Mali: Vers l’isolement d’Aqmi et du Mujao?   
18/11/2012

Les ministres des Affaires étrangères arabes et européens, réunis mardi 13 novembre au Caire, ont salué les résolutions 2056 et 2071 du Conseil de sécurité de l’ONU concernant le Mali, soulignant que l’instabilité dans la région du Sahel constitue une menace pour la paix...



...et la sécurité régionales et internationales.
Dans un communiqué final, les ministres ont exprimé leur soutien aux efforts de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et des pays du voisinage pour parvenir à une solution politique durable.
Evoquant le sommet des chefs d’Etat africains qui s’est réuni dimanche 11 novembre à Abuja, Le Président François Hollande a indiqué qu’ «il suffirait que ces groupes terroristes se retirent, tout simplement, il n’y aurait plus de raisons d’intervenir»  rappelant qu’"un dialogue politique est engagé avec un certain nombre de représentations touareg qui, justement, veulent rompre avec ces groupes terroristes".
"Il ne dépend que de ceux qui aujourd’hui se livrent à ces exactions de ne pas entrer dans cette logique d’affrontement", a-t-il poursuivi.
Evoquant la question des six otages français actuellement détenus au Sahel, M. Hollande a souligné qu’il faisait tout pour que les ravisseurs "comprennent que c’est le moment de les libérer".
"Ils n’ont rien à espérer en les gardant" et "en plus, ce sont les Africains qui vont intervenir" au Mali, "ce n’est pas la France", a-t-il poursuivi. "Nous engageons tout ce qu’il est possible de faire, mais nous n’allons pas mettre en cause la politique de la France et donc sa sécurité parce que nous serions sous la pression", a ajouté le chef de l’Etat. Le représentant de l’ONU en Afrique de l’Ouest, Saïd Djinnit, a rencontré mardi  13 novembre à Ouagadougou des représentants d’Ansar Dine.
Il s’agit de la première rencontre officielle entre un responsable onusien et Ansar Dine, mouvement qui applique de façon stricte la charia (loi islamique) dans le nord du Mali.
"Nous l’avons rassuré que nous sommes prêts au dialogue", a indiqué à la sortie Mohamed Ag Aharib, l’un des représentants d’Ansar Dine, soulignant que son mouvement attend de la part des autorités maliennes une "réaction" montrant qu’elles aussi cherchent "la paix".
Juste avant, le représentant des Nations unies s’est entretenu avec des membres du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Evincée du nord du Mali par les islamistes, cette rébellion touareg est laïque et désormais favorable à l’autodétermination.
Le MNLA a confirmé à M. Djinnit être "tout à fait disposé au dialogue", y compris avec Ansar Dine, a souligné Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, l’un des responsables du mouvement.
Le dialogue est "l’option préférée" pour résoudre la crise au Mali mais doit avoir des résultats "assez vite", avait insisté M. Djinnit après son entretien avec le président Compaoré, médiateur pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Dimanche, à Abuja, les chefs d’Etat ouest-africains s’étaient mis d’accord sur l’envoi au Mali d’une force de 3.300 soldats afin de reconquérir le nord du pays. Ce plan doit être transmis à l’ONU avant la fin novembre, via l’Union africaine, qui l’a approuvé mardi.
Avant la réunion d’Abuja, Ansar Dine avait donné des gages en appelant depuis Ouagadougou les autres groupes armés et le gouvernement malien au dialogue, et en proclamant son rejet du "terrorisme". Ansar Dine, a fait mercredi d’importantes concessions, allant jusqu’à renoncer à imposer la loi islamique dans tout le pays, pour conjurer la menace d’une intervention armée africaine.
"Nous renonçons à l’application de la charia sur toute l’étendue du territoire malien, sauf dans notre région de Kidal (nord-est) où la charia sera appliquée en tenant compte de nos réalités", a déclaré Hamada Ag Bibi, membre d’une délégation d’Ansar Dine présente à Ouagadougou.
Le porte-parole de cette délégation, Mohamed Ag Aharib, a fait encore un autre geste, qui dépasse le simple rejet du "terrorisme" proclamé la semaine dernière par les siens.
Pour le groupe dirigé par Iyad Ag Ghaly, essentiellement composé de Touareg maliens comme lui, c’est un revirement spectaculaire, à la fois dans la doctrine et dans la stratégie. Pour "débarrasser" la région du "terrorisme" et des "mouvements étrangers", Ansar Dine aurait déjà, selon une source proche du dossier, "demandé à Aqmi de quitter les villes" du Nord où il est présent "et de regagner ses positions d’avant le début de la crise" en janvier. Le président français François Hollande a appelé mercredi 14 novembre les groupes armés maliens à se dissocier des terroristes au Mali, lors de la visite de la dirigeante de l’Union Africaine à Paris.
Une éventuelle intervention devra être "décidée par les Africains eux-mêmes", a-t-il insisté, au terme d’un entretien avec la présidente de la commission de l’Union Africaine, la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini Zuma.
Il revient à l’Union Africaine de remettre à l’ONU avant le 27 novembre un plan d’opération pour reconquérir militairement le nord du Mali, aux mains d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et de groupes islamistes radicaux.
Devant la presse, lors d’une très brève intervention, ni Mme Nkosazana Dlamini Zuma ni le président français n’ont évoqué les détails de ce plan.
"Les préparatifs pour une intervention continuent et nous les ferons étape par étape. Evidemment, si nous pouvons obtenir la paix au Mali et le retour à l’intégrité territoriale sans aller à la guerre, tant mieux !", a seulement fait valoir Mme Zuma.
Haut commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom), le général américain Carter Ham, basé en Allemagne et en visite ce mercredi à Paris, a jugé devant des journalistes qu’il faudrait "des mois" et non des "semaines" pour rendre l’armée malienne opérationnelle.
Il a aussi précisé qu’il serait "extrêmement difficile" pour les Etats-Unis d’aider le Mali en terme d’équipement et de formation tant que des responsables du coup d’Etat de mars dernier restaient "influents" dans le gouvernement de Bamako.
Le Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, l’ex-président burundais Pierre Buyoya, a jugé jeudi  15 novembre "urgent" que les autorités maliennes de transition installent une structure pour un dialogue entre Bamako et des groupes armés du nord du Mali."Il est urgent d’avoir cette structure", a-t-il déclaré à Ouagadougou après un entretien avec le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao dans la crise malienne. Au sommet de la Cédéao du 11 novembre à Abuja, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a "annoncé que des assises nationales auront lieu prochainement et que, aussitôt après, le comité de négociations sera mis en place", a-t-il indiqué."Nous attendons tous avec impatience que cela soit fait, parce que c’est un élément important. Le médiateur ne peut pas avancer s’il n’y a pas au moins deux parties à la table des négociations", a insisté M. Buyoya. L’envoi de troupes tchadiennes au Mali n’est "pas encore envisagé", a déclaré jeudi 15 novembre  la présidence tchadienne, au lendemain de l’annonce par le représentant militaire de l’Union Africaine (UA) que le Tchad répondrait "positivement" à une telle demande de l’UA."Une telle décision (d’envoyer des troupes) n’est pas encore envisagée pour le cas du Mali. Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, a reçu  vendredi 16 novembre  pour la première fois ensemble des délégations d’Ansar Dine,  et de la rébellion touareg MNLA, a annoncé jeudi la présidence. Dans le même temps, la France et l’Union africaine (UA) ont appelé, chacune de son côté, les autorités maliennes de transition à s’engager plus activement sur la voie du dialogue, alors que se prépare une intervention armée africaine au calendrier incertain .Les récents progrès enregistrés par la diplomatie soulignent en retour l’absence du pouvoir central malien sur le terrain du dialogue. Lors d’un entretien téléphonique jeudi 15 novembre, le président français François Hollande a d’ailleurs demandé au chef de l’Etat malien Dioncounda Traoré d’oeuvrer à "une intensification du dialogue" avec "les représentants des populations du nord du Mali qui rejettent le terrorisme". Le Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, l’ex-président burundais Pierre Buyoya, a, lui, jugé "urgent" que Bamako mette en place le "comité de négociations" promis, après un entretien avec M. Compaoré.Mais pour le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra, la "reconquête" du Nord malien aura lieu "très prochainement"."Dans une semaine nous aurons entre les mains une résolution de l’ONU" autorisant une intervention africaine, a-t-il affirmé  à Tanger, au Maroc.Des combats ont éclaté vendredi  16 novembre entre les islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) près de Gao (nord-est du Mali).
"Des affrontements se déroulent actuellement entre combattants du Mujao et ceux du MNLA, ça se passe dans la région de Ménaka" à l’est de Gao, a déclaré un élu de la région contacté depuis Bamako sur son téléphone satellitaire.
"Le MNLA et le Mujao se battent actuellement dans la zone de Menaka", mais "c’est difficile de savoir ce qui se passe, parce que le réseau (téléphonique normal) ne marche pas", a confirmé un notable de la région.

Synthése IOM


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