La conférence de presse donnée la soirée du 26 mars par le Président Aziz était la deuxième dans son deuxième mandat (2014-2019). La première tenue en janvier 2015 a été organisée dans le sillage d’une réunion du G5-Sahel sans que les questions posées abordent le sujet.
La deuxième, celle du 26 mars a été l’occasion d’aborder plusieurs thèmes (visites des Hodhs, dialogue, grève de la Snim, accords de pêche, lutte contre la gabegie, Sonimex, carburants, IRA , trafic d’influence , rapatriés du Sénégal, passif humanitaire, Maurisbank , et Yémen) . Il n’a pas été question cependant, de l’état d’avancement du projet Dhar, de l’usine de lait, des routes du Hodh Charghi , du plan de réhabilitation (s’il y en a) des écoles et centres de santé en ruines, du plan d’urgence en cette année de sécheresse , de la déclaration du patrimoine du chef de l’Etat et de questions plus terre à terre, notamment cette affaire de trafic de devises reprise en boucle . Personne n’a rappelé au Chef de l’Etat que les visites sous Ould Taya (1984-2005) comprenaient également des poses de première pierre, des inaugurations (routes, électrification, Domsat ) et que des centaines de kilomètres de routes ont été bien construits au Hodh après les années 80, notamment la reprise de l’axe Magtalahjar-Kiffa et la route Aioun- Kobenni. L a conférence de presse s’est déroulée en présence de ministres qui ont accompagné le président dans son périple dans les Hodhs et en l’absence du Premier ministre Yahya Ould Hademine, du ministre des relations avec le parlement et du conseiller de presse de la présidence de la République. Le président Aziz est resté dans une posture par laquelle il a refusé à toute remise en cause , récusant les chiffres et données avancés et assumant pleinement son bilan, et celui des autres, notamment, des ministres dont le rendement s’est révélé faible sur le terrain (santé , éducation), tout comme celui de la direction de la Snim à la quelle il a donné raison face à ses grévistes ainsi qu’avec le négociateur des accords de pêche dont les 48% de redevances perçues relèventde la parfaite légalité . Mais la conférence de presse a aussi révélé la nervosité du président de la République qui a ordonné la suspension de la diffusion suite à une motion d’ordre du journaliste Ahmedou Wedia , le seul à avoir crédibilisé l’événement par sa présence et par ses questions sans complaisance . Aziz a pourtant déjà eu, à faire face avec plus de sang froid, à des cas pareils : en 2011 à Nouakchott, quand on lui avait parlé de « mécontentement généralisé » et d’une «entreprise de location d’engins» ; à Atar en 2012, quand un activiste a traversé la foule pour lui demander de dégager, et à Nouadhibou en 2014, quand Heiba Ould Cheikh Sidatty d’al-Akhbar lui a posé des questions gênantes auxquelles il avait répondu avec un certain tact. Alors pourquoi cette nervosité chez un homme qui a déjà vu des situations semblables et qui avait su tirer son épingle du jeu ? Les observateurs estiment que cela est peut être dû à la fatigue consécutive à un long périple de 11 jours dans trois wilayas ; Kankossa ne faisant pas partie des Hodhs. Après l’incident des débuts, Aziz a indiqué que ses visites dans les Hodhs visaient à «prendre contact avec les populations en dehors de tout contexte électoral et de s’enquérir de leur situation ». Sur la grève de la SNIM il a soutenu la direction de celle-ci au lieu de jouer à l’arbitre : «Ce sont les grévistes et leurs familles qui souffrent de la grève qui n’a pas impacté les exportations de la SNIM » dit-il. Les préalables posés par l’opposition pour le dialogue ? Le président Aziz après avoir dit que «ceux qui posent des préalables ne veulent pas dialoguer» précise qu’ «il n’y a pas lignes rouges» et qu’il n’est pas contre le fait que « chacun propose ce qu’il veut ». « Je répondrai à temps opportun» a-t-il réagi à une question sur la révision du statut du BASEP avancée par l’opposition. Sur d’éventuels amendements à la Constitution lui permettant de briguer un troisième mandat ou de changer la nature du régime politique le président Aziz a répondu : «Ce sont des idées que je n’ai jamais eu, certains sont libres de le demander.» Reste maintenant à savoir ce qu’il en sera, quand ce sera le camp de Ould Abdel Aziz qui demandera de tripatouiller la Constitution ? Ils sont libres de le demander, non ? Le président a également éludé la question: « Allez-vous remettre le pouvoir à votre successeur en 2019 ? ». Plus tard, au cours de la conférence de presse, il a indiqué qu’il fera un audit à la fin de son mandant, sans préciser si ce sera à la fin de l’actuel mandat, ou à la fin d’un autre. Cette précision nécessaire n’a pas été faite. Pour le reste, le président Aziz a été convaincant notamment sur la lutte contre la gabegie qui n’est pas seulement un slogan, sur la sécurité où le bilan face aux menaces extérieures est meilleur à celui réalisé face aux bandits à l’intérieur ainsi que sur son approche en matière de visites à l’intérieur du pays, dorénavant dominées par le contact direct, les poses de premières pierres et les inaugurations, plutôt que par les meetings, les soirées artistiques et les poèmes … MAOB
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