La France change d'ambassadeur en pleine guerre du Mali   
21/03/2013

Valse de diplomates au beau milieu d’une guerre: Paris a annoncĂ© mercredi 20 mars  la nomination d’un nouvel ambassadeur au Mali, dernier Ă©pisode en date d’une sĂ©rie de changements abrupts de tĂŞtes au sein du dĂ©partement Afrique du ministère des Affaires Ă©trangères.



L’ambassadeur de France à Bamako, Christian Rouyer, en poste depuis seulement deux ans, a été rappelé par Paris qui a proposé au Mali la nomination de Gilles Huberson, diplomate atypique au passé militaire, qui pilotait depuis février une nouvelle cellule consacrée au Mali et au Sahel.
   Christian Rouyer, 63 ans, Ă©tait rĂ©putĂ© pour son franc-parler et plutĂ´t apprĂ©ciĂ© des autoritĂ©s, de la classe politique et de la sociĂ©tĂ© civile maliennes. Il Ă©tait partisan de l’intervention militaire française pour stopper la progression des jihadistes vers le sud du pays.
   Ce changement d’ambassadeur intervient alors que la France est engagĂ©e militairement depuis le 11 janvier au Mali, oĂą elle a dĂ©ployĂ© 4.000 soldats.
   "En pleine guerre, ça fait peut-ĂŞtre un peu bizarre", reconnaĂ®t une source au ministère, mais "Ă  situation de crise, dispositif de crise", martèle-t-on.
   Officiellement, le Quai d’Orsay n’a donnĂ© aucune raison au changement d’ambassadeur, mais plusieurs responsables, sous couvert d’anonymat, ont recours Ă  une argumentation qui tranche avec les us et coutumes du ministère. "C’est comme dans une entreprise, quand le patron juge qu’il faut telle personne pour tel poste", rĂ©sume une de ces sources.
   "La pĂ©riode qui s’ouvre au Mali va ĂŞtre extrĂŞmement complexe Ă  gĂ©rer, notamment sur le plan du dialogue politique, et il nous faut les meilleures Ă©quipes au meilleur endroit", indique une autre source. "Bien sĂ»r, j’imagine que ce n’est pas très agrĂ©able pour M. Rouyer, mais il ne s’agit en aucun cas de sanction disciplinaire ou pour incompĂ©tence", assure-t-elle.
   
La valse des diplomates 
Le rappel de l’ambassadeur à Bamako est le point d’orgue d’une valse récente de plusieurs diplomates travaillant sur les dossiers malien et sahélien.
   Il y a quelques semaines, le sous-directeur en charge du Mali, Laurent Bigot, et le reprĂ©sentant spĂ©cial pour le Sahel, Jean FĂ©lix-Paganon - proposĂ© jeudi comme ambassadeur au SĂ©nĂ©gal -, ont Ă©tĂ© Ă©vincĂ©s.
   En octobre, la responsable de la direction Afrique et OcĂ©an Indien du Quai, Elisabeth Barbier, avait aussi Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e et nommĂ©e ambassadrice en Afrique du Sud.
   "Ca chauffe au Quai d’Orsay!" s’amuse Axel Poniatowski, dĂ©putĂ© de l’opposition de droite et membre de la Commission des Affaires Ă©trangères de l’AssemblĂ©e nationale, qui avait rĂ©cemment interpellĂ© le ministre Laurent Fabius sur les changements soudains au sein de son ministère.
   "Dans sa rĂ©ponse, M. Fabius avait laissĂ© entendre que c’est lui qui prend les dĂ©cisions. Il semble bien qu’il y a une reprise en main", estime le dĂ©putĂ©.
   "Fabius a du mal avec les fortes personnalitĂ©s qui n’ont pas le doigt sur la couture du pantalon", confirme un diplomate sous couvert d’anonymat.
   Le ministère des Affaires Ă©trangères a dĂ©menti toute "purge" au sein de son administration et insiste sur la particularitĂ© de chaque cas.
   Laurent Bigot semble avoir Ă©tĂ© dĂ©barquĂ© pour s’être trop ouvertement dĂ©marquĂ© de la stratĂ©gie française au Mali - "l’affaire Bigot, c’est une question de loyautĂ©", indique une source au Quai -. Selon le journal le Figaro, M. Bigot a notamment payĂ© des propos de juillet 2012 dĂ©nonçant la corruption en Afrique de l’Ouest et singulièrement au Mali, tenus devant un institut de recherches et diffusĂ©s sur les rĂ©seaux sociaux.
   Les autres changements s’inscrivent dans le cadre "d’un mouvement concernant plusieurs postes africains", assure le porte-parole Philippe Lalliot.
   Ainsi, outre la nomination de M. Felix-Paganon Ă  Dakar, deux postes pourraient changer prochainement, au BĂ©nin et au Tchad, et revenir Ă  des femmes, selon une source diplomatique.
(AFP)


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