La dissidence de l’algérien Moktar Belmokhtar, chef des preneurs d’otages en Algérie, par rapport à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est une histoire d’ambitions déçues, de conflits de personnes et d’intérêts, estiment des spécialistes. S’il a formé fin 2012 son groupe, la katiba des "signataires par le sang"...    
					                       
                                         ...qui a revendiquĂ© l’attaque du site gazier d’In amenas suivie d’une prise d’otage qui Ă©tait encore en cours vendredi matin, c’est pour prouver Ă  l’état-major d’Aqmi, dont il s’est sĂ©parĂ©, qu’il Ă©tait incontournable dans la rĂ©gion et qu’il pouvait agir de façon autonome, en s’affranchissant de la tutelle du mouvement dont le nom commence par "Al QaĂŻda". "Paradoxalement, c’est lui qui a toujours eu les meilleurs rapports avec l’état-major central d’al qaĂŻda, avec l’organisation fondĂ©e par Oussama Ben Laden qui l’a utilisĂ© comme relais au sahel dès 2001" confie Ă  l’Afp l’expert algĂ©rien Mohamed Mokaddem, auteur de "Aqmi, contrebande au nom de l’islam" et des "algĂ©riens afghans". "En 2001, il a accueilli pendant deux mois dans la rĂ©gion un yĂ©mĂ©nite, envoyĂ© spĂ©cial de Ben Laden, et s’est toujours vantĂ© de ses contacts avec Al QaĂŻda, qu’il fait remonter Ă  son engagement dans le jihad en Afghanistan, alors qu’il n’avait pas 20 ans", ajoute-t-il. SpĂ©cialiste de la contrebande, homme du dĂ©sert, dotĂ© de solides contacts (notamment familiaux via des mariages avec des membres d’importantes tribus touareg) dans tout le sahel, Belmokhtar, originaire de GhardaĂŻa aux portes du Sahara, ravitaille pendant des annĂ©es en armes les maquis du nord de l’AlgĂ©rie, grâce Ă  des achats auprès de contrebandiers de toute la rĂ©gion. Il Ă©chappe sans cesse Ă  la capture, plusieurs fois donnĂ© pour mort pour rĂ©apparaĂ®tre plus tard, forgeant sa lĂ©gende. 
 
 "C’est pourquoi il n’a jamais acceptĂ© que (l’émir d’Aqmi, Abdelmalek) droukdel, qui se mĂ©fie de lui, lui prĂ©fère plusieurs autres chefs, puis en 2007 Abou Zeid pour diriger la zone 9, le sahara. pour lui, Abou Zeid n’est qu’un vulgaire contrebandier devenu jihadiste, qui n’a aucune lĂ©gitimitĂ©", ajoute Mohamed Mokaddem. "il estime qu’Abou Zeid trafiquait encore de l’essence et des voitures quand il combattait au nom d’Allah en Afghanistan". Pour le mauritanien Isselmou Ould Moustapha, spĂ©cialiste des mouvements islamistes au sahel, "Belmokhtar considère Abou Zeid comme un ignare, un chef sans charisme. il s’estime mal traitĂ© au sein d’Aqmi parce que, contrairement aux chefs jihadistes algĂ©riens depuis le dĂ©but du mouvement, il vient du sud du pays et non pas du nord". "Mais avec la prise d’otages d’in amenas, il frappe Ă  nouveau un grand coup", ajoute-t-il. "Il place de hautes exigences, tente de sauver les islamistes en dĂ©route au mali en exigeant l’arrĂŞt des frappes aĂ©riennes françaises. il se comporte en chef, en leader, face Ă  un Droukdel que l’on entend pas. Il agit et focalise l’attention du monde entier". Selon ces deux experts, les hommes de la katiba de Belmokhtar, si aucun chiffre fiable n’existe, se comptent en dizaine plutĂ´t qu’en centaines, avec une forte proportion de maliens et de mauritaniens. "Ils sont peu nombreux mais très aguerris, motivĂ©s, prĂŞts au sacrifice sur les ordres de leur chef, comme le montre ce qui se passe actuellement sur le site gazier", ajoute Isselmou Ould Moustapha. "ils savaient qu’ils n’avaient aucune chance d’en sortir vivants". Mohamed Mokaddem ajoute que celui que l’on surnomme "le borgne" depuis qu’il a perdu un oeil (selon sa lĂ©gende officielle au combat en Afghanistan) a vu se rallier Ă  lui Ă©galement la vingtaine de membres du "mouvement du sud islamique" et de son chef Tahar ben Cheneb, composĂ© d’algĂ©riens de la rĂ©gion de Ouargla qui, après avoir commencĂ© comme groupe sĂ©paratiste, s’est radicalisĂ© et est passĂ© Ă  la lutte armĂ©e Ă  partir de 2007. (AFP)  
                      
                    
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