Ansar Dine prêt à prendre ses distances avec Aqmi (journal algérien)   
03/11/2012

Le groupe islamiste radical malien Ansar Dine, dont une délégation était attendue à Alger, serait prêt à prendre ses distances avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a rapporté samedi 3 novembre le quotidien El-Watan citant un "haut responsable algérien".



Selon ce responsable, le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, qui a toujours maintenu des liens avec Alger, "serait prêt à faire une déclaration dans laquelle il prendra officiellement ses distances d’Aqmi et acceptera de jouer le jeu de la démocratie", lit-on dans le journal.
Cette source "autorisée" s’attend à une sortie médiatique "dans les tout prochains jours" du patron de cette organisation pour signifier son divorce d’avec Aqmi et son soutien à l’option internationale du dialogue politique.
Ansar Dine est un des groupes islamistes armés qui occupent le nord du Mali où il applique brutalement la charia (loi islamique) dans les zones sous son contrôle.
Pour El-Watan, "sous réserve de la concrétisation de cet engagement d’Ansar Dine, l’Algérie aura réussi son pari de faire changer le fusil d’épaule à un mouvement qu’elle était la seule à considérer comme récupérable".
Selon la source algérienne, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton aurait accepté, lors de ses entretiens le 30 octobre à Alger, "une sorte de sursis" à l’Algérie "pour réussir à faire entendre raison au controversé mouvement avant de lancer l’assaut".
Un proche d’Iyad Ag Ghali avait annoncé vendredi avoir envoyé à Ouagadougou et Alger des délégations pour négocier "la paix".
Les émissaires envoyés au Burkina Faso sont arrivés vendredi soir, mais Alger n’avait toujours pas confirmé samedi l’arrivée de l’autre délégation.
Des experts africains, y compris algériens, européens et onusiens étudient jusqu’à dimanche à Bamako le "concept d’opération" d’une intervention armée destinée à reconquérir le nord du Mali.
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté le 12 octobre une résolution préparant le déploiement d’une force ouest-africaine de quelque 3.000 hommes au Mali donnant jusqu’au 26 novembre à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour préciser ses plans sur cette intervention.  Ansar Dine , a envoyé vendredi à Alger et Ouagadougou des délégations négocier "la paix" au moment où se prépare l’envoi d’une force armée internationale au Mali.
"Nous sommes pour la paix, et pour la paix, il faut le dialogue", a déclaré à l’AFP un proche de Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine, en annonçant l’envoi à Alger et Ouagadougou de ces deux délégations actuellement "en route", selon lui.
De source proche de la présidence burkinabè, on précise que la délégation se rendant à Ouagadougou y était  attendue vendredi soir et qu’elle y rencontrera le président Blaise Compaoré, médiateur de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dans la crise malienne.
Il est prévu que la délégation qui se rend à Alger rejoigne plus tard celle de Ouagadougou, puis, de là, une délégation pourrait aller au Nigeria, selon ces sources.
Le président Compaoré a déjà eu des contacts avec des membres d’Ansar Dine à Ouagadougou et a toujours privilégié une solution négociée à la crise, plutôt que le recours à la force.
Djibrill Bassolé, son ministre des Affaires étrangères, s’était lui-même rendu début août à Kidal (nord-est du Mali) où il avait rencontré M. Ag Ghaly, qui l’avait alors assuré de son soutien dans ses efforts de parvenir à une solution pacifique.
L’Algérie, puissance régionale incontournable dans le règlement de la crise, prône également le dialogue avec certains des groupes armés qui occupent le nord du Mali et qui rejettent "le terrorisme" et la partition du Mali.
Des émissaires d’Ansar Dine s’étaient rendus en septembre à Alger où ils avaient notamment rencontré un officiel malien.
Iyad Ag Ghaly est lui-même un ancien rebelle touareg qui a épousé l’islamisme radical. Les membres de son mouvement appliquent la charia (loi islamique) avec brutalité dans les zones qu’ils contrôlent avec Aqmi, dont les villes de Tombouctou (nord-ouest) et Kidal.
L’annonce de l’envoi de délégations à Alger et Ouagadougou intervient alors que se tient depuis le 29 octobre à Bamako une réunion d’experts internationaux qui doit mettre au point "un concept d’opération" pour la force armée de la Cédéao, soutenue par l’ONU, en vue de reprendre le nord du Mali.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté le 12 octobre une résolution préparant le déploiement d’une force ouest-africaine de quelque 3.000 hommes au Mali, soutenue sur le plan logistique par la France et les Etats-Unis, donnant jusqu’au 26 novembre à la Cédéao pour préciser ses plans.
Parallèlement, la résolution invitait le gouvernement malien et les rebelles touareg à "s’impliquer dès que possible dans un processus de négociations crédible afin de rechercher une solution politique viable respectant la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali".
Un tel dialogue, soulignait mi-octobre à Bamako un haut dirigeant de l’ONU, n’interdit pas l’usage de la force.
Il a plutôt pour but de permettre le regroupement de certains groupes armés composés essentiellement de Touareg, Ansar Dine et le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion indépendantiste laïque) . "Moins il y aura de groupes armés, plus ce sera facile" d’intervenir militairement, avait affirmé ce dirigeant.
En revanche, pour la communauté internationale, il est hors de question de négocier avec Aqmi et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), autre groupe islamiste armé qui occupe le nord du Mali.
Une dizaine d’experts militaires internationaux sont réunis, depuis mardi  30 octobre, à Bamako, pour mettre au point "le concept cadre des opérations" en vue de la reconquête du nord du Mali aux mains de groupes armés, un plan d’intervention militaire qui devra être présenté le 26 novembre courant par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) au conseil de sécurité des Nations unies.
Selon Cheaka Aboudou Touré, représentant spécial du président de la Commission de la Cédéao pour le Mali, cette réunion, qui se poursuivra jusqu’à dimanche prochain  (4 novembre), permettra d’élargir et de renforcer le consensus entre toutes les parties concernées ou intéressées, dans l’esprit des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, et surtout, à la lumière des conclusions de la réunion du Groupe de soutien de suivi de la situation du Mali.
C’est pourquoi, a-t-il poursuivi dans une allocution à cette occasion, sur recommandation du Groupe de soutien et de suivi, le concept opérationnel de la Cédéao sera soumis à un examen croisé de tous les partenaires présents à la rencontre aux fins de bénéficier des avis éclairés d’éminents experts de la sous-région et de la communauté internationale.
Il a annoncé la mise en place d’une force internationale sous la direction africaine, et qui soit à même d’offrir toutes les garanties de succès contre le sanctuaire du terrorisme international qui semble prospérer dans les régions occupées du nord du Mali.
C’est avec optimisme que la Cédéao envisage la prochaine saisine du Conseil de sécurité pour une résolution autorisant l’usage de la force sous le chapitre 7 de la Charte des Nations unies, au cas où les solutions politiques par le dialogue que nous privilégions en ce moment viendraient malheureusement à échouer, a-t-il noté.
Pour Cheaka Aboudou Touré, chaque jour qui passe sans dissuasion significative, accroît les capacités de nuisance des groupes criminels et terroristes et augmente ainsi leurs chances de s’incruster davantage et de manière durable dans le tissu social des populations envahies. 
D’où, a-t-il insisté, l’urgence de développer une stratégie concertée régionale, avec l’appui multiforme de la communauté internationale, pour l’éradication, sous le leadership des forces armées de défense et de sécurité maliennes, des réseaux mafieux de narcotrafiquants et de djihadistes incompatibles avec la promotion des valeurs humaines de paix, de justice sociale et de démocratie éclairée.
Il a préconisé dans ce sens, le renforcement à court terme des capacités organisationnelles et opérationnelles des forces de défense et de sécurité maliennes pour le rétablissement de l’intégrité territoriale du pays.
Au total, nous devrons aller vite, mais en tenant compte des conditions objectives de réussite pour permettre au Mali de retrouver sa place dans le concert des nations démocratiques et prospères, a conclu Cheaka Aboudou Touré.
Le ministre malien de la Défense et des Anciens combattants, le colonel-major Yamoussa Camara a insisté de son côté sur le caractère inévitable de l’emploi de la force en disant que "la guerre est inévitable. Mais dans tous les cas, comme on le dit, toutes les guerres se terminent toujours autour d’une table de négociation. Le Mali est dans cette logique- là. On est prêt à négocier, mais négocier avec qui ?".
M. Camara a laissé entendre que son pays est "prêt à négocier avec les groupes armés qui sont maliens, mais qui n’auront pas posé d’exactions inadmissibles à l’encontre des populations et qui acceptent l’unité nationale et l’intégrité territoriale et surtout qu’ils acceptent le caractère laïc et la forme républicaine de l’ Etat". 
Il a conclu que "une fois que ces fondamentaux sont acceptés, on est prêt à négocier avec tous les autres groupes armés".
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté le 12 octobre une résolution préparant le déploiement d’une force ouest-africaine de quelque 3000 hommes au Mali et donnant jusqu’au 26 novembre à la Cédéao pour préciser ses plans. (Agences).


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés