Ansar Dine, l’un des groupes islamistes armés occupant le nord du Mali, a fait mercredi 14 octobre d’importantes concessions, allant jusqu’à renoncer à imposer la loi islamique dans tout le pays, pour conjurer la menace d’une intervention armée africaine. "Nous renonçons à l’application de...
...la charia sur toute l’étendue du territoire malien, sauf dans notre région de Kidal (nord-est) où la charia sera appliquée en tenant compte de nos réalités", a déclaré à l’AFP Hamada Ag Bibi, membre d’une délégation d’Ansar Dine présente à Ouagadougou. Le porte-parole de cette délégation, Mohamed Ag Aharib, a fait encore un autre geste, qui dépasse le simple rejet du "terrorisme" proclamé la semaine dernière par les siens. Si des "négociations" sont engagées avec les autorités maliennes, "on peut envisager les voies et les moyens par lesquels on peut se débarrasser du terrorisme, du trafic de drogue et des mouvements étrangers", a-t-il en effet affirmé. Pour le groupe dirigé par Iyad Ag Ghaly, essentiellement composé de Touareg maliens comme lui, c’est un revirement spectaculaire, à la fois dans la doctrine et dans la stratégie. Pour "débarrasser" la région du "terrorisme" et des "mouvements étrangers", Ansar Dine aurait déjà , selon une source proche du dossier, "demandé à Aqmi de quitter les villes" du Nord où il est présent "et de regagner ses positions d’avant le début de la crise" en janvier. "Aqmi et les étrangers" sont "les plus influents car ce sont eux qui contrôlent le trafic de la drogue", a affirmé le ministre des Affaires étrangères du Niger, Mohamed Bazoum, jugeant en revanche le Mujao en "crise" et en voie de "scission". Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a salué une "évolution positive et très encourageante" d’Ansar Dine sur la charia, même s’il a souhaité qu’il renonce aussi à l’imposer à Kidal. Le MNLA, rébellion touareg, laïque et favorable à l’autodétermination mais évincée par les islamistes, va ouvrir "dans les prochains jours" des "discussions formelles" avec Ansar Dine, a annoncé Mossa Ag Attaher, un haut responsable du MNLA à Paris. Selon lui, il faut que "les forces vives de l’Azawad (région du nord du Mali) parlent d’une même voix pour aller à des négociations politiques".
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