|                      La Mauritanie change et la question qu’on doit se poser est de savoir oĂą mènera la dynamique d’un changement dĂ©clenchĂ© avec la sanglante tentative de coup d’Etat du 8 juin 2003 et le putsch "gentleman" du 3 aoĂ»t 2005.Le schĂ©ma institutionnel fruit des Ă©lections de mars 2007 est, certes, rassurant. Il ne peut, cependant, empĂŞcher les Mauritaniens de s’interroger sur leur Destin. OĂą allons nous? Vers une vraie dĂ©mocratie? La fin des rancoeurs du passĂ©? Un modus vivendi? ou une autre nouvelle ère d’incertitudes?     
					                       
                                        Il y a eu, quand bien mĂŞme, chez nous, un acquis important. L’alternance au sommet de l’Etat, impossible depuis la naissance de l’Etat National (sauf, par coups d’Etat) est maintenant constitutionnalisĂ©e. Et la première expĂ©rience du genre, a bel et bien eu lieu le 19 avril 2007, quand Ely Ould Mohamed Vall a quittĂ© le cĂ©rĂ©monial du palais des congrès et le palais prĂ©sidentiel, pour se rĂ©installer dans sa rĂ©sidence.  Peu de Mauritaniens ont mĂ©ditĂ© sur la portĂ©e de ce geste, que nous espĂ©rons voir rééditer par les futurs prĂ©sidents, Ă  commencer, par le prĂ©sident Sidi Ould Cheikh Abdellahi.  Autre acquis important, en l’absence de la moutonisation des mĂ©dia d’Etat, d’un parti Etat, et de la mise en quarantaine des zĂ©lateurs, une formidable DETABOUTISATION est en marche dans ce pays. Après plus d’une dĂ©cennie de nĂ©gationnisme, nous avons reconnu que l’esclavage persiste chez nous. Nous venons de criminaliser la pratique et espĂ©rons vivement voir nos geĂ´les remplies d’esclavagistes.  Nous avons finalement acceptĂ© que nous avions dĂ©portĂ© vers la rive gauche des dizaines de milliers de nos compatriotes.  L’écrasante majoritĂ© du Peuple Mauritanien s’apprĂŞte aujourd’hui Ă  les accueillir, dans un Ă©lan de solidaritĂ© nationale sans prĂ©cĂ©dent, abstraction faite de l’amalgame que certains voudraient entretenir au sujet de leur retour, avec la question de nos "Moussafarines" du SĂ©nĂ©gal en 1989.  Nous avons aussi reconnu un autre Ă©pisode sombre de notre histoire, le passif humanitaire des annĂ©es 89 et 91 et nous tentons de tourner la page. Nous venons enfin, de franchir un autre pas en accordant la lĂ©galitĂ© Ă  un parti islamiste. Les islamistes mauritaniens, embastillĂ©s et torturĂ©s depuis mai 2003 jusqu’à juin 2006 ont maintenant un cadre d’action politique. Ils cessent, eux aussi, d’être des persĂ©cutĂ©s mĂŞme s’ils sont d’une certaine couleur, pourtant supposĂ©e choyĂ©e dans ce pays. Cessera probablement avec leur reconnaissance, le dĂ©lire de persĂ©cution propre aux bannis de la terre. Faut-il crier victoire? Ou faut-il attendre pour le faire, que aurons pour l’exemple puni des esclavagistes, accueillis et installĂ©s nos dĂ©portĂ©s et trouvĂ© une solution juste avec les veuves, les orphelins et les ayants droits ? Et après ? Isselmou Ould Moustapha                     
                    
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