Les principaux points de la rĂ©solution 2085 sur le Mali   
21/12/2012

Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné jeudi son feu vert au déploiement d’une force internationale au Mali, mais par étapes et sans fixer de calendrier précis pour la reconquête du nord du pays tombé aux mains des islamistes. Diplomates et responsables de l’ONU soulignent que reconstruire l’armée malienne...



...ébranlée par un coup d’Etat et une défaite militaire, prendra des mois et qu’il ne faut pas s’attendre à une éventuelle offensive libératrice avant l’automne 2013.
Après de longues tractations entre Français et Américains - qui doutent de la capacité des Africains de mener à bien cette opération - le Conseil a "autorisé le déploiement au Mali, pour une durée initiale d’un an, de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA)".
L’envoi d’une telle force, conduite par des Africains et appuyée par les Occidentaux, était réclamé avec insistance par l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
La résolution 2085, adoptée à l’unanimité, appelle Bamako à lancer d’abord un "dialogue politique pour rétablir pleinement l’ordre constitutionnel" et à organiser des élections avant avril 2013.
Un nouveau Premier ministre, Diango Cissoko, a été nommé la semaine dernière, son prédécesseur, Cheick Modibo Diarra, ayant démissionné sous la pression des militaires putschistes. Ceux-ci avaient renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré et gardent une forte influence à Bamako.
La résolution invite aussi le nouveau gouvernement malien à engager des négociations "crédibles" avec les groupes présents dans le Nord, essentiellement les Touareg, qui se dissocieront des "organisations terroristes" contrôlant cette région, dont Al-Qaida au Maghreb islamique et Mujao.
Début décembre, une médiation de la Cédéao avait permis une amorce de dialogue à Ouagadougou entre le gouvernement malien, le groupe armé Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), essentiellement composé de Touareg maliens, et la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Sur le plan militaire, il faudra d’abord reconstruire l’armée malienne et entraîner les troupes africaines qui feront partie de la force afin de les préparer à reconquérir le Nord.
Mais le Conseil devra s’estimer "satisfait" de l’état de préparation de la MISMA, à partir de critères précis (entraînement, efficacité de la structure de commandement, équipement, adaptation au terrain) avant qu’elle puisse se déployer au Nord.
Le Conseil a souligné l’importance de "réduire l’impact de cette opération militaire sur la population civile", une préoccupation exprimée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et par des organisations comme Human Rights Watch.
"Ce n’est qu’une étape, beaucoup reste à faire sur le terrain et à New York", a reconnu l’ambassadeur français à l’ONU Gérard Araud, qui a noté que la résolution "privilégiait le dialogue politique".
"Notre texte n’est pas une déclaration de guerre, ce n’est pas le choix de l’option militaire", a-t-il affirmé. L’offensive militaire au Nord "n’interviendra que le moment venu, une fois que le processus politique aura produit son effet".
Pour l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahel, Romano Prodi, en tournée en Afrique de l’Ouest, la préparation d’une action armée doit être "crédible" et il faut identifier "tous les moyens pour chercher la paix avant de commencer l’action militaire".
Le financement de l’opération militaire, qui devrait coûter au moins 200 millions de dollars par an selon des diplomates, n’est pas totalement réglé.
Une partie de la facture (environ 30 millions de dollars) devrait être pris en charge par l’UE tandis que les Etats-Unis devraient fournir l’essentiel des besoins logistiques de la MISMA.

 

Quelques réactions au Mali

Les premières réactions au feu vert du Conseil de sécurité de l’ONU au déploiement, sous condition, d’une force internationale pour chasser les islamistes armés qui occupent le Nord du Mali étaient vendredi globalement positives à Bamako.
"Nous sommes reconnaissants à la communauté internationale, un consensus s’est dégagé sur la situation malienne’ et "c’est un jour important pour la suite des évènements", s’est réjoui un conseiller du président malien par intérim, Dioncounda Traoré. "Nous allons faire la guerre aux terroristes, et continuer à négocier avec nos frères qui sont prêts pour le dialogue", a-t-il ajouté.
Mustapha Cissé, membre du Front pour la démocratie et la République (FDR, formé après le coup d’Etat du 22 mars ayant renversé le président Amadou Toumani Touré), a parlé d’une "excellente nouvelle".
"Ce vote marque la volonté de la communauté internationale de ne pas abandonner le Mali à son sort", a-t-il dit, ajoutant: "Il est ensuite urgent de définir les priorités pour que cette résolution se traduise dans les faits, pour que le Mali recouvre sa souveraineté sur tout son territoire".
Sans surprise, Oumar Coulibaly, membre de l’une des deux branches de la Coordination des organisation patriotiques du Mali (Copam, qui a soutenu le coup d’Etat du 22 mars), a réitéré son opposition à l’envoi d’une force internationale au Mali. "Le Mali doit prendre son destin en main et trouver lui-même la solution. Nous sommes contre un débarquement de troupes étrangères au Mali et nous le disons haut et fort", a-t-il affirmé.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné jeudi son feu vert au déploiement d’une force internationale au Mali, mais par étapes et sans fixer de calendrier précis pour la reconquête du Nord du pays tombé aux mains des islamistes.
La résolution votée par le Conseil a parallèlement privilégié le dialogue avec les groupes armés du Nord qui rejettent le terrorisme et la partition du pays.
Elle souligne en outre que le Conseil devra s’estimer "satisfait" de l’état de préparation de la force à partir de critères précis (entraînement, efficacité de la structure de commandement, équipement, adaptation au terrain) avant qu’elle puisse se déployer dans le Nord.

 

Les principaux points de la résolution 2085

Voici les principaux points de la résolution 2085 tels qu’inscrits dans le texte adopté à l’unanimité jeudi par le Conseil de sécurité sur le Mali:

PROCESSUS POLITIQUE

Le Conseil:

- Engage instamment les autorités maliennes à établir, en tenant un dialogue politique large et ouvert, un plan de route pour la transition, à rétablir pleinement l’ordre constitutionnel et l’unité nationale, notamment en tenant des élections présidentielles et législatives crédibles et sans exclusive (..) d’ici avril 2013 ou, à défaut, dès que possible techniquement.
- Exige que les groupes rebelles maliens rompent tout lien avec des organisations terroristes, en particulier avec Al-Qaida au Maghreb islamique.
- Demande aux autorités de transition maliennes de mettre en place rapidement un cadre de référence crédible pour les négociations avec toutes les parties se trouvant dans le nord du pays et ayant rompu tout lien avec une organisation terroriste.

 

FORMATION DES FORCES MALIENNES

- Demande instamment aux Etats membres et aux organisations régionales et internationales de fournir aux Forces maliennes un soutien coordonné sous forme d’aide, de compétences spécialisées, de formation et de renforcement des capacités (...) afin de rétablir l’autorité de l’Etat malien sur la totalité du territoire national.

 

DEPLOIEMENT DE LA MISMA

- Décide d’autoriser le déploiement au Mali, pour une durée initiale d’une année, de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA), qui prendra toute mesure utile (...) pour accomplir les tâches suivantes:
a) Aider à reconstituer la capacité des Forces maliennes.
b) Aider les autorités maliennes à reprendre les zones du nord de son territoire qui sont contrôlées par des groupes armés terroristes et extrémistes, en prenant en même temps des mesures susceptibles de réduire les effets des opérations militaires sur la population civile.

- Prie l’Union africaine de lui faire rapport tous les 60 jours sur le déploiement et les activités de la MISMA, y compris avant le lancement de l’offensive dans le nord du pays, en couvrant les points suivants:
a) progrés accompli dans le déroulement du processus politique
b) état de préparation opérationnelle
c) efficacité de la chaine de commandement
et se déclare disposé à surveiller ces paramètres de près avant le lancement d’offensives dans le nord du Mali.

- Souligne que la planification militaire devra continuer d’être affinée avant le lancement des offensives et prie le secrétaire général de confirmer à l’avance que l’offensive prévue est à sa satisfaction.

- Souligne également que tout appui fourni par l’ONU et les Etats Membres dans le contexte des opérations militaires menées au Mali doit l’être dans le respect du droit international humanitaire (et) des droits de l’homme. (Afp)


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