e après la constitution de l’équipe actuelle, les performances Ă©conomiques restent  certes très en de ça des Ă©volutions politiques. Mais si on doit dĂ©plorer un certain attentisme, on doit aussi le faire Ă  l’endroit des citoyens de ce pays qui ne travaillent pas pour se passer du mil malien, du riz thaĂŻlandais et du sucre brĂ©silien. C’est ici le dĂ©fi Ă  relever : faire travailler les mauritaniens. Et non les convaincre par on ne sait quel raccourci que le salut rĂ©side dans un remaniement. Peut ĂŞtre qu’ils ont raison qu’il faille remanier en partie ou du fond en comble ? Mais qui nous dit que les nouveaux ministres proposĂ©s  impulseront la productivitĂ© Ă©conomique et le dynamisme social? Qui nous dit que nous ne regretterons pas le dĂ©part des premiers, surtout que nous pouvons encore se suffire ou souffrir, de leur prĂ©sence, du moment qu’ils gouvernent autrement.
IOM


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