Pressé de toutes parts pour engager les hostilités en vue de la récupération par la force des régions du nord aux mains des groupes armés, le chef du gouvernement malien, Cheikh Modibo Diarra, semble plutôt privilégier la prudence et la discrétion, tout en refusant de céder à la précipitation et...
...à la colère des va-t’en guerre. En juin dernier, le premier ministre avait déclaré qu’il voulait user de la force pour mettre fin définitivement à la guerre dans les régions nord du Mali, une fois les conditions optimales réunies, car, est-il implicitement signifié, un nouvel échec de l’armée malienne n’est plus permis au risque de placer tout le pays sous la coupe des groupes islamistes radicaux. En d’autres termes, si l’armée malienne est lancée dans une opération de reconquête dans son état actuel de démoralisation, sans préparation physique ni morale et sans équipement adéquat, il faut s’attendre à une débâcle générale, plus grave que celle de ’’Aguel-Hoc’’ et là , rien ne pourra plus arrêter les rebelles et leurs alliés islamistes. C’est d’ailleurs ce qui donnerait un sens à l’attitude mutique du premier ministre qui, selon son entourage, veut mettre d’abord tous les atouts de son côté avant de lancer ses soldats à la reconquête du terrain perdu au Nord du pays, malgré les pressions énormes exercées par le Collectif des ressortissants du Nord et certains acteurs politiques. Des camps d’entraînement ont été ouverts dans le poste avancé de commandement à Mopti et de nouveaux équipements ont été acquis auprès de pays amis, outre le travail énorme qui est en train d’être effectué sur le terrain pour unifier les corps d’armée et préparer moralement les troupes avant d’aller libérer totalement le pays, selon des sources sécuritaires à Bamako. En juillet dernier, le gouvernement malien avait mis en place dans la plus grande discrétion une force spéciale de 1.200 gendarmes et policiers pour assurer la sécurité des personnalités. En application d’une recommandation de l’Accord-Cadre du 6 avril 2012, signé à Ouagadougou sous l’égide de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le gouvernement malien a également mis en place un comité militaire de réforme des forces de défense et de sécurité. Parallèlement à ce travail interne de réforme et de restructuration des forces de défense et de sécurité, la CEDEAO prépare depuis plusieurs mois le déploiement au Mali de quelque 3.300 soldats. Cependant, elle avait précisé attendre une demande formelle de Bamako et un mandat du Conseil de sécurité de l’ONU. En effet, depuis l’occupation des régions du nord par des groupes militaires, la CEDEAO s’est montrée favorable à apporter un soutien considérable au Mali, qui est l’un de ses membres actifs. Sur cette question malienne, les présidents ainsi que les chefs d’états-majors des pays de la CEDEAO se sont réunis à plusieurs reprises pour mettre en place des pistes de sortie de crise. La CEDEAO et l’union africaine ont tenté maintes fois d’obtenir un mandat du conseil de sécurité de l’ONU pour intervenir au Mali. Mais sans rejeter le principe, les Nations-Unies ont dit attendre des précisions sur les missions et les moyens d’un tel déploiement. Un des préalables aussi de cette intervention était la demande formelle de Bamako. Depuis, des équipes techniques et militaires de la CEDEAO, de l’Union Africaine et des Nations-Unies avaient enchainé les rencontres d’évaluation et de planification pour un éventuel déploiement des forces africaines. La partie malienne avait indiqué qu’au moment opportun, elle fera la demande d’envoi des forces de la CEDEAO pour aider à la libération du nord. C’est chose faite depuis le 4 septembre courant, lorsque le président de la république par intérim, Diounconda Traoré a formulé une requête ’’sollicitant l’aide de la CEDEAO dans le cadre du recouvrement des territoires occupés du nord et de la lutte contre le terrorisme’’. A Bamako, les chefs militaires, l’autorité politique, de nombreux dirigeants de partis et d’organisations de la société civile s’accordent pour dire que l’armée malienne doit tenir le rôle de tête de pont dans la reconquête du nord et que la force de la CEDEAO ne doit éventuellement intervenir qu’en appoint.(MAP).
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