«L’Aube éclatant : ils impriment avec le mitrailleur» tel pourrait être en français, le titre du nouveau film de propagande diffusé il y a quelques jours par le groupe jihadiste «Al Moulathamoune», dans lequel, on voit les préparatifs de trois attaques perpétrées en janvier 2013 à Ain Amenas en Algérie...
...et Ă Agadez et Arlit, fin mai 2013 au Niger .
Mokhtar Belmokhtar y donne pour la première fois un indiscutable signe de vie après l’annonce de sa mort par le chef de l’armée tchadienne en avril 2013. Le très expansif Oumar Ould Hamaha surnommé «barbe rouge» par la presse malienne apparait également dans le film, mettant fin, lui aussi, aux supputations sur sa mort et menaçant la France, à l’occasion. «Ce message est adressé à la France plus particulièrement, aux USA et aux pays de l’Otan : Les jihadistes sonts prêts à l’offensive à tout moment. Nous vous avons déjà dit que nous allons vous frapper en plein Quai d’Orsay et nous allons viser tous les intérêts de la France dans le monde», annonce Ould Hamaha dans un français qui s’est beaucoup amélioré depuis sa sortie sur un film d’AlQaida au Maghreb islamique (Aqmi) en août 2010 et ses multiples sorties par la suite lors de l’occupation du Nord-Mali par le trio Aqmi-Mujao-Ansardine.
D’une durée de 51 minutes, le film que TAHALIL a visionné est dédié aux Moudjahidines du grand Sahara de l’Islam, et dans tous les champs de bataille : de l’Afghanistan, à l’Irak, au «Cham» (Syrie, Palestine, Jordanie) dans la péninsule arabique, en Algérie, en Somalie et au Nigeria. Il fait l’apologie du jihad, reprend des grands moments de préparatifs d’attentats, montre la joie qu’éprouveraient les jihadistes avant de mourir et appelle les candidats au jihad à affluer au Mali.
La production utilise plusieurs Slides d’ «Almelahem» le bras médiatique d’AlQaida et débute par une image d’un véhicule de combattants sur une piste assez utilisée. «L’Oumma islamique ne meurt pas !» annonce -en guise de consolation après la débâcle du Mali- l’un des chefs d’AlQaida suivi par Ayman Dhawahiri faisant l’apologie du sacrifice devant une bibliothèque de bureau.
Puis le commentateur exprime sa nostalgie pour le temps où des villes du Nord-Mali notamment Tombouctou et Gao étaient -entre avril 2012 et janvier 2013- sous occupation des milices jihadistes. «Les populations ont gouté à la saveur agréable de l’application de la charia et à la sécurité » dit-on avec pour illustrations des images d’étals de pain traditionnel, de brocanteries artisanales et de bidons. Iyad Ag Ghali chef d’Ansardine y sort lisant à Kidal un sermon du vendredi entrecoupé de sanglots : «Nous sommes contre l’usure, nous ne vous imposerons aucune taxe autre que la Zakat» dit-il. Et comme pour répondre à certaines accusations, le film livre des images de la lutte menée par les jihadistes contre des trafiquants de drogue. On voit plusieurs véhicules stationnés. Mais aucune incinération ou sanction. « Ils se sont rendus compte que je ne fais pas de trafic de drogue et m’ont remis ma voiture» dit un individu enturbanné. Plus tard c’est la lutte contre la consommation d’alcool. « Pourquoi êtes vous ici?» demande un journaliste français d’origine mauritanienne à un ressortissant malien en garde à vue dans des locaux de la police islamique. Réponse de ce dernier : « J’ai bu six cannettes de bière !». Et de poursuivre : «J’exprime mon repentir, ma honte et ma volonté de ne plus boire. Je ne le dis pas parce que je vois les Moujahidines» . La suite, on ne le connait pas !
Plus convaincante la partie du film consacrée aux représailles menées par les jihadistes à Diabali et Konna contre l’armée malienne suite à l’exécution sommaire de 66 civils dont 16 prêcheurs Mauritaniens (septembre 2012) avant que le film n’évoque les préparatifs de l’intervention française au Mali en janvier 2013 et les premiers succès des Moujahidines avec des hélicoptères abattus l’hécatombe chez les militaires maliens, puis l’intensification des raids aériens français et le témoignage d’un civil malien qui dit que les frappes n’ont pas touché le lieu où se trouvait les combattants d’Ansardine, mais les populations . Et l’on voit défiler des images d’un hôtel à Douentza, d’une mosquée, d’une école et une page du Saint Coran déchirée au fond d’un cratère. Puis c’est l’hommage à Mohamed Merah et l’appel aux Musulmans vivant en France à s’en prendre à des cibles «avec un couteau, une pierre, ou même à la main».
De très brefs aspects de la préparation de l’attaque d’Ain Amenas en Algérie sortent pour la première fois dans le nouveau film. Mais, seuls les Egyptiens Abou Hajer et El Betar et le Tunisien Azam apparaissent au moment de foncer sur la cible, reprenant les paroles de l’oraison funèbre prononcée par Oussama ben Laden à la mémoire des auteurs des attaques du 11 septembre 2001. Ils étaient pourtant une quarantaine de participants dont Abderrahmane le nigérien « Abou Doujana» et des Canadiens, Tunisiens et Algériens qui ont tous péri dans l’attaque.
Un temps plus important sera par contre accordé aux attaques d’Agadez et d’Arlit (mai 2013) préparées conjointement par Almoulathamoune à travers son groupe «Les signataires par le sang », le Mujao avec sa «Seriyat El istich-hadiyine» (groupe des kamikaze) et avec la participation d’un nigérian «Abou Ali» (photo ci-dessous) , membre d’Ansaru El Islam Vi Biladi Soudan (Ansaru) groupe nigérian responsable de l’enlèvement d’une famille française au nord du Cameroun, en mars 2013.
«Que puis-je vous dire de Abdel Hamid Abou Zeid? Il a obtenu ce qu’il a toujours demandé en accomplissant son devoir. C’était un homme frêle avec un grand cœur qui a beaucoup donné au Jihad. Qu’Allah l’accepte parmi les martyrs» dit Belmokhtar qui apparait dans des images tournées de nuit et de jour quand il supervisait les entraînements aux attaques programmées au Niger.
Le guet, la préparation des explosifs, les entraînements et l’état d’esprit des candidats au suicide dont un égyptien, un tunisien, un soudanais, un nigérian, des sahraouis et des maliens retiennent l’attention .
Des jeunes candidats au suicide qui ont la particularité d’aller à la mort avec de gros sourires. Ils font la chasse aux gazelles et outardes, se taquinent, rient et l’un d’eux (le soudanais) porte une théière, avance vers le « cameraman » et lui dit en souriant : « C’est mon dernier verre de thé». Un tunisien très jeune dit à son tour : « J’ai toujours rêvé d’être kamikaze. Rendez-vous au Paradis !».
«Français où allez-vous, nous fuir? Nous vous suivrons au ciel ou attendrons qu’Allah vous fasse tomber sur nous! Nous sommes venus vous voir , transportés par les flammes et portant des braises» dit le soudanais Mohamed Hachem Abdel Hamid dit Abdella Soudany.
Et le film repasse sur la dernière réunion qui a regroupé Belmokhtar avec les candidats aux opérations suicide à Agadez et Arlit. «Evitez de tuer les enfants, les femmes et les vieillards» leur a-t-il dit avant de leur donner l’accolade l’air ému parce qu’il ne les reverra plus.
Les attentats ont couté la vie à tous les jihadistes engagés dans les deux opérations faut-il le rappeler, et à 10 français, 116 militaires nigériens et provoqué l’arrêt de l’usine d’extraction de l’uranium, entend-on dans le film qui se termine par les dernières volontés exprimées par les kamikaze, et un cadeau. En fait, une chanson du soudanais Abdella Soudany mort à Agadez :
«Ici, c’est une terre du Jihad Une terre du duel Héros, les prairies de l’Azawad vous interpellent Viens au Mali Ne craints pas les oppresseurs ( …) Avant la France, nous avons vaincu et démembré l’URSS Puis les USA qui pleurent maintenant la gloire du dollar». Isselmou Ould Moustapha
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