Le Mali manÅ“uvre face à la communauté internationale   
06/12/2012

Devant les tergiversations de la communauté internationale sur une intervention militaire pour libérer le nord du Mali des islamistes armés, l’impatience monte chez les Maliens qui se disent prêts à faire eux-mêmes la guerre pour prendre leur "propre destin en main". Il s’agit d’une...



...manoeuvre de la junte malienne visant à occulter les problèmes du Nord qui sont sans relation avec le phénomène du Terrorisme dont les groupes sont au Mali depuis 2001.
Réclamé à nouveau par le Mali le 5 décembre devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le déploiement d’une force internationale, qui pourrait être de 3.300 hommes selon le projet soumis par Bamako et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), suscite toujours des divergences, notamment sur le calendrier et la feuille de route.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, lui-même, a mis en garde contre les risques d’une intervention armée. Bien que "sans doute nécessaire en dernier recours", il estime qu’elle pourrait ruiner toute chance de solution politique, alors que pour la première fois, le gouvernement malien, les islamistes d’Ansar Dine et la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) - évincée du Nord - se sont engagés en début de semaine à Ouagadougou à négocier.
Mais, sur place, les Maliens s’impatientent, estimant que, face à ces atermoiements, le pays n’a qu’à compter sur ses propres forces.
"De toute façon, à un moment donné, l’armée malienne sera obligée de prendre ses responsabilités. Des préparatifs sont en cours pour prendre notre propre destin en main", assure sous couvert d’anonymat un haut fonctionnaire du ministère de la Défense, sans plus de détails.
Joint au téléphone à Sévaré, près de Mopti (centre), à la frontière avec les zones contrôlées depuis huit mois par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et Ansar Dine, un militaire malien dit "n’attendre que les ordres des politiques pour marcher sur le Nord".
Samedi, un millier de manifestants ont appelé à Bamako à soutenir l’armée malienne et au déploiement rapide de la force internationale. "L’ONU ne doit pas laisser tomber le Mali", pouvait-on lire sur les banderoles.
Le déploiement d’une force d’intervention ne devrait pourtant par intervenir avant l’automne 2013, selon le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, le temps notamment de réorganiser l’armée malienne.
"La libération du Nord est d’abord de la responsabilité de notre armée. Qu’elle commence les opérations, et vous verrez que le discours des Nations unies va changer", s’impatiente Lassana Traoré, un jeune de Magnambougou, un quartier de la capitale malienne.
"Ban Ki-moon ne vit pas sur la même planète que nous! Quand j’entends qu’il faut attendre septembre 2013, ça m’écoeure", s’indigne-t-il.
Signe de cette exaspération, 4.000 jeunes Maliens ont déjà déposé à Bamako un dossier auprès des autorités militaires qui ont lancé du 1er au 10 décembre un processus de recrutement de 2.000 volontaires pour combattre dans le Nord.
Parallèlement, des blindés et des armes achetés par le régime du président déchu Amadou Toumani Touré et qui étaient bloquées en Guinée depuis juillet sur ordre de la Cédéao, sont arrivées cette semaine à Bamako sous les vivats des habitants.

L’Union européenne a annoncé dimanche à Bruxelles qu’elle allait accorder 20 millions d’euros supplémentaires d’aide humanitaire au Mali, ce qui portera à 101 millions d’euros la somme totale accordée à ce pays pour faire face aux conséquences de la perte du contrôle du nord, aux mains des rebelles islamistes.
Dans un communiqué, la Commission européenne indique que cette aide supplémentaire "stimulera les secours aux populations de tout le Mali, particulièrement dans le nord du Mali, mais aussi dans les pays voisins où les réfugiés maliens ont pris la fuite".
Les fonds seront dépensés pour apporter de la nourriture, de l’eau, des sanitaires, des abris, des soins et une protection aux populations maliennes les plus vulnérables, spécialement les enfants, les femmes et les personnes âgées, selon le communiqué.
"Des millions de Maliens ont un besoin urgent et extrême d’aide et notre priorité numéro un est de soulager leurs souffrances", a déclaré Kristalina Georgieva, la Commissaire européenne pour la Coopération internationale et l’aide humanitaire, dans un communiqué.
Un plan européen, qui doit être approuvé formellement lundi par les ministres des Affaires étrangères de l’UE, prévoit d’envoyer au Mali une mission pour soutenir l’intervention africaine destinée à aider le pays à reprendre le contrôle du nord occupé par des islamistes armés.
Selon ce projet, quelque 250 formateurs européens seraient déployés, probablement à partir de janvier 2013, à proximité de Bamako pour y entraîner quatre bataillons de 650 soldats maliens. L’objectif serait de les former en six mois.
Paris et l’Afrique veulent aller vite, Washington freine
La volonté de la France et des Africains d’obtenir rapidement le feu vert de l’ONU à l’intervention d’une force internationale dans le nord du Mali aux mains d’insurgés islamistes se heurte au scepticisme de Washington, qui doute de la capacité de Bamako et de ses voisins à mener à bien l’opération, selon des diplomates.
"Les Etats-Unis ne sont pas satisfaits des préparatifs de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) pour cette mission, ils n’ont pas confiance dans la capacité des troupes africaines et de l’armée malienne à faire le travail", a expliqué un diplomate occidental.
Washington, explique-t-il, "voudrait deux missions différentes: une pour soutenir l’armée malienne et faciliter le dialogue politique, et une autre pour combattre les groupes terroristes" comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui ont pris le contrôle du nord du Mali.
Bamako et la Cédéao ont soumis à l’ONU des plans pour une force internationale de 3.300 hommes et demandent au Conseil de sécurité d’autoriser rapidement son déploiement. Le Conseil doit se prononcer sur la base d’une résolution préparée par la France, qui espère son adoption avant Noël.
Pour le secrétaire d’Etat américain adjoint aux affaires africaines Johnnie Carson, qui témoignait mercredi devant une commission du Sénat, les plans de la Cédéao "ne répondent pas à plusieurs question essentielles", dont les "capacités des forces maliennes et internationales de réaliser les objectifs de la mission" et son financement.
Lors de consultations à huis clos mercredi au Conseil, la France et les pays africains, notamment l’Afrique du sud, ont poussé à une adoption rapide de la résolution.
Le texte, qui doit être soumis par Paris à ses 14 partenaires en début de semaine prochaine, autorisera l’envoi à Bamako de la force, baptisée Mission internationale de soutien au Mali (Misma).
Des instructeurs européens s’efforceront de rebâtir l’armée malienne, en piteux état, en prévision d’une reconquête du nord qui ne pourra pas commencer avant l’automne 2013, selon le patron des opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous.
Parallèlement, la résolution appellera à un dialogue national à Bamako et à une réconciliation entre le gouvernement malien et les touaregs sécessionnistes du Nord.


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